998 resultados para littérature québécoise


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Les premières oeuvres de Préfontaine manifestent le désir d'incarner la parole dans la « chair du monde », d'atteindre la genèse rythmique de la matière dans une « anhumanité du verbe ». Si « Pays sans parole » nomme les espaces géographiques d'un peuple brisé par l'aphasie, et marque ainsi un retour à l'homme, son auteur affiche une grande réticence face à sa propre thématique du pays. Entre cette réserve et la désillusion « religieuse », le poète semble pris dans un « non-lieu ». Aussi n'est-ce pas en fonction de son appartenance au discours nationaliste que sera étudié « Pays sans parole », mais en regard de la poétique du premier Préfontaine, celle de l'incarnation. L'analyse de « Sous l'éclair d'homme » permettra d'examiner comment prend forme une écriture de la voix qui structure une expérience du temps, et fera l'hypothèse que cette expérience motive le rêve d'incarner le verbe.

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« Le Survenant » et « Bonheur d'occasion » mettent en place des univers référentiels complètement étrangers : au-delà des seuls décors de l'action, les référents métaphoriques structurent des espaces étanches l'un à l'autre, la ville et la campagne. L'exemple le plus patent en est sans doute cette visite à la campagne effectuée par la famille Lacasse où les scènes rurales sont décrites à travers l'expérience urbaine des personnages. Est-ce à dire que ces deux romans ne participeraient pas vraiment à un même récit commun ou que tout au moins ils relèveraient de paradigmes spatiaux incompatibles ? L'auteure ne le croit pas. Elle propose donc d'examiner de plus près la structuration de l'espace des romans en faisant l'hypothèse que la stabilité — et l'autarcie — des univers référentiels tient au contrepoint du « vaste monde » que chacune des oeuvres élabore à sa façon, Germaine Guèvremont faisant du port de Sorel et des lieux visités par le Survenant un espace infini relié dialectiquement au Chenal du Moine, alors que le Saint-Henri de Gabrielle Roy est tendu vers les vieux pays, là où se dévoile la guerre. Le « vaste monde » pourrait donc être cette médiation par laquelle les deux oeuvres se rejoignent dans une commune structuration de l'espace.

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Les transformations que subit graduellement la page littéraire du Devoir, au début des années 1950, contribuent à réaménager le champ littéraire. Sous la responsabilité de Gilles Marcotte, ces changements s’effectuent en trois temps : d’abord, un espace accru est consacré aux auteurs québécois et à la critique de leurs oeuvres ; ensuite, la littérature se trouve inscrite dans la matérialité de la vie culturelle ; enfin, une prééminence est accordée à la poésie, qui devient le genre littéraire par excellence. Aussi, lorsque sont fondées les Éditions de l’Hexagone la poésie s’installe-t-elle sur la place publique.

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Le roman montréalais actuel configure souvent un espace géographique beaucoup plus vaste que la ville elle-même, celle-ci se situant au croisement de trajectoires qui étendent ses frontières imaginaires aux dimensions du monde. Pensons à « Nikolski » de Nicolas Dickner, par exemple, ou au dernier roman de Monique LaRue, « L’Œil de Marquise ». Mais, tout aussi bien, certains écrivains choisissent, dans un mouvement inverse, de condenser l’espace urbain, saisissant Montréal à travers l’un de ses quartiers. Je me pencherai sur deux oeuvres fort différentes, le roman « 20 h 17 rue Darling » de Bernard Émond, et le recueil de poèmes « L’Œil au calendrier » de Gabriel Landry, afin de comprendre comment l’urbanité montréalaise s’y vit dans les limites d’un quartier, Hochelaga, qui devient ainsi l’incarnation intime de la ville. Je m’intéresserai à la forme qui se trouve donnée au temps, dans cet espace métonymique, et à la manière dont le temps et l’espace se trouvent croisés au fil des déambulations des sujets narrateurs qui font d’Hochelaga le lieu improbable du vivre-ensemble montréalais le plus contemporain.

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La société québécoise a, comme toutes les sociétés, ses crimes et criminels légendaires. Or, si ces faits divers célèbres ont fait l’objet, dans les dernières décennies, de quelques reconstitutions historiographiques, on connaît beaucoup moins, en revanche, le mécanisme de leur légendarisation, le processus historique et culturel par lequel ils passent du « fait divers » au fait mémorable. C’est d’abord ce processus que s’attache à étudier cette thèse de doctorat, qui porte sur quatre crimes célèbres des XVIIIe et XIXe siècles (le meurtre du seigneur de Kamouraska [1839] ainsi que les crimes commis par « la Corriveau » [1763], par le « docteur l’Indienne » [1829] et par les « brigands du Cap-Rouge » [1834-1835]) : pour chacun de ces cas particuliers, l’analyse reconstitue la généalogie des représentations du crime et du criminel de manière à retracer la fabrication et l’évolution d’une mémoire collective. Celles-ci font chaque fois intervenir un système complexe de discours : au croisement entre les textes de presse, les récits issus de la tradition orale et les textes littéraires, l’imaginaire social fabrique, à partir de faits criminels ordinaires, de grandes figures antagoniques, incarnations du mal ou avatars du diable. Ce vaste processus d’antagonisation est en fait largement tributaire d’une époque (le XIXe siècle) où, dans les sociétés occidentales, le « crime » se trouve soudainement placé au cœur de toutes les préoccupations sociales et politiques : l’époque invente un véritable engouement littéraire pour le crime de même que tout un arsenal de savoirs spécialisés, d’idées nouvelles et de technologies destinées à connaître, mesurer et enrayer la criminalité. Dès les premières décennies du XIXe siècle, le phénomène se propage de ce côté-ci de l’Atlantique. Dans la foulée, les grands criminels qui marquent la mémoire collective sont appelés à devenir des ennemis imaginaires particulièrement rassembleurs : figures d’une altérité radicale, ils en viennent à constituer le repoussoir contre lequel, à partir du XIXe siècle, s’est en partie instituée la société québécoise.

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Hors champ (Offscreen) is a collection of short stories and poems that offers rewrites of striking works of contemporary Quebec literature from 1960 to the present. In this collection, the literary legacy is problematized by the bursting of the source of hypotexts. Thus, the rewriting is done by recovering certain formal characteristics of source texts, while putting forward new thematic content. The texts relate to many affiliations, offering not a static and overwhelming posterity, but rather an active heritage, fragmented and drawing from several sources — as Quebec literary heritage does. The stories in the collection do not clearly announce their hypotext but rather begin with an epigraph, as a way to play with the readers’ expectations. The architecture of the collection does not respect the chronological order of hypotexts, and short stories from the same source are not grouped together. Aquin demeure (Aquin remains) compares two contemporary Quebec novels : Ça va aller by Catherine Mavrikakis and Pourquoi Bologne, by Alain Farah. Starting from the observation that the figure of Hubert Aquin exerts a spectral presence on Quebec literature and has bequeathed a problematic and paradoxical legacy to posterity, the project aims to see what readings of this aquinien heritage the works of Mavrikakis and Farah offer. The analysis of Ça va aller begins with a comparative study of the two authorial figures whom are being presented : Hubert Aquin and Robert Laflamme, an avatar of Réjean Ducharme. The study seeks to show how Aquin’s literary legacy is unattainable for the narrator while the analysis of Pourquoi Bologne focuses on the rewrite of Prochain épisode. With Genette’s notions of intertextuality and hypertextuality, the study attempts to determine whether it is possible to consider Pourquoi Bologne a text in the second degree.

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Compte rendu critique des ouvrages « La littérature migrante dans l'espace francophone : Belgique, France, Québec, Suisse » et « Les passages obligés de l'écriture migrante ».

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Publiés à quatre ans d’intervalle, à partir de colloques qui se sont déroulés à deux ans de distance, les deux ouvrages collectifs, Le projet transculturel de « Vice Versa » et La transculture et Vice Versa, reviennent sur l’expérience stimulante et mouvementée des quatorze années d’existence (1983-1997) de l’unique revue transculturelle du Québec afin d’en proposer un bilan critique, voire autocritique, à partir de perspectives complémentaires qui se recoupent autour de voix communes. Mon propos dans cette note critique n’est pas de rendre compte in extenso de la richesse de ces deux bilans qui venaient à point nommé pour marquer et même anticiper la commémoration du dixième anniversaire de la disparition intempestive de la revue, mais d’en faire ressortir les lignes de force et les « lieux » où ces lignes se sont rencontrées. [Introduction]

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Montréal est au coeur de l’oeuvre romanesque de l’écrivaine québécoise Nelly Arcan. Non seulement la métropole fournit-elle le décor à l’intrigue des quatre romans de l’auteure, mais aussi elle s’émancipe progressivement de sa seule fonction de cadre pour constituer, d’un opus à l’autre, un topos à part entière du récit, inséparable du sort des personnages qui y jouent leur destin. Tour à tour sordide et branchée à travers les quartiers de prédilection fréquentés par la romancière, virtuelle et fantastique dans le passage remarqué de l’autofiction à la science-fiction, la ville désirante mise en scène par Nelly Arcan ne livre pas d’emblée tous ses secrets. C’est en interrogeant les arcanes de l’oeuvre, à la lumière de « Montréal interdite » d’Alain Médam et de « Paris insolite » de Jean-Paul Cléber, que la cybermétropole arcanienne révèle sa part insoupçonnée de mystère.

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En raison d’un décloisonnement et d’une diffraction critiques manifestes, il n’est pas aisé de tracer les contours de la recherche québécoise portant sur la littérature française du xxe siècle. Il appert néanmoins que la recherche au Québec présente des lignes de forces, des « tangentes », que peut révéler une étude attentive tant des parcours des chercheurs, des problématiques qui les intéressent et des principaux lieux de collaboration, que des oeuvres et des corpus qui retiennent leur attention. Ainsi, tout en problématisant la pertinence qu’il y a à faire du xxe siècle la mesure d’un découpage disciplinaire, cet article propose un examen à la fois scrupuleux et subjectif de la recherche québécoise afin d’établir quels sont les points de convergence ou de démarcation susceptibles de mieux définir son apport spécifique. L’observation d’une répartition très nette entre la « littérature du xxe siècle » et celle du « contemporain » (allant des années 1980 jusqu’à aujourd’hui) permet par ailleurs de mettre en parallèle « deux » lectures du xxe siècle, mais aussi « deux » littératures relativement distinctes ayant leurs enjeux critiques spécifiques

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Le fait est singulier : riche d’une trentaine de titres, le versant poétique de l’œuvre de Nicole Brossard, auquel ce dossier de Voix et Images est exclusivement consacré, a somme toute été peu étudié. Il n’est — pour le voir — que de le mettre en rapport avec la remarquable fortune critique de l’œuvre romanesque, dans le monde anglo-saxon comme au Québec. La bibliographie consacrée à l’écrivaine, que l’on trouvera en clôture de ce dossier, ne compte ni monographie, ni dossier de revue accordant à la poésie la première place ; ouvrages collectifs, mémoires et thèses universitaires se concentrent aussi presque essentiellement sur l’œuvre romanesque. De ce front uni en faveur du roman se détache, depuis le début des années 1980, un certain nombre d’analyses de la poésie de Brossard qui font toujours autorité, à commencer par les travaux de Louise Dupré et de Pierre Nepveu. Mais si l’œuvre poétique n’a pas encore, dans son ensemble, suffisamment retenu l’attention de la critique, Nicole Brossard n’est pas une inconnue à « Voix et Images ». Un numéro atypique et composite, publié en 1977 par la revue, porte le titre « Nicole Brossard », même si une entrevue avec l’auteure constitue, dans ce numéro sans dossier, la seule pièce touchant de facto le travail d’écriture de Nicole Brossard. Du constat de cette absence est né ce projet de dossier. [Introduction]

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L’attention à la production littéraire des femmes est sûrement l’une des constantes les plus visibles de l’œuvre critique de Pierre Nepveu. Qu’on pense aux préfaces qu’il a signées pour des recueils de Nicole Brossard, France Théoret, Hélène Dorion, à ses lectures de Suzanne Jacob, Élise Turcotte, Marie Uguay, aux nombreux compte rendus qu’il leur consacre dans « La poésie immédiate » mais aussi de celles qu’il appelle « les recluses », Marie de l’Incarnation, Laure Conan, Emily Dickinson. Cette attention n’est cependant précédée d’aucune précaution historique ou salut idéologique, les écrits des femmes sont là d’emblée, porteurs non de leur poids institutionnel grandissant mais d’idées et de formes qui inspirent manifestement la réflexion de l’essayiste, sa pratique de la critique, sa vision de la littérature, du Québec, de l’Amérique. Plus qu’une influence, c’est cette prégnance du féminin que je voudrais donner à lire brièvement à travers quelques exemples tirés de « L’écologie du réel », « Intérieurs du Nouveau monde » et « Lectures des lieux ». [Introduction]

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La fin du XIXe siècle a connu, au Canada comme en Europe, une floraison de revues littéraires, parmi lesquelles « L'Écho des Jeunes », publié à Montréal, se distingue par son éclectisme et sa modernité. Cette revue est la création d'un groupe de jeunes qui, depuis la petite municipalité de Sainte-Cunégonde, noue des rapports étroits avec une partie de l'avant-garde française contemporaine. Elle s'efforcera pendant quelques années d'imposer un ton nouveau, entre décadence et symbolisme, parmi les jeunes poètes canadiens-français, juste avant la création de l'École littéraire de Montréal, dont beaucoup de ses collaborateurs deviendront membres. « L'écho des Jeunes » réussit à donner une expression convaincante de l'esprit fin-de-siècle répandu dans de petits milieux montréalais très originaux, trop négligés par l'histoire littéraire.