The typic in Kant’s critique of practical reason : moral judgment and symbolic representation
Contribuinte(s) |
Piché, Claude |
---|---|
Data(s) |
18/03/2015
31/12/1969
18/03/2015
18/02/2015
01/12/2014
|
Resumo |
Comment pouvons-nous représenter un principe moral universel de manière à le rendre applicable à des cas concrets ? Ce problème revêt une forme aiguë dans la philosophie morale d’Emmanuel Kant (1724-1804), tout particulièrement dans sa théorie du jugement moral, car il soutient que l’on doit appliquer la loi morale « suprasensible » à des actions dans le monde sensible afin de déterminer celles-ci comme moralement bonnes ou mauvaises. Kant aborde ce problème dans un chapitre de la Critique de la raison pratique (1788) intitulé « De la typique de la faculté de juger pratique pure » (KpV 5: 67-71). La première partie de la thèse vise à fournir un commentaire compréhensif et détaillé de ce texte important, mais trop peu étudié. Étant donné que la loi morale, en tant qu’Idée suprasensible de la raison, ne peut pas être appliquée directement à des actions dans l’intuition sensible, Kant a recours à une forme particulière de représentation indirecte et symbolique. Sa solution inédite consiste à fournir la faculté de juger avec un « type [Typus] », ou analogue formel, de la loi morale. Ce type est la loi de la causalité naturelle : en tant que loi, il sert d’étalon formel pour tester l’universalisabilité des maximes ; et, en tant que loi de la nature, il peut aussi s’appliquer à toute action dans l’expérience sensible. Dès lors, le jugement moral s’effectue par le biais d’une expérience de pensée dans laquelle on se demande si l’on peut vouloir que sa maxime devienne une loi universelle d’une nature contrefactuelle dont on ferait soi-même partie. Cette expérience de pensée fonctionne comme une « épreuve [Probe] » de la forme des maximes et, par ce moyen, du statut moral des actions. Kant soutient que tout un chacun, même « l’entendement le plus commun », emploie cette procédure pour l’appréciation morale. De plus, la typique prémunit contre deux menaces à l’éthique rationaliste de Kant, à savoir l’empirisme (c’est-à-dire le conséquentialisme) et le mysticisme. La seconde partie de la thèse se penche sur l’indication de Kant que la typique « ne sert que comme un symbole ». Un bon nombre de commentateurs ont voulu assimiler la typique à la notion d’« hypotypose symbolique » présentée dans le § 59 de la Critique de la faculté de juger (1790). La typique serait un processus de symbolisation esthétique consistant à présenter, de façon indirecte, la représentation abstraite de la loi morale sous la forme d’un symbole concret et intuitif. Dans un premier chapitre, cette interprétation est présentée et soumise à un examen critique qui cherche à montrer qu’elle est erronée et peu judicieuse. Dans le second chapitre, nous poursuivons une voie d’interprétation jusqu’ici ignorée, montrant que la typique a de plus grandes continuités avec la notion d’« anthropomorphisme symbolique », une procédure strictement analogique introduite auparavant dans les Prolégomènes (1783). Nous en concluons, d’une part, que la typique fut un moment décisif dans l’évolution de la théorie kantienne de la représentation symbolique et que, d’autre part, elle marque la réalisation, chez Kant, d’une conception proprement critique de la nature et de la morale comme deux sphères distinctes, dont la médiation s’opère par le biais des concepts de loi et de conformité à la loi (Gesetzmässigkeit). En un mot, la typique s’avère l’instrument par excellence du « rationalisme de la faculté de juger ». How can we represent a universal moral principle in such a way as to render it applicable to concrete cases? This problem takes on an acute form in the moral philosophy of Immanuel Kant (1724-1804), particularly in his theory of moral judgment, since he holds that one must apply the ‘supersensible’ moral law to actions in the sensible world in order to determine them as morally good or evil. Kant deals with this problem in a remarkable chapter of the Critique of Practical Reason (1788) entitled “On the Typic of the Pure Practical Power of Judgment” (KpV 5: 67-71). Part One of the thesis aims to provide a comprehensive, coherent, and detailed commentary of this important yet neglected text. Given that the moral law, as a supersensible Idea of reason, cannot be applied directly to actions in sensible intuition, Kant resorts to a particular form of indirect, symbolic representation. His ingenious solution is to provide the power of judgment with a “type [Typus],” or formal analogue, of the moral law. This type is the law of natural causality: qua law, it serves as a formal standard for assessing the universalizability of maxims; qua law of nature, it can also be applied to any and every action in sensible experience. Moral appraisal is performed by asking oneself if one could voluntarily belong to a counterfactual nature in which one’s maxim were a universal law. This thought experiment functions as a “test [Probe]” of the form of maxims and thereby of the moral status of actions. Kant maintains that everyone, “even the most common understanding,” employs this procedure for moral appraisal. In addition, the typic guards against two threats to Kant’s rationalist ethics, namely empiricism (i.e., consequentialism) and mysticism. Part Two investigates Kant’s comment that the typic “serves only as a symbol.” Many commentators have assimilated the typic to the notion of “symbolic hypotyposis” presented in § 59 of the Critique of the Power of Judgment (1790). They hold that the typic is an aesthetic process of symbolization that indirectly presents the abstract representation of the moral law as a concrete, intuitive symbol. Chapter 1 presents this interpretation, subjects it to a critical examination, and contends that it is both mistaken and misguided. Chapter 2 pursues a hitherto unexplored avenue of interpretation by showing that the typic has much greater continuities with the earlier notion of symbolic anthropomorphism, a strictly analogical procedure, introduced in the Prolegomena (1783). It is concluded that the typic represents a decisive moment in the evolution of Kant’s theory of symbolic representation, and that it also marks the attainment of a properly critical conception of nature and morality as two distinct realms mediated only by the concepts of law and lawfulness (Gesetzmässigkeit). In a word, the typic is the instrument par excellence of “the rationalism of the power of judgment.” |
Identificador | |
Idioma(s) |
en |
Palavras-Chave | #Kant, Emmanuel (1724-1804) #Critique de la raison pratique #Typique #type #jugement moral #loi morale #éthique #symbole #analogie #esthétique #Kant, Immanuel (1724-1804) #Critique of Practical Reason #Typic #type #moral judgment #moral law #ethics #symbol #analogy #aesthetics #Philosophy / Philosophie (UMI : 0422) |
Tipo |
Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |