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Les trajectoires migratoires: entre flux, filières et mythes : le cas des italiens du canton de Vaud
Resumo:
La complexité des parcours migratoires italiens, malgré la vaste littérature existante, n?a été souvent étudiée en profondeur qu'au niveau de la Confédération Helvétique ou bien dans le cadre d'un thème spécifique lié, plus en général, à la présence italienne en Suisse. En ce qui concerne le canton de Vaud, il n'existe pas, à notre connaissance, une étude scientifique spécifique sur la communauté italienne du canton. Il existe, bien sûr, des études concernant des thèmes spécifiques - nous y avons d?ailleurs contribué -, mais en réalité cette communauté reste méconnue dans son ensemble. Si des études scientifiques ou de vulgarisation ont mis en valeur certaines spécificités surtout historiques de cette communauté étrangère du canton de Vaud et de Suisse Romande, la parole n?a pas souvent été offerte à ces mêmes Italiens. C?est en partie dans le dessin de leur donner la parole, pour se raconter et pour raconter leur histoire de l?immigration italienne de l?aprèsguerre dans le canton de Vaud que ce travail a été fait. Il ne s?agit pas de l?objectif originel de cette recherche, surtout centré sur l?individuation des caractéristiques géographiques de la communauté italienne du canton de Vaud et moins axé sur les pratiques et la parole des migrants en question. Ce n?est qu?au fil des rencontres, des discussions, de résultats scientifiques qui sentaient le déjà vu, que le projet de thèse initial a évolué en allant vers les migrants, parfois « au détriment de la science pure » mais toujours en cherchant à rendre à ces Italiens leur statut d?individus à part entière. Il faut dire en outre que les études scientifiques ou les articles de vulgarisation existants n?ont pas souvent pris en considération la dimension spatiale. Cela ne concerne pas que les écrits concernant les Italiens de Suisse romande ou de la Confédération helvétique mais, plus généralement, l'ensemble des pays où la présence d?une population d'origine italienne constitue une part considérable de la présence étrangère ou d'origine étrangère. Ce qui laisse des creux assez importants dans les connaissances - par les acteurs bien sûr - non seulement des parcours migratoires mais aussi dans l?analyse des diverses spatialités qui, sommées, superposées, entrecroisées, juxtaposées, constituent l?une des composantes majeures de tout mouvement migratoire. Le parcours de recherche et quelques résultats Partis de schémas et de connaissances scientifiques « certaines » sur les phénomènes migratoires, nous avons dû nous obliger à revoir nos certitudes et à nous former tout en poursuivant notre chemin de recherche. Les connaissances et les compétences acquises « en route » nous ont bien confirmé que, pour chercher à pénétrer dans l?écheveau des parcours migratoires, il nous fallait abandonner l?idée de pouvoir les mesurer. Si quelques velléités quantitatives nous animaient encore, les acteurs de terrain nous ont bien aidé à les dépasser, à ne pas nous conformer au dictat de vouloir à tout prix mesurer un phénomène aussi opaque que les trajectoires migratoires. Par les reconstructions et les constructions en acte de ces mêmes trajectoires, nos témoins nous ont non seulement informés mais aussi formés à la découverte et à la reconstruction « bribe par bribe » - selon l?expression de Xavier Piolle » (Piolle, 1990, p. 149) - ce cette matière dense que sont les parcours migratoires des Italiens du canton de Vaud et cherchant à définir une grille de lecture de cet objet d?étude opaque et sinueux. Au fur et à mesure que cette grille se construisait, il nous paraissait de plus en plus clair que les Italiens mobilisés dans la recherche étaient en train de nous informer sur l?existence d?un mode de vie centré sur plusieurs références spatiales, sociales et culturelles qui ne pouvait en aucune manière s?apparenter aux modèles de sédentarité et de mobilité « reconnus » par les académiciens et les gens communs. Ce mode de vie centré sur des ancrages, réels ou bien cristallisés dans la mémoire et régulièrement « re-vivifiés », est axé sur une mobilité et un mouvement qui prennent leur source dans des racines « ancestrales » ou actuelles. Dans ce nouveau mode de vie, que devient l?espace ? Il se fait un réseau fondé sur des références spatiales concrètes et quotidiennes et sur des références symboliques qui, malgré les obligations du quotidien et de la vie réelle, ne s?effacent jamais. L?ensemble de ces références sont constitutives de l?espace du migrant et de son mode de vie entre sédentarité et mobilité - anciennes et nouvelles -. Ce mode de vie est fait de ruptures, ces mêmes ruptures qui sont parfois incompréhensibles aux non-migrants, à tous ceux qui ne comprennent pas la « non conformation » du migrant à un modèle sédentaire. Ce modèle, apparemment révolutionnaire, n?est qu?un tout premier exemple, le plus ancien peut-être, des nouveaux modes de vie qui commencent à s?affirmer et à s?ancrer dans nos sociétés actuelles. Le migrant a été et continue d?être une sorte d? « éclaireur » pour ces mêmes sociétés qui, pourtant, n?arrêtent pas de le considérer « Autre » et « hors norme » par rapport au modèle de sédentarité « monolithique » dominant. Le migrant, l? « homme porteur d?un ailleurs » plus ou moins lointain, nous enseigne que de nos jours être pluriel risque bien d?être un atout, que la (re)construction de nos identités nous ouvre au principe de la multiplicité et de l?altérité. Il est bien évident que pour arriver à entrer dans cette matière fluide, multiple et complexe, nous avons dû abandonner les chemins scientifiques habituels et que nous avons dû nous concentrer sur l?émergence de « bribes » plus que sur les données concrètes et mesurables concernant les Italiens du canton de Vaud. D?objet principal de la recherche qu?elle était, la communauté italienne du canton de Vaud s?est transformée en « objet instrumental », c?est-àdire en outil nécessaire à l?émergence et à l?étude des trajectoires migratoires des Italiens vivant dans cette région. Ce choix fait au cours de la recherche risque de ne pas satisfaire tous ceux qui voudraient « en savoir plus » sur la communauté italienne et qui rechercheraient dans ce travail des informations « factuelles » et mesurables. Nous avons été tenté par ce type d?approche, nous avons même cherché à la mettre en pratique : les résultats peu parlants pour nos interrogations sur les trajectoires migratoires nous en ont dissuadé. Cette recherche risque par ailleurs de décevoir également tous ceux qui y rechercheraient des mesures d?application concrètes. L?objectif de la recherche n?était pourtant pas la définition de modes opérationnels pour agir dans le cadre de la communauté italienne mais plutôt la découverte, par le terrain et en partenariat avec les Italiens mobilisés par les enquêtes, des tenants et aboutissants - les plus importants du moins - des trajectoires migratoires. Nous considérons que la compréhension des mécanismes et des spécificités des parcours migratoires, y compris leurs contradictions et parfois leurs anachronismes, est centrale, préalable à toute action éventuellement normative ou correctrice. Il ne nous appartient donc pas de faire des recommandations, de suggérer des décisions : seule l?action informative nous revient et nous appartient. Tel était bien le but de cette recherche. Les nouvelles pistes de recherche Notre action informative consiste dans la diffusion des résultats obtenus ainsi que dans la mise en évidence et la suggestion de nouvelles pistes de recherche et d?enquête, soit réflexives soit applicatives. Il nous paraît évident que se passer d?une réflexion « genrée » des migrations pourrait limiter la découverte des ressources existantes chez les migrants ainsi que rendre partielle la compréhension des problèmes « migratoires » anciens et nouveaux. L?approche genrée, bien que peu pratiquée jusqu?à présent, est une ressource « ancienne » mais longtemps considérée accessoire par les chercheurs tout comme par les édiles. La compréhension des spécificités et des différences dans les besoins et les aspirations des migrants et des migrantes peut conduire à devoir repenser toute action normative et correctrice, toute décision et tout choix qui, sans la prise en compte de cette composante, seraient nécessairement « artificiels » et ne correspondraient pas à la réalité migratoire. Si au début de cette recherche le chemin « genré » nous paraissait difficile à parcourir, dans le cadre des enquêtes sur le terrain en particulier - cette difficulté nous a dissuadé d?en faire l?objet « central » de notre recherche -, aujourd?hui l?acceptation du changement du rôle de la femme migrante - ainsi que les changements de cette même femme, moins passive et bien plus à même d?exprimer ses besoins et ses envies - nous rassure sur les opportunités de recherche futures ainsi que sur la portée des décisions futures concernant les migrants. La piste des jeunes migrants nous paraît aussi centrale et fondamentale dans les réflexions et les applications futures. Les modèles, les modes et les choix d?intervention sur le terrain font encore trop souvent référence à une réalité migratoire qui n?est plus ou bien qui prend encore en considération des références qui ne « font plus sens » pour les jeunes migrants. Les approches intergénérationnelles commencent timidement à se diffuser, tout en gardant une « aura » expérimentale qui risque de retarder la diffusion de ce mode de réflexion et d?action de la part des édiles comme des chercheurs. Il serait pourtant indispensable de ne pas trop prolonger cette expérimentation car la réalité de nos sociétés nous montre bien que la valorisation de quelques-unes des composantes « migratoires » augmente les risques d?affaiblissement des réseaux sociaux existants - les réseaux migratoires dans ce cas spécifique -. La réalité de nos sociétés, et de la société vaudoise dans ce cas particulier, nous donne aussi clairement l?indication d?une nouvelle réalité migratoire dans la communauté italienne : celle des « high skilled ». Composante marginale pendant des décennies, elle a acquis au cours des années ?90 du poids et de la visibilité. Sommes-nous face à une nouvelle « vague » migratoire, italienne dans ce cas spécifique, moins « redoutable » que les précédentes car constituée d?individus à même de s?intégrer plus facilement dans la société locale ? Ou bien sommes-nous face à la « concrétisation » et visibilisation d?un nouveau mode de vie, centré sur la mobilité, sur la « transition mobilitaire » dont nous parle Rémy Knafou ? Il est évident que la matière est encore assez « brute », qu?il nous manque des références spécifiques pour mieux entrer en matière et argumenter. Certains Pays occidentaux ne sont-ils pas en train de se demander comment rechercher et recruter des professionnels « high skilled » ? Cette nouvelle vague migratoire est peut-être composée par des « éclaireurs » qui expérimentent un nouveau mode de vie et de valorisation de leurs compétences professionnelles « au-delà des frontières nationales » et qui s? « alimentent » de mobilités successives. Cet ensemble de pistes, mais il y en a d?autres que nous pourrions cerner en allant plus en profondeur au sein des plus importantes, s?est révélé à nous par la manière de conduire notre recherche. Celle-ci en effet nous a demandé bien des parcours « à rebours », bien des remises en question, bien des périodes de prise de distance en regard d?une matière d?analyse qui, au fil du temps, s?est faite plus dense et plus problématique. Il nous paraît fondamental de rappeler encore une fois que la recherche n?a abouti que grâce au travail conduit sur le terrain par le chercheur, en observateur et en enquêteur d?abord, en acteur et partenaire de terrain par la suite. Cette méthode de recherche, parfois encore plus spiraliforme que les parcours migratoires, nous a permis de nous construire un « savoir être chercheur » et, par conséquent, un « savoir faire la recherche » dans le champ migratoire que nous n?envisagions pas au début de ce travail. L?acquisition de ces savoirs et les choix méthodologiques assumés nous paraissent encore plus indispensables à la fin de cette étude. Il ne s?agit pas de choix « partisans ». Nous avons bien expérimenté et cherché à utiliser les diverses approches possibles. Il s?agit plutôt de choix devenus nécessaires afin de mener la recherche à terme. Après maintes tentatives méthodologiques, nous avons bien compris qu?il existe des objets d?étude qui nécessitent l?adaptation du chercheur à leurs spécificités. Nous sommes convaincu que, voulant dépasser la phase purement « comptable » ou exploratoire d?un objet complexe et problématique comme les trajectoires migratoires, les méthodes d?enquête sur le terrain et avec les acteurs de terrain, restent les seules qui nous aident à pénétrer dans l?objet de recherche lui-même, qui nous soutiennent dans l?exploration sur la durée, qui nous permettent, par l?échange de savoirs différents, de participer à la recherche du « dedans », qui nous incitent à la confrontation de nos savoirs « savants » avec d?autres savoirs encore plus « savants » mais qui ne sont pas au bénéfice de la même légitimité.
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Le sentiment d'efficacité parentale est d'une importance fondamentale pour la mise en place de pratiques parentales adaptées (Williams et al., 1987). Notre étude adopte le point de vue de la mère, et s'intéresse à comprendre comment le sentiment d'efficacité, les pratiques maternelles et la position socioéconomique de la mère influencent le développement de l'enfant. Nous nous basons sur la théorie du sentiment d'efficacité de Bandura (2003), et nous avons utilisé trois instruments : la Liste des tâches parentales (Sanders & Wooley, 2001), l'Echelle des compétences éducatives parentales (Terrisse & Larose, 2001) et le Questionnaire sur les points forts et les points faibles de Goodman (1997). Dans notre étude qui porte sur un échantillon composé de 85 mères (N=85), nous nous sommes intéressés d'une part aux types de liens existant entre le sentiment d'efficacité parentale, les pratiques parentales, les comportements de l'enfant et la position socioéconomique de la mère. D'autre part, nous nous sommes intéressés à comparer les résultats obtenus par les mères jeunes avec ceux obtenus avec des mères plus matures. Les résultats principaux suggèrent que les mères estimant avoir des pratiques libérales perçoivent davantage les troubles de l'hyperactivité chez leur enfant que les mères estimant avoir des pratiques normatives. Par ailleurs, les résultats montrent qu'une relation étroite entre la perception des problèmes de développement chez l'enfant et un sentiment d'efficacité faible chez les mères. Ces résultats soulignent l'importance, afin de prévenir les problèmes de développement chez l'enfant, de la mise en place de la part du parent de pratiques parentales adaptées à l'enfant et de la présence d'un sentiment d'efficacité parentale élevé. De plus, ces deux variables s'avèrent particulièrement importantes lorsque la mère est jeune et confrontée à un contexte socioéconomique difficile, du fait que les pratiques parentales adaptées et le sentiment d'efficacité parentale protègent l'enfant des influences négatives d'un contexte hostile à son développement. Ainsi, nous pouvons conclure en soulignant l'importance, dans les interventions préventives des problèmes développementaux chez les enfants, de se cibler sur le développement du sentiment d'efficacité, sur l'amélioration de la qualité des pratiques parentales, sans oublier la nécessité de soigner la qualité du contexte socioéconomique.
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Introduction: The importance of health promotion and prevention and the potential of general practitioners (GPs) to conduct individual prevention procedures have been demonstrated in several studies. Clinical recommendations for screening and prevention activities, an important condition for success, are published regularly, but their implementation into daily practice does not necessarily follow. Information is lacking about the actual conditions of how prevention is carried out on a daily basis by Swiss GPs, about their perceptions and needs, their attitudes and the present barriers they face. Such information is essential for the development of new tools and programs targeting better implementation of clinical recommendations for prevention in primary care in Switzerland. Objectives: The objectives of the study were to analyze how Swiss GPs perceive their role in prevention by obtaining information regarding the following issues: What do disease prevention and health promotion mean to them? What are the current incentives and barriers they face? What are their ideas and suggestions to deal with these barriers? What are their needs and expectations regarding prevention guidelines and tools? Methods: We conducted a qualitative research project using focus groups to examine the questions mentioned above. A total of 13 focus groups took place including GPs from eight cantons: five groups in German- speaking Switzerland and eight in French- speaking Switzerland. Each group was composed of 4-11 GPs, making in total 102 participants, who were paid expenses to cover their participation. The sessions were audio-recorded and transcribed verbatim. Data analysis: Content analysis of the transcriptions began by classifying the data according to a typology, the first level of which was developed in line with the structure of the interview guide. This typology was extended by successively regrouping similar statements. Synopsis and interpretation was then performed on each category thus obtained. This research report is based on the results from the French-speaking cantons. Results: Physicians perceive a change in their role as a consequence of changes in society and the health system. They emphasize the importance of a personalized and long lasting relationship between the family doctor and his/her patient; a privileged position allowing them to perform individualized prevention activities, considered to be more effective, as they are appropriate to the specific situation and needs of the patient. They point out their need for training and for better information concerning prevention and health promotion interventions, and stress difficulties arising from the lack of a clear political signal conferring them with a mandate for prevention. -- INTRODUCTION L'importance de la prévention et de la promotion de la santé et le potentiel des médecins de famillea à mettre en oeuvre des mesures individuelles de prévention, de dépistage et de conseils, a été démontrée dans plusieurs études. Régulièrement durant les dernières années, de nombreuses associations médicales ont publié des recommandations cliniques concernant les activités de dépistage et de prévention qui sont une condition essentielle pour le succès, mais ne sont pas forcément appliquées de manière systématique dans la pratique médicale quotidienne. Des contraintes spécifiques contribuent à l'écart entre le désir des médecins de pratiquer une médecine préventive et la réalité d'un cabinet médical. Nous n'avons que peu de données sur les conditions actuelles dans lesquelles la prévention et la promotion de la santé sont réalisées par les médecins de famille suisses dans leur travail quotidien. Des informations précises et représentatives sur leurs perceptions et leurs besoins, leurs attitudes et les contraintes auxquelles ils sont confrontés manquent. Or ces données sont essentielles dans le développement de nouveaux outils et programmes visant une meilleure implémentation des recommandations cliniques dans le domaine de la prévention et la promotion de la santé dans la médecine de famille en Suisse. OBJECTIFS Le développement de concepts pour une prévention systématique ainsi que d'outils adéquats, tout comme l'amélioration des conditions qui permettent une implémentation à grande échelle, implique, avant tout, l'analyse de la perception que les médecins de famille suisses ont de leur rôle dans la prévention. Par conséquent, cette étude a eu pour objectif d'obtenir des informations concernant les questions suivantes : ? Que signifient la prévention et la promotion de la santé pour les médecins de famille suisses ? ? Quelles sont leurs incitations et les barrières rencontrées ? ? Quelles sont leurs idées et leurs suggestions pour faire face à ces contraintes ? ? Quels sont leurs besoins et leurs attentes concernant les outils pour la prévention ? METHODES Nous avons mené un projet de recherche qualitative en utilisant la technique des focus groups pour examiner les questions mentionnées ci-dessus. Une telle technique de collecte de données est particulièrement adaptée à un domaine où l'on connaît mal les perceptions des parties prenantes. Nous avons mené 13 focus groups au total, comprenant des médecins issus de huit cantons: cinq groupes ont eu lieu en Suisse alémanique et huit groupes en Suisse romande. Chaque groupe était composé de 4 à 11 médecins de famille, avec au total 102 participants qui ont été défrayés pour leur participation. Les séances ont été audio-enregistrées et transcrites. ANALYSE DES DONNEES L'analyse du contenu des transcriptions a commencé par la classification des données selon une typologie dont le premier niveau a été développé à partir de la structure de la grille d'entretiens. Cette typologie a été affinée et élargie en regroupant successivement des propos similaires. Une synthèse a été effectuée pour chaque catégorie. Ce rapport est basé sur les résultats de l'analyse des données des cantons francophones. RESULTATS Les médecins perçoivent un changement de leur rôle dans une société et dans un système de santé qui évoluent. Ils soulignent l'importance de la relation personnalisée et durable du médecin de famille avec son patient, atout précieux, qui leur permet de réaliser des activités de prévention individualisées et adaptées à la situation et aux besoins du patient, considérées plus efficaces. Afin de surmonter leur doutes et découragement par rapport aux interventions de prévention, ils pointent la nécessité d'une formation aux nouvelles connaissances en prévention et promotion de la santé et d'une meilleure information aux médecins quant à leur efficacité et importance. Ils montrent le besoin d'un signal clair des politiques par rapport à l'attribution de ce mandat aux médecins de famille et de leur reconnaissance en tant qu'acteur de prévention dans le système de santé.
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Contexte et but de l'étude: La relation médecin-patient a subi d'importants changements et l'actuelle émancipation des patients a conduit à un véritable partenariat dans la prise de décisions thérapeutiques. Notre étude a pour but de déterminer les préférences des patients pour différents aspects de la prise de décisions au cours d'un traitement et de ses potentielles complications, de même que la quantité et le type d'information souhaitée avant une intervention chirurgicale digestive. Patients et méthodes : Il s'agit d'une étude prospective non-randomisée basée sur un questionnaire donné lors de la consultation préopératoire à 254 patients consécutifs prévus pour une chirurgie gastro-intestinale élective. Résultats : Pour les potentielles complications chirurgicales et la possibilité d'un séjour aux soins intensifs, 64% des patients souhaitent participer activement aux décisions médicales, et respectivement 89% et 60% des patients aimeraient discuter d'une éventuelle réanimation cardio-pulmonaire et de limitations au traitement. Respectivement 73%, 77% et 47% des patients ont souhaité une information très détaillée, une infoimation pour une possible hospitalisation en soins intensifs ou une éventuelle réanimation cardiaque. Les patients âgés ou avec un niveau de formation bas étaient significativement moins intéressés à une prise de décision partagée (p=0.003 et 0.015) et à une information complète (p=0.03 et 0.05), De plus, l'implication des familles dans les prises de décision n'était favorisée que si le patient est en coma (74%), et significativement moins importante chez les personnes âgées et de sexe masculin (p=0.04 et 0.03 respectivement). Ni le type de chirurgie prévue (majeure ou mineure) ni la sévérité de la pathologie (cancer ou non) ne furent des facteurs statistiquement significatifs pour un désir plus élevé de partager la prise de décision, pour plus d'information ou pour impliquer d'avantage la famille. Conclusions : Notre étude démontre que la majorité des patients chirurgicaux souhaitent recevoir une information préopératoire complète concernant leur maladie et le traitement planifié. Ils considèrent également comme crucial d'être impliqués dans les prises de décisions thérapeutiques pour le traitement et pour les possibles complications. Le rôle de la famille est limité aux situations ou le patient n'est plus en mesure de participer aux décisions.
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Ce rapport de recherche a été commandé par la Commission externe d'évaluation des politiques publiques du Canton de Genève (Suisse) dans le cadre d'une évaluation de la politique de formation de la police dans ce canton. L'étude montre que, d'une manière générale, les policiers/ères récemment assermenté-e-s jugent positivement leur formation, en particulier certains éléments du dispositif pédagogique (durée de la formation, charge de travail, formateurs/trices) et se sentent bien préparé-e-s à gérer les contacts avec leurs différents publics (en particulier les personnes agressives et les victimes de violences domestiques). Néanmoins, la plupart des policiers/ères interrogé-e-s perçoivent le travail effectué au sein des services comme étant éloigné des prescriptions scolaires. Ils estiment que ces dernières ne sont pas celles qui sont appliquées par leurs collègues expérimenté-e-s. Les matières physico-techniques sont, d'une manière générale, considérées comme plus utiles et plus importantes que les matières relationnelles. Dans cet ordre d'idée, un certain nombre de policiers/ères réclament moins de psychologie. Il s'agit cependant de la matière relationnelle à propos de laquelle les jugements sont les plus nuancés, en particulier à propos des savoirs permettant de gérer les personnes présentant des troubles mentaux, d'améliorer la communication et de gérer les conflits (au détriment de ceux visant à l'introspection). Les enseignements de police de proximité ont quant à eux tendance à être associés à une spécialisation propre à la gendarmerie et inutile pour les nouveaux/elles entrant-e-s, en particulier les inspecteurs/trices. L'éthique et les droits de l'Homme concentrent par contre les jugements négatifs : ces cours sont perçus comme diffusant des « bonnes paroles » prêchées par des formateurs/trices extérieurs à la profession (si ce n'est réellement, du moins symboliquement), éloignées de la réalité du métier et échouant à combattre les préjugés, en particulier ceux basés sur l'origine ethnico-nationale. L'étude montre en outre que les compétences relationnelles et les rapports aux différents publics sont centrales dans les appréciations portées sur l'adéquation entre formation et pratique. À ce sujet, ont été repérés néanmoins des points qui posent problèmes (aux yeux des policiers/ères interrogé-e-s ou à nos yeux) : peu de réflexivité en ce qui concerne les risques associés au «délit de faciès», problèmes avec les « maghrébins » et les jeunes en groupe (liés en particulier à la remise en cause de l'autorité policière), imprévisibilité des consommateurs/trices de drogue et vision pessimiste (parfois très peu empathique) de la toxicomanie, sentiment de difficulté et d'inconfort associé aux tâches visant à prendre en charge la souffrance d'autrui, relégation de la plupart des situations de violence domestique au rang de tâches indues, difficultés associées aux contacts avec les personnes atteintes de maladies psychiques graves, et la mention en priorité des cours de TTI pour la gestion des personnes agressives (au détriment des matières relationnelles).
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Identity metamorphoses in a context of mobility This study has its roots in the current upsurge in student mobility and in the scientific debates about the concepts of identity and intercultural communication. Based on a corpus of interviews with French Erasmus students in Finland, the study blends in theories of postmodern identity, intercultural hermeneutics and discourse analysis to examine how the students construct themselves and diverse ‘othernesses’ (included theirs) when they talk about their experiences. The use of the French pronoun on, pronoun switches, and virtual voices (ex: I said to myself...) allowed to pinpoint the students’ unstable identity metamorphoses in their discourses: integration of liquid and solid selves, infidelity in identification with the French but also with Erasmus ‘tribes’, and games of identity. Though the exchange experience appears as interesting for the students, the results show that many and varied misconceptions about identity, culture, intercultural communication, language use, and strangeness lead the students to evaluate their experiences negatively. The implication of the study is that students should be prepared for their time abroad, not so much in terms of ‘grammars of culture’ (e.g. ‘Finns behave in such and such ways’, ‘the French are...’), but through the development of competences to analyse the identity metamorphoses that take place in intercultural encounters and prevent people from meeting each other as diverse individuals. This could make study abroad one of the best training periods for postmodernity and globalization.
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Présentation En accord avec la loi suisse, seul le patient peut décider de la notification, dans son dossier, d'un ordre de «non réanimation » (DNACPR) en cas d'arrêt cardio-respiratoire. L'équipe médicale peut exceptionnellement prendre une telle décision, si elle juge qu'une réanimation n'a aucune chance d'aboutir. Les mécanismes menant à ce processus de décision n'ont pas encore été complètement investigués, en particulier en Suisse. Enjeu Notre étude vise à déterminer la prévalence de l'ordre de «non réanimation» après l'admission, l'auteur de cette décision, ainsi que son association avec certaines caractéristiques propres aux patients : le sexe, l'âge, la situation familiale, la nationalité, la religion, le nombre et le type de comorbidités. Nous cherchons ainsi à mieux définir quels sont les facteurs importants dans ce processus décisionnel complexe où le jugement médical, ainsi que l'information apportée aux patients sont primordiaux. Contexte de recherche Nous avons effectué une étude observationnelle sur une durée de 6 semaines, en analysant les formulaires d'admission de 194 patients hospitalisés dans le service de médecine interne du CHUV, dans les 72 heures après leur admission. Résultats L'étude montre que plus de la moitié des 194 dossiers de patients analysés ont un ordre de « non réanimation » (DNACPR) (53%). 27% de ces décisions ont été prises par les patients eux-mêmes, 12% par leur représentant thérapeutique/famille et 61% par les équipes médicales. Nous trouvons une association statistiquement significative entre l'ordre DNACPR et l'âge, avec un âge moyen de 80.7 +-10.8 ans dans le groupe « non réanimation » versus 67.5 +- 15.1 ans dans le groupe « réanimation », entre l'ordre DNACPR et une pathologie oncologique, quel que soit le stade de cette dernière, ainsi qu'entre l'ordre DNACPR et la religion protestante. Une analyse de sous-groupe montre que l'âge, ainsi que la pathologie oncologique sont statistiquement significatifs lors de l'analyse des décisions prises par les équipes médicales. La religion protestante est, quant à elle, significative lors de l'analyse des décisions prises par le patient ou son représentant. Perspectives Contrairement aux publications passées, cette étude montre une prédominance de l'ordre de «non réanimation » (DNACPR) à l'admission dans un service de médecine interne, principalement sur décision médicale. La plupart des patients ont été jugés incapables de discernement sur la question ou n'ont tout simplement pas été impliqués dans le processus décisionnel. Une réflexion doit avoir lieu afin de prendre des mesures de sensibilisation auprès des équipes médicales et d'approfondir la formation médicale et éthique sur le sujet de la détermination de l'attitude de réanimation. D'autres études qualitatives permettraient de mieux comprendre les motivations ayant mené à ces nombreuses décisions médicales, ainsi que les critères importants pour les patients.
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La prise en charge et le suivi de personnes en situation de handicap mental souffrant de troubles psychiques et se trouvant donc à l'interface des domaines socio:éducatif et psychiatrique, constituent des défis complexes en matière de collaboration interprofessionnelle. Dans le canton de Vaud, les acteurs concernés par ce problème s'efforcent depuis de nombreuses années de créer des réseaux pluridisciplinaires visant un meilleur échange entre professionnels et le développement de compétences et de connaissances permettant d'améliorer le bien:être des bénéficiaires. Ce travail se propose ainsi d'étudier et de questionner ces modalités de travail dans une perspective socioculturelle (Vygotski, 1934/1997), afin d'en comprendre le fonctionnement, d'en éclairer les mécanismes et de fournir des pistes de réflexion aux professionnels. Il repose sur un travail de terrain mené auprès des membres du Dispositif de Collaboration Psychiatrie Handicap Mental (DCPHM) du Département de psychiatrie du CHUV, dont la mission principale est de faciliter la collaboration entre les institutions socio:éducatives et psychiatriques spécialisées dans le suivi des personnes en situation de handicap mental et souffrant de troubles psychiques. Le travail empirique est basé sur une approche qualitative et compréhensive des interactions sociales, et procède par une étude de terrain approfondie. Les données recueillies sont variées : notes de terrain et récolte de documentation, enregistrement de réunions d'équipe au sein du DCPHM et de réunions de réseau, et entretiens de différents types. L'analyse montre que le travail de collaboration qui incombe à l'équipe est constitué d'obstacles qui sont autant d'occasions de développement professionnel et de construction identitaire. Les résultats mettent en lumière des mécanismes discursifs de catégorisation concourant à la fois à la construction des patients comme objets d'activité, et à la construction d'une place qui légitime les interventions de l'équipe dans le paysage socio:éducatif et psychiatrique vaudois et la met au centre de l'arène professionnelle. -- Care and follow:up for people with mental disabilities suffering from psychological disorders : therefore at the interface between the socio:educational and psychiatric fields : represent complex challenges in terms of interprofessional collaboration. In the canton of Vaud, the caregivers involved in this issue have been trying for years to build multidisciplinary networks in order to better exchange between professionals and develop skills and knowledge to improve the recipients' well:being. This work thus proposes to study and question these working methods in a sociocultural perspective (Vygotski, 1934/1997) so as to understand how they operate, highlight inherent mechanisms and provide actionable insights to the professionals. It is based on fieldwork conducted among members of the Dispositif de Collaboration Psychiatrie Handicap Mental (DCPHM), of the Psychiatry Department at the CHUV University Hospital in Lausanne, whose main mission is to facilitate collaboration between the socio:educational and psychiatric institutions specialising in monitoring people presenting with both mental handicap and psychiatric disorder. The empirical work is based on a qualitative and comprehensive approach to social interactions, and conducted based on an in:depth field study. The data collected are varied - field notes and documentation collection, recordings of team meetings within the DCPHM and network meetings, and various types of interviews. The analysis shows that the collaborative work that befalls the team consists of obstacles, all of which provide opportunities for professional development and identity construction. The results highlight discursive strategies of categorisation which contribute both to the construction of the patients as objects of activity and to building a position that legitimates the team's interventions in the socio: educational and psychiatric landscape of canton Vaud and puts it in the centre of the professional arena.
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Deux tiers des spécialistes en médecine interne et des médecins généralistes suisses interrogés ont indiqué, dans une enquête, qu'ils ont déjà renoncé, pour des questions de coûts, à appliquer des mesures diagnostiques ou thérapeutiques peut-être bénéfiques. Un nouveau rapport, rédigé sur mandat de l'Académie Suisse des Sciences Médicales, présente les faits et revendique une discussion ouverte. Les auteurs du rapport demandent que soient fixés des objectifs en matière de santé et que les éventuelles décisions de rationner soient, en outre, prises en fonction de critères transparents et appuyés de manière démocratique. [ASSM]
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Selon le modèle de demandes-contrôle (Karasek, 1979), les conditions de travail les plus néfastes sont caractérisées par des exigences mentales élevées et par une latitude décisionnelle faible. Peu d'études se sont penchées sur le rôle des ressources individuelles en lien avec ce modèle. Pour cette raison, notre étude examine les effets médiateurs des traits de la personnalité et des valeurs culturelles sur la relation entre les conditions psychosociales du travail et le bien-être. En comparant deux échantillons de travailleurs, en Suisse (n = 585) et en Afrique du Sud (n = 818), nos résultats indiquent que les mêmes ressources et vulnérabilités individuelles n'interagissent pas de la même manière avec l'environnement de travail pour les travailleurs suisse que ceux d'Afrique du Sud. Ces résultats peuvent contribuer à l'amélioration des compétences culturelles dans les organisations où la gestion de la diversité culturelle des travailleurs devient une réalité complexe.
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Les pistolets à impulsion électrique (PIE) sont de plus en plus fréquemment utilisés en Europe ces dernières années, le modèle le plus connu étant le Taser®. Les connaissances scientifiques concernant les PIE et leurs effets potentiels restent toutefois limitées. Nous avons conduit une revue de littérature afin d'évaluer les implications potentielles de leur utilisation en termes de sécurité, de morbidité et de mortalité. Une exposition unique chez un individu sain peut généralement être considérée comme peu dangereuse. Les sujets à risque de complications sont les individus exposés à de multiples décharges, les personnes sous l'influence de substances psychoactives, ceux qui montrent des signes d'agitation extrême, ou encore les individus présentant des comorbidités médicales. L'éventail des complications pouvant survenir lors de leur exposition est large et inclut les lésions provoquées par les impacts des électrodes, les traumatismes liés à la chute induite par la paralysie transitoire ou des complications cardiovasculaires. Dans ce contexte, les personnes exposées doivent être examinées attentivement, et les éventuelles lésions traumatiques doivent être exclues. The use of electronic control devices (ECD), such as the Taser®, has increased in Europe over the past decade. However, scientific data concerning the potential health impact of ECD usage remains limited. We reviewed the scientific literature in order to evaluate the safety, mortality, and morbidity associated with ECD use. Exposure of a healthy individual to a single ECD electroshock can be considered generally safe. Complications can, however, occur if the patient is subject to multiple electroshocks, if the patient has significant medical comorbidities, or when exposure is associated with drug abuse or agitated delirium. The broad spectrum of potential complications associated with ECD exposure includes direct trauma caused by the ECD electrodes, injuries caused by the transient paralysis-induced fall, and cardiovascular events. An ECD-exposed patient requires careful examination during which traumatic injuries are actively sought out.
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Le cancer du poumon fait partie des cancers les plus fréquents. Diagnostiqué à un stade souvent tardif, il se caractérise par un mauvais pronostic et de lourdes répercussions sur la santé du patient. La phase de traitement initial représente un moment critique où les proches du patient deviennent aidants naturels du patient et endossent de nouvelles responsabilités. Cette situation génère des conséquences en termes de stress chez l'aidant naturel. Le but de cette étude était de décrire l'importance du stress chez l'aidant naturel du patient en traitement initial pour un cancer du poumon. L'approche méthodologique utilisée est de type descriptif transversal. L'échantillon de convenance était composé de 28 aidants naturels et 26 patients en traitement initial pour un cancer du poumon suivis dans un centre d'oncologie ambulatoire universitaire en Suisse. L'importance du stress des aidants naturels a été évaluée à partir de l'instrument Caregiver Reaction Assessment (CRA) de Given et al. (1992) complété d'une question mesurant la perception du manque d'information. Le CRA mesure le ressenti de l'aidant naturel face aux dimensions négatives et positive du stress sur une échelle de type Likert à cinq points. Le modèle des systèmes de Neuman (2002) a servi de cadre théorique à l'étude. Les aidants naturels ont accordé une importance plus élevée (score moyen 4,15) à l'Estime de soi, dimension positive du stress qu'aux dimensions négatives. Parmi celles-ci, la Perturbation des activités représente la dimension qui affecte le plus le quotidien des aidants (score moyen 2,96). Les caractéristiques sociodémographiques de l'aidant et les données médicales du patient, semblent avoir une influence sur l'importance du stress perçu, mais d'autres marqueurs objectifs doivent être identifiés pour affiner l'interprétation de ces relations. Une grande majorité (78%) des aidants ont indiqué qu'ils disposaient d'assez d'information pour soigner, indiquant que l'information est un sujet important dans leur vécu et mérite une évaluation plus poussée en tant que dimension du stress associé au rôle d'aidant naturel. L'infirmière doit viser par ses actions à préserver l'intégrité et la stabilité de la santé de l'aidant naturel comme elle le fait pour les patients. L'investigation systématique du stress représente une intervention prioritaire chez les aidants naturels dans le contexte oncologique. Des interventions personnalisées pourront être ainsi développées, afin de soutenir l'aidant naturel dans ses activités d'aide auprès de son proche tout en préservant sa propre santé.
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Les patients atteints d'un cancer du poumon souffrent de différents troubles physiques et psychosociaux sévères causés par la maladie et son traitement. Ces troubles engendrent plusieurs besoins en soins de support chez les patients. Afin de satisfaire leurs besoins et de leur offrir la meilleure qualité de soins possible, l'identification des besoins en soins de support des patients devient primordiale. But : Le but de l'étude est, dans un premier temps, d'identifier et de décrire les besoins insatisfaits en soins de support pour les patients souffrant d'un cancer du poumon pendant la phase de chimiothérapie dans un Centre Hospitalier Universitaire en Suisse (CHU). Dans un second temps, le but de l'étude est également d'explorer l'éventuelle existence de différences quant au degré d'insatisfaction, tel qu'exprimé par les patients, notamment en fonction de l'âge, du genre et du tabagisme des patients. Cadre théorique : La présente étude se base sur la théorie du déficit d'auto-soin de Dorothea Orem. Méthode : Le travail de recherche s'est basé sur un devis descriptif corrélationnel transversal. L'échantillon, composé de 26 patients atteints d'un cancer du poumon, a été recruté selon la méthode non probabiliste accidentelle dans le service d'oncologie ambulatoire du CHU. Le recueil des données a été effectué à travers deux questionnaires auto-administrés aux patients (Supportive Care Needs Survey Short Form 34 et un questionnaire socio-démographique). Les données médicales ont été recueillies par l'étudiant chercheur à travers la consultation des dossiers médicaux. Résultats : Les résultats montrent que les besoins les plus insatisfaits chez les patients se regroupent surtout autour des besoins liés aux aspects psychologiques et physiques/vie quotidienne. Les patients expriment aussi un degré d'insatisfaction par rapport aux besoins en information ainsi qu'aux soins et au soutien prodigués par les soignants. Les deux besoins le plus fréquemment (65,38 %) exprimés comme insatisfaits par les patients ont été : « être informé de ce que vous pouvez faire vous-même pour aller mieux » et « l'incertitude face à l'avenir ». Les différences des degrés d'insatisfaction, tel qu'exprimés par les patients, en fonction de l'âge, du genre du tabagisme ont permis de poser des hypothèses quant aux relations entre ces variables et le degré d'insatisfaction : les femmes seraient plus insatisfaites de toutes les dimensions liées aux besoins en soins de support ; les patients d'âge égal ou supérieur à 65 ans seraient plus insatisfaits quant aux besoins physiques/vie quotidienne, psychologiques et de soutien; les patients d'âge inférieur à 65 ans seraient plus insatisfaits quant aux besoins liés à la sexualité; les non-fumeurs avant le diagnostic seraient plus insatisfaits quant aux besoins physiques/vie quotidienne, d'information et sexuels ; les patients qui arrêtent de fumer après le diagnostic seraient plus insatisfaits quant aux besoins physique/vie quotidienne, psychologique et de soutien. Conclusion : Cette étude met en évidence le fait que, pendant la phase de chimiothérapie, les patients atteints d'un cancer du poumon expriment de l'insatisfaction par rapport à plusieurs besoins en soins de support. Afin d'améliorer la qualité des soins et de mieux répondre aux besoins des patients, les infirmières et les équipes interdisciplinaires présentes au sein des services d'oncologie du CHU sont appelés à prendre en considération l'insatisfaction exprimée par les patients.
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Problématique : La douleur aux soins intensifs adultes est un problème majeur auquel l'équipe soignante est confrontée quotidiennement. Elle nécessite un traitement adéquat et, pour ce faire, une évaluation systématique et précise est requise. Les patients hospitalisés aux soins intensifs sont vulnérables de par leurs pathologies et les multiples stimulations douloureuses auxquelles ils sont exposés. L'évaluation de la douleur est rendue complexe par le fait qu'ils ne peuvent pas la communiquer verbalement. L'utilisation d'échelles d'évaluation de la douleur est recommandée, mais les scores obtenus doivent être interprétés et contextualisés. Evaluer la douleur chez ce type de patient demande aux infirmières des connaissances et compétences élevées, à même d'être mobilisées lors d'un processus complexe lié au raisonnement clinique. But : l'objectif de cette étude descriptive observationnelle est de décrire les indicateurs influençant le raisonnement clinique de l'infirmière1 experte lors de l'évaluation de la douleur chez les patients ventilés, sédatés et non communicants aux soins intensifs. Les résultats produisent une meilleure compréhension de l'évaluation et de la gestion de la douleur en pratique et, finalement, participent à l'amélioration de la qualité de son évaluation et de sa gestion. Méthode : un échantillon de convenance de sept infirmières expertes travaillant dans une unité de soins intensifs d'un hôpital universitaire de Suisse Romande a été constitué pour cette étude. Les données ont été récoltées en situation réelle lors de l'évaluation de la douleur de sept patients en utilisant la méthode du think aloud, par une observation non participative et par un entretien semistructuré. Les données ont été analysées en utilisant une méthode d'analyse de contenu déductive sur la base d'un modèle de raisonnement clinique, comprenant les suivantes: le contexte, la situation du patient, la génération d'hypothèses, les actions infirmières et l'évaluation de l'action. Résultats : la moyenne d'expérience des infirmières participantes est de 15 ans (ÉT 4.5) en soins et de 7.85 ans (ÉT 3.1) en soins intensifs. Sept patients étaient ventilés, sédatés et non communicants ayant une moyenne de score APACHE II2 de 19. Les résultats montrent que les infirmières se basent principalement sur des indicateurs physiologiques pour évaluer la douleur. Elles cherchent à prévenir la douleur pour le patient. Elles se réfèrent régulièrement à des situations déjà vécues (pattern). Elles mobilisent leurs connaissances pour pondérer l'agitation liée à la douleur ou à d'autres causes en générant des hypothèses, puis réalisent un test antalgique pour confirmer ou infirmer l'hypothèse retenue. Conclusion : le contexte clinique joue un rôle important dans le raisonnement clinique de l'infirmière et la gestion de la douleur. Pour faciliter cette tâche, l'évaluation de la douleur doit être combinée avec l'évaluation de la situation clinique du patient et du niveau de sédation des patients de soins intensifs.