111 resultados para poétique romanesque
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L'époque charnière de la fin du xive siècle, début du xve siècle, voit émerger des voix auctoriales de plus en plus engagées, subjectives et conscientes de leur talent. Cet article tend à montrer en quoi la notion d'ethos issue de la linguistique moderne permet de caractériser l'évolution d'une de ces voix médiévales, celle d'un traducteur du xve siècle, Laurent de Premierfait, au regard de la tradition. L'étude des prologues de ses traductions témoigne d'une forte influence de la situation de communication et de la scène d'énonciation, celle du patronage et de la tradition poétique héritée de la traduction du xive siècle, qui oblige le traducteur à négocier sa propre image dans son texte. Ainsi, l'auteure de cet article propose de caractériser à travers différents indices rhétoriques, poétiques, discursifs, voire extra-discursifs, les deux êthê qui émanent de ces prologues : un ethos de moraliste, conforme aux attentes du public et un ethos d'humaniste, révélant un positionnement singulier et individuel du traducteur dans la communauté des écrivains.
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De 1876 à 1944, des débuts de la Troisième République à sa déportation tragique à Drancy, Max Jacob a été confronté à de nombreux événements historiques nationaux et internationaux : affaire Dreyfus, Grande Guerre, instabilités gouvernementales, crise économique, montée des régimes totalitaires, génocides. Comment s'inscrit-il face à ces événements en tant qu'écrivain d'avant-garde ? Range-t-il l'activité artistique dans une autonomie ? Reste-t-il sur la même position tout au long de son parcours ? Ce volume tente de répondre à ces questions qui sont aussi cruciales que peu évoquées par la critique. S'il est commun de dire que Max Jacob n'est pas un écrivain politiquement « engagé », il reste néanmoins à considérer ses positionnements effectifs dans sa vie comme dans son oeuvre. Ces éléments peuvent être observés à travers des études de sa biographie et de sa pratique épistolaire, mais ce volume accorde également une place importante à sa production poétique.Ces Cahiers présentent les actes de la journée d'étude organisée par l'AMJ le 6 février 2009 à l'université d'Orléans
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Résumé Avant même son premier écrit, le philologue Nietzsche parle de sa philosophie en termes de « platonisme inversé ». Il se présente par là aux antipodes de Platon et de la pensée initiée par ce dernier. Platon lui-même, Nietzsche le lit comme accomplissement d'une longue tradition inspirée par les Muses - en ce sens "musicale", artistique - à dire la phetsis ou vie tragique (qui sont chez lui le même). Selon elle, la vie réside dans le double mouvement d'éclosion productrice à partir des profondeurs cachées et de retour destructeur dans les ressources de celles-ci. Nietzsche y voit l'oeuvre de Dionysos : l'abyssal et surabondant dieu artiste du jeu de la vie et de la mort. Or ne pouvant souffrir cette vie dionysiaque, Platon en serait venu à en imaginer une autre, dénuée d'ombre et de destruction, où tout apparaît en son éclosion suprême : le monde métaphysique, intelligible, des idées morales qui, depuis, guide tout homme occidental qui se respecte. Dionysos est banni de la pensée, contraint de se réfugier dans les profondeurs de la mer. Quelques deux millénaires plus tard, la figure divine ré-émerge chez certains prédécesseurs de Nietzsche, puis se montre au grand jour dans La naissance de la tragédie (1871), le premier livre du philologue-philosophe. Dionysos y apparaît dans une double opposition : ambiguë face à Apollon, le représentant de la belle apparence venant voiler le sombre fond dionysiaque ; et radicale face à Socrate (le maître de Platon) qui, en Apollon outré, initie le tournant philosophico-scientifique et moral hostile à la vie tragique. Puis Dionysos redisparaît durant plus de douze ans de la surface de l'oeuvre de Nietzsche. Or s'il se retire, c'est pour se nettoyer de ses ambiguïtés initiales (liées au dualisme métaphysique) et poursuivre sa lutte contre Socrate à partir des profondeurs, le visage masqué. Lorsque, dès 1883, il fait retour pour devenir la figure centrale des derniers écrits, il se trouve alors confronté à un nouvel adversaire, plus coriace et plus dangereux encore que Socrate : le Crucifié, représentation populaire et absolutisée des idées socratiques. Inspiré, poussé, porté et tourmenté par son dieu, Nietzsche fait dès lors littéralement équipe avec Dionysos pour promouvoir la libération de la vie phusico-tragique en train d'étouffer dans les filets socratico-chrétiens. Cette libération se joue notamment dans la figure d'Ariane : dans les Dithyrambes de Dionysos (1890) - le dernier texte (poétique) de Nietzsche -, elle incarne si bien la phetsis dionysiaque qu'elle provoque in fine l'épiphanie du dieu tragique, amoureux et jubilant de s'y reconnaître comme dans un miroir.
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Le premier volume de cette nouvelle série a pour ambition de faire découvrir au lecteur la littérature hindi, véritable trésor peu connu du public francophone. Ces dix nouvelles inédites ont pour auteurs des écrivains emblématiques des courants de sensibilité qui ont jalonné l'histoire de l'Inde moderne. Elles donnent un aperçu de l'évolution et de la complexité de la littérature hindi. Une introduction substantielle les situe, et situe leurs auteurs, dans l'histoire politique, sociale et culturelle du siècle écoulé, de l'époque coloniale à l'indépendance et aux défis de la modernité. Une plongée dans un univers poétique et humain à la fois exotique et familier. Ce titre ouvre une nouvelle collection consacrée aux littératures du sous-continent indien.
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Abstract:This article illustrates Angela Carter's literary practice through her utilization of "Sleeping Beauty" in the radio play Vampirella and its prose variation The Lady of the House of Love. It argues that she vampirised European culture as she transfused old stories into new bodies to give them new life and bite. Carter's experiments with forms, genres and mediums in her vampire fiction capture the inherent hybridity of the fairy tale as it sheds new light on her main source, Charles Perrault's La Belle au bois dormant, bringing to the fore the horror and terror as well as the textual ambiguities of the French conte that were gradually obscured in favor of the romance element. Carter's vampire stories thus trace the 'dark' underside of the reception of the tale in Gothic fiction and in the subculture of comic books and Hammer films so popular in the 1970s, where the Sleeping Beauty figure is revived as a femme fatale or vamp who takes her fate in her own hands.Résumé:Cet article s'attache à montrer comment l'utilisation de La Belle au bois dormant dans deux histoires de vampire d'Angela Carter, la pièce radiophonique Vampirella et sa réécriture en prose The Lady of the House of Love, illustre la pratique littéraire de l'auteur, qui consiste à vampiriser la culture européenne et à transfuser les vieilles histoires dans de nouvelles formes, genres, et médias afin de leur donner une nouvelle vie. Le traitement du conte de fée permet d'aborder un aspect essentiel de la démarche créative de l'auteur, tout en offrant un éclairage inédit sur le conte de Perrault. En effet, Carter met en évidence les éléments inquiétants et l'atmosphère de menace qui caractérisent la deuxième partie du conte, tout en jouant sur les ambiguités du texte français souvent négligés au profit de la veine romanesque. A cet égard, ses histoires de vampire peuvent se lire comme une réflexion sur la réception 'obscure' du conte de fées dans la culture populaire, qui voit le personnage de la Belle au bois dormant prendre son destin en main et se réinventer en femme fatale ou vamp dans la bande dessinée et les séries B des années 1970.
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Le présent travail rend compte de la double articulation d'analyse pensée par Antoine Berman dans Pour une critique des traductions: John Donne (Gallimard, 1994). La méthode bermanienne s'attache tant à une histoire, événementielle et individuelle, des traductions qu'à une analyse des textes à la lumière de leurs entours (paratextes, projets de traduction, etc.). Dans une première partie, nous tenterons de décrire et de comprendre à l'aide d'un panorama historique l'importation de la poésie de Rilke en traduction française, des premières versions du début du XXe siècle aux dernières traductions des Élégies de Duino (2008, 2010). Reprenant la formule de Berman, nous « irons au traducteur », à sa façon de traduire et à la traduction qu'il livre. Nous nous pencherons ainsi sur l'identité de ces traducteurs (premiers ou bien nouveaux), sur leur statut socioculturel ainsi que sur les circonstances dans lesquelles ils furent amenés à traduire et virent leur travail publié. Il s'agira d'établir de façon synthétique ce que Berman, sous l'influence de H. R. Jauss, dénomme l' « horizon » d'une traduction qui, à une date donnée, prend en compte une pluralité de critères allant de traits propres au traducteur aux codes poétiques en vigueur dans le vaste champ des Lettres et la société. Nous replacerons ainsi la traduction dans le plus large contexte du transfert culturel et de l'importation et examinerons les traducteurs en présence : les universitaires, les poètes, les traducteurs à plein temps et, dans une moindre mesure, les philosophes. De ce panorama historique émergera l'idée d'une concurrence entre les multiples traducteurs de la poésie de Rilke, plus spécialement entre universitaires et poètes. Dans une seconde partie, reflet de l'autre facette de la pensée bermanienne, nous procèderons à la comparaison et à l'évaluation critique de plusieurs versions françaises de la première Élégie de Duino - opus poétique rilkéen le plus retraduit en français. Notre corpus se limitera à cette première Élégie et à une dizaine de versions françaises que nous faisons dialoguer ou s'opposer. Partant de premières considérations sur l'enveloppe prosodique et typographique du poème, qui nous permettent de saisir la diversité des entreprises et de cerner tant des lignes de force communes que la singularité d'expérimentations plus marginales, nous « confronterons » ensemble les quatre premières versions françaises de la première Élégie, accomplies quasi simultanément dans les années 1930 par des traducteurs d'horizons variés (un germaniste, J.F. Angelloz, une artiste-peintre, L. Albert-Lasard, un traducteur de métier, M. Betz, et un poète, A. Guerne). Il s'agira de saisir l'apport de chacune d'entre elles, ainsi que le type de lien qui les unit (ou les oppose). L'étude de la quatrième version, celle d'Armel Guerne, nous mènera presque naturellement vers la question de la perception de l'écart poétique et du caractère extra-ordinaire de l'original. A la lumière de cette problématique cardinale en poésie, nous procèderons à la comparaison de versions issues des cinquante dernières années et, en considérant plusieurs éléments de sens, nous tenterons de voir comment chaque traducteur, qui est aussi et avant tout un lecteur, a perçu et restitué dans son texte français la matière poétique propre de l'original. Au terme de ce parcours contrastif parmi différentes versions de la première Élégie, nous confronterons les résultats de notre analyse textuelle et le constat de concurrence qui se dégageait de la première partie. Il s'agira de voir alors si la pratique traductive, telle qu'elle se manifeste concrètement au niveau du texte, reflète un antagonisme particulier entre Poésie et Université, ou s'il convient au contraire de relativiser, voire démystifier cette dichotomie.
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Issu de la fin du Moyen Âge, le Roman de Perceforest est le plus long texte que le Moyen Âge nous ait laissé. Il entend décrire la vie des ancêtres préchrétiens d'Arthur et de ses chevaliers en les faisant descendre d'Alexandre le Grand. Au fil de son récit, l'auteur met en place une véritable poétique de la reprise, tant externe qu'interne. Il multiplie les références à des textes préexistants issus de différentes matières et va même jusqu'à en intégrer des morceaux entiers. Il reprend par ailleurs des parties de sa propre oeuvre, n'hésitant pas à reproduire des schémas, voire des séquences narratives précises. Cette esthétique répétitive a plusieurs conséquences, tant sur l'appartenance générique du texte, sur sa construction, que sur sa réception par le lecteur. Elle est au coeur de notre étude. Nous nous intéressons plus spécifiquement à un phénomène particulier de reprise qui montre l'intégration d'une séquence préexistante dans un contexte distinct de son apparition d'origine et que nous qualifions d'emprunt. Notre travail s'organise autour d'un examen successif des différents types d'emprunts qui apparaissent au sein du texte, tant intertextuels qu'intratextuels. À terme, c'est la cohérence et l'individualité du Perceforest, ainsi que la conception de l'écriture qui anime son auteur que nous mettons en avant, tout en proposant des jalons pour une théorie générale de l'emprunt. - The Roman de Perceforest, the longest known text from the Middle Ages, aims to describe the life of Arthur's pre-christian ancestors and knights, presenting them as descendants of Alexander the Great. Along the storytelling, a genuine poetics of external and internal repetition takes place: the Perceforest s authors multiply the references to previous texts belonging to several materials, integrating sometimes entire parts of other texts. Furthermore the narrative reproduces its own patterns and particular sequences in different places of the text. Throughout this research, we consider the influence of such repetition aesthetics on the literary genre definition, on its construction as well as on the reader's reception. In this dissertation, we explore a specific category of repetitions where pre-existing sequences are embedded in a narrative context that differs from the original context of occurrence, which we called emprunt (s). Reviewing the species of inter- and intra-textual recurrences occurring within the text, we reveal some overlooked aspects of the consistency, the specificity of the Perceforest and its author's idea of writing, striving to groundwork on general theory of «emprunts» that shall thereby be laid.
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Résumé: L'article porte sur la conception du « dialogue » de Mikhaïl Bakhtine dans laquelle s'articulent deux groupes d'idées : 1) la notion de « dialogue » en tant que forme de l'interaction verbale interindividuelle (l'échange des répliques) et 2) la notion de « dialogisme » comme principe qui prévoit un rapport particulier entre le « Moi » (le « Je ») et l'« Autrui ». Son but consiste à 1) analyser ces notions au sens de Bakhtine, en s'appuyant sur le texte russe des Problèmes de l'oeuvre de Dostoïevski (1929) ; et à 2) montrer leurs sources sociologiques (principalement russes). Il y est également question de la notion de « polyphonie » introduite par Bakhtine pour caractériser la particularité de la construction des romans de Dostoïevski et d'une facette des réflexions bakhtiniennes sur le rôle de la « polyphonie » chez Dostoïevski, contenues dans le texte russe de 1929, abandonnées dans la version de 1963 et, de ce fait, méconnues des chercheurs francophones n'ayant accès qu'à la traduction des Problèmes de la poétique de Dostoïevski (1963). This paper examines the conception of "dialogue" elaborated by Mikhaïl Bakhtin in which are articulated two groups of ideas : 1) the notion of "dialogue" as a form of verbal interindividual interaction (an exchange of speech) and 2) the notion of "dialogism" as a principle which implies a relation between the "Me" (the "I") and the "Other". Its aim is 1) to analyse these notions in the sens of Bakhtin, on the base of russian text of Problems of Dostoyevsky's Art (1929) and 2) to show their sociological (mainly russian) origins. The paper also deals with the notion of "polyphony" introduced by Bakhtin to characterize the particularity of Dostoyevsky's method of constructing novels and with one facet of bakhtinian reflections (expounded in the text of 1929, omitted in the version of 1963, thereby unknown by francophone researchers who have access only to the translation of Problems of Dostoyevsky's Poetics (1963)) on the role of "polyphony" in Dostoyevsky's works.