Laisser s'imposer l'être : appartenance et métaphysique des transcendantaux dans Vérité et méthode de H.-G. Gadamer.


Autoria(s): Scraire, Mathieu
Contribuinte(s)

Grondin, Jean

Data(s)

22/04/2016

31/12/1969

22/04/2016

23/03/2016

01/02/2015

Resumo

L’herméneutique de Gadamer s’inscrit-elle dans la foulée de la critique heideggérienne de la métaphysique ? Devrait-on, par surcroit, la considérer comme une forme de nihilisme, où l’être serait réduit au langage et partant, à la pluralité des interprétations ? La présente étude vise plutôt à montrer, sous la conduite des indications de Gadamer lui-même, qu’il est impératif de reconnaître à son maître-ouvrage une dimension métaphysique certaine et cruciale et dont la portée consiste précisément à s’opposer aux interprétations nihiliste et nominaliste de notre rapport à l’être. Pour ce faire il sera d’abord établi que le concept d’appartenance (Zugehörigkeit) est le maître-concept de Vérité et méthode, comme l’avait vu Ricoeur, puis comment Gadamer rattache explicitement celui-ci à la métaphysique médiévale des transcendantaux, métaphysique qui demeure visible jusque dans les dernières conclusions de l’ouvrage qui traitent de la métaphysique de la lumière (Lichtmetaphysik). Nous verrons que c’est précisément à la lumière de cette proximité constante avec la métaphysique des transcendantaux qu’il faut comprendre la thèse de Gadamer à l’effet que l’être susceptible d’être compris est langage, de manière à y voir une affirmation soutenue de l’intelligibilité de l’être, comme l’avait d’ailleurs saisi Heidegger lui-même. Notre intention est ainsi de rendre perceptibles les sources et le cadre de cette métaphysique des transcendantaux, qui ont été négligés dans la réception de Gadamer. Nous porterons donc notre regard sur les sources médiévales de sa pensée que Gadamer connaît et commente, soit Thomas d’Aquin et Nicolas de Cues, mais aussi sur des auteurs moins connus de la tradition herméneutique, dont Philippe le Chancelier, auteur indispensable lorsqu’il s’agit de traiter de la métaphysique des transcendantaux à laquelle Gadamer se réfère. Cette enquête nous amènera à démontrer comment l’herméneutique de Gadamer s’inscrit dans la conception traditionnelle de la vérité comme adaequatio rei et intellectus, définition dont nous devons surtout à Thomas de l’avoir léguée à la postérité mais qu’ont aussi reprise les modernes, incluant Kant et Heidegger. C’est ainsi une nouvelle lecture du rapport de Gadamer à son maître Heidegger et à sa critique de la métaphysique qui résultera de cette archéologie des sources métaphysiques du concept d’appartenance ; il sera en effet démontré que l’héritage de Gadamer est à comprendre, de son propre aveu, en continuité et non en rupture avec la métaphysique. Enfin, fidèle à l’esprit herméneutique de l’application, nous éprouverons cette compréhension renouvelée du concept d’appartenance à l’aune d’une discussion de nature plus théologique, de manière à jeter un éclairage nouveau sur la fécondité de l’herméneutique gadamérienne dans le contexte de la théologie moderne. C’est ainsi que le concept de foi, compris habituellement dans le cadre imposé par la métaphysique moderne de la subjectivité qui le réduit à une « croyance » ou à un « choix personnel », sera mis à l’épreuve du tournant ontologique pris par l’herméneutique avec Gadamer et qui incite à dépasser la dichotomie entre le sujet et son objet en pensant le sujet à partir de l’être. C’est une compréhension de la foi comme appartenance, au sens précis que Gadamer donne à ce concept, qui sera ici mise au jour.

Does Gadamer’s hermeneutics follow Heidegger’s criticism of metaphysics and the attempt to overcome it ? Should we, furthermore, consider hermeneutics as a form of nihilism which reduces being to language and the plurality of interpretations ? This study will show, following Gadamer’s own indications, that it is imperative to recognize a definitive and crucial influence of metaphysics in his magnum opus, which consists precisely in its opposition to nihilistic and nominalistic interpretations of our relation to being. In order to do that, it will be established, first, that the concept of belongingness (Zugehörigkeit) is Truth and Method’s fundamental concept, as Ricoeur has already suggested, and then how Gadamer explicitly understands it in the light of the medieval metaphysics of the transcendantals, a metaphysics that is still visible in the book’s last conclusions which deal with the metaphysics of light (Lichtmetaphysik). We will see that it is precisely in the light of this constant proximity of the metaphysics of the transcendantals that we must understand Gadamer’s thesis stating that being that can be understood is language, in order to see it as an affirmation of the intelligibility of being, as Heidegger has already perceived. Our intention is thus to unveil the sources and the framework of this metaphysics of the transcendantals, that have not yet received the much needed attention they deserve in Gadamerian studies. We will take a deep look into the medieval sources that Gadamer knows and comments upon, especially Thomas Aquinas and Nicolas of Cusa, but also into lesser known authors such as Philip the Chancellor, who is indispensable in a discussion about the metaphysics of the transcendantals. This inquiry will thus establish that Gadamer’s hermeneutics must be understood as deeply indebted to the classic conception of truth as adaequatio rei et intellectus, a definition that is mostly Thomas’ legacy but that the moderns also adopted, including Kant and Heidegger. One of the main results of this archeology of the metaphysical sources of the concept of belongingness will be a new reading of Gadamer’s relationship to his teacher Heidegger ; it will be shown that Gadamer’s legacy must be understood, following his own affirmations, as standing in the continuity of, and not as a break from metaphysics. Finally, true to the hermeneutic spririt of application, we will bring this renewed understanding of belongingness to bear on a more theological discussion, in order to shed a new light on the benefits that Gadamerian hermeneutics can bring to modern theology. The concept of faith, usually understood in the framework imposed by the metaphysics of subjectivity that reduces it to a « belief » or a « personal choice » will thus be read here in the light of the ontological turn of hermeneutics that wishes to overcome the dichotomy between the subject and its object by starting with being in order to think the subject. It is an understanding of faith as belongingness, in the precise meaning that Gadamer gives to his fundamental concept that will be brought to light here.

Identificador

http://hdl.handle.net/1866/13731

Idioma(s)

fr

Palavras-Chave #Gadamer #Vérité et méthode #Herméneutique #Appartenance #Zugehörigkeit #Métaphysique #Transcendantaux #Thomas d'Aquin #Foi #Truth And Method #Hermeneutics #Belongingness #Metaphysics #Transcendantals #Thomas Aquinas #Nominalism #Theology #Faith #Adaequatio rei et intellectus #Théologie #Philosophy / Philosophie (UMI : 0422)
Tipo

Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation