10 resultados para plénitude


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Ce mémoire engage une réflexion sur la plénitude dans la pensée de Charles Taylor, et plus particulièrement dans son maître ouvrage L’âge séculier. L’idée de plénitude y est intimement liée à celles de modernité, de croyance et d’incroyance. C’est que, pour Taylor, comprendre la modernité implique de saisir le changement qui nous a permis de passer d’un contexte dans lequel il était impensable de ne pas croire en Dieu à un contexte dans lequel la croyance n’est qu’une option. Ce changement tourne essentiellement autour d’une modification de notre représentation de la plénitude. Qu’est-ce que la plénitude pour notre auteur ? Elle est la condition à laquelle tend tout homme et implique une réponse, tacite ou pas, à la question du sens de la vie. Mon principal objectif sera de saisir la nature de la plénitude telle que la conçoit Taylor. Je montrerai que la double définition de la plénitude dans L’âge séculier génère une certaine tension entre la plénitude conçue comme un événement unique et comme une aspiration constante vers le sens (qui correspond aussi au bien). Je proposerai une résolution de cette tension à travers une compréhension de la plénitude qui vise à en restituer l’unité fondamentale, l’idée étant de saisir la plénitude comme événement unique et comme aspiration constante au sens, non pas séparément, mais dans leur relation. Ce modèle d’interprétation, fourni par l’idée d’éternité, que l’on retrouve aussi dans L’âge séculier, me conduira à établir une coïncidence entre la poursuite de la plénitude et le désir d’éternité. Tous deux ont le même but fondamental : à travers l’inscription de moments qualitativement privilégiés et uniques, constitutifs de la vie, dans la totalité de cette vie, ils visent à en dévoiler le sens et à lui conférer une certaine pérennité. À plus forte raison, ce que j’entends montrer à travers la coïncidence entre plénitude et éternité, c’est que la quête de plénitude n’engage pas nécessairement la perspective religieuse déployée dans L’âge séculier, mais plutôt une forme de transcendance que l’on pourrait qualifier de « temporelle ».

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Reprendre contact avec les réalités de l’âme, rouvrir la source où l’être rejaillit éternellement : tel est l’idéal occulte, inavouable, d’où procède la poétique d’Hubert Aquin. Depuis sa jeunesse, Aquin s’emploie clandestinement à défaire les mailles de la conscience et à rebrousser chemin vers les arrière-plans ténébreux du Moi, vers le Plérôme de la vie nue. Il manœuvre pour se mettre au service de l’intentionnalité impersonnelle inscrite au plus profond de sa psyché, pour devenir l’instrument du vouloir aveugle « qui opère en lui comme une force d’inertie ». Son œuvre ne s’accomplit pas dans le texte, mais à rebours du texte, voire à rebours du langage ; elle se déploie sur le terrain d’une confrontation enivrée avec le Négatif — avec la Parole sacrée issue de l’abîme. En d’autres termes, elle prend la forme d’une Gnose, c’est-à-dire d’un exercice de dé-subjectivation, de destruction de soi, consistant à réaliser la connaissance participative de l’empreinte imaginale scellée derrière les barreaux de la finitude. Essentiellement consacrée à l’analyse de la dimension gnostique de l’œuvre d’Hubert Aquin, cette thèse vise à montrer que la connaissance du hiéroglyphe mystérieux gravé au fond de l’âme n’est pas une sinécure. Il s’agit plutôt d’un opus contra naturam qui comporte bien des risques (en tout premier lieu celui d’une inflation psychique). Pourtant, ce travail est aussi, aux yeux de l’auteur, le seul véritablement digne d’être accompli, celui qui donne à l’homme le moyen de se soustraire à l’engloutissement de la mort et la possibilité de renaître. Comme l’écrit Aquin dans un texte de jeunesse, l’ouverture inconditionnelle au Négatif (la destruction de soi) est « une façon privilégiée d’expérimenter la vie et un préalable à toute entreprise artistique » ; elle correspond à « un mode supérieur de connaissance », à un savoir « impersonnel » qui offre immédiatement le salut.

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Cette recherche a comme objectif l’étude d’un des thèmes clef dans la vaste œuvre du poète et essayiste mexicain Octavio Paz (1914-1998) : les analogies entre l’érotisme, le poème et le sacré comme chemins ou voies d’union et de réconciliation humaine, idée qui est particulièrement renforcée dans son œuvre à partir des voyages et du séjour en Orient –spécialement en Inde– entre 1951 et 1968. Pendant la période nommée « cycle indien » (‘ciclo hindú’), Paz s’est intéressé aux différentes traditions de la pensée orientale, particulièrement le bouddhisme, et surtout son orientation tantrique. Ce mémoire analyse les apports les plus significatifs du bouddhisme à l’œuvre de Paz. À partir de l’étude de concepts comme la vacuité, le silence, l’autre bord (‘otra orilla’), l’union extatique transcendante et la libération, ce mémoire soutient que Paz a approfondi les analogies entre l’érotisme, la poésie et le sacré en ne les concevant pas seulement comme expériences de réconciliation mais en les menant au-delà, au plan transcendental, à partir de l’union extatique dans la vacuité. Même si ce mémoire tient compte d’un grand nombre d’œuvres d’Octavio Paz, qui vont de El arco y la lira (1956) à Vislumbres de la India (1995), une attention particulière est dédiée à deux textes qui sont les plus représentatifs du résultat de sa rencontre avec l’Orient, Ladera este (1969) et El mono gramático (1974), dans lesquels il est possible d’observer les analogies que Paz établit entre l’érotisme, le poème, et le bouddhisme tantrique à partir de l’expérience de l’altérité (‘otredad’), qui propose à l’être humain la recherche de son ‘autre’ pour se réconcilier dans l’unité, et de l’expérience de dissipation dans la vacuité. La conclusion générale de l’étude souligne que l’érotisme, le poème, et le bouddhisme tantrique se proposent dans l’œuvre de Octavio Paz comme trois chemins parallèles de révélation par lesquels l’être humain peut accéder à sa plénitude, état manifeste dans l’expérience extatique.

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Cette thèse analyse l’articulation de l’expérience de la perte d’expérience à laquelle donnent lieu les dictatures et les post-dictatures au Chili et en Argentine dans Lumpérica (1983) de Diamela Eltit, Los planetas (1999) de Sergio Chejfec, et Los rubios (2003) d’Albertina Carri. Les dernières dictatures militaires dans le Cône sud latino-américain imposent ou préparent le terrain pour l’implantation d’un nouvel ordre néolibéral qui s’intensifie sous les régimes démocratiques postérieurs. Au cours de cette transition, le terrorisme d’État au moyen duquel les gouvernements militaires visent à éliminer toute forme de résistance à la reconfiguration de la société nécessaire à la mise en place de politiques néolibérales, donne lieu à une expérience inédite, difficile à communiquer. De plus, autant les dictatures que les démocraties post-dictatoriales mettent en oeuvre des mécanismes d’oubli du passé, soit par la répression, le consensus politique ou les moyens de communication de masse. C’est dans ce contexte que l’expérience disparaît. Le questionnement sur l’expérience de la perte d’expérience est basé principalement sur deux axes théoriques: le concept de transition de l’État au Marché dans le Cône sud latino-américain développé par des intellectuels tels que Willy Thayer, Idelber Avelar ou Brett Levinson, parmi d’autres, ainsi que sur les réflexions sur l’expérience dictatoriale de Sergio Rojas et sur la crise de l’expérience dans la modernité de Walter Benjamin. Le premier chapitre, dédié à Lumpérica, interprète le rituel nocturne où la protagoniste, une femme appelée L. Iluminada, séduit le protagoniste masculin du roman, un panneau électrique appelé “el luminoso” qui projette des messages publicitaires au milieu d’une place publique de Santiago, pour que celui-ci la blesse et marque sa peau, comme la mise en scène d’un “désir photographique” de garder une empreinte de la transition que d’autres moyens de communication tendent à effacer. Le deuxième chapitre traite de la figuration de l’excès dans Los planetas et analyse comment l’écriture, la photographie et l’espace urbain, en assumant une fonction de suppléments de la voix et de la présence de M, séquestré et disparu pendant la dictature argentine, rendent compte de l’expérience de la perte de l’expérience d’une plénitude. Après avoir exposé le rôle des jouets dans la polémique générée par Los rubios, le troisième chapitre analyse comment le film de Carri sur la mémoire de ses parents disparus transmet l’expérience des générations post-dictatoriales et fait face à l’héritage du passé par le jeu.

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Dans ses Confessions, long discours qu’il adresse directement à Dieu, Augustin explique comment l’homme, inquiet de s’être détourné de Dieu par insouciance, aspire intérieurement à retourner à son créateur, et à vivre l’expérience de plénitude associée à ce retour. Mais cette quête est d’abord celle d’Augustin lui-même qui, au IV e siècle, se rappelant les étapes de sa propre conversion au christianisme, évoque deux expériences d’extase qu’il a faites de Dieu, pendant lesquelles il entre en relation directe et charnelle avec la réalité divine. Mais comment de telles expériences mystiques peuvent-elles avoir un caractère aussi sensuel, alors que, selon Augustin, l’ascension vers Dieu suppose justement de l’homme qu’il réussisse à élever son esprit au-delà des tentations charnelles ? Le présent article vise à comprendre un peu mieux ce paradoxe.

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L’objectif de la présente étude sera d’apprécier la pertinence actuelle de la notion de mystique, à la lecture de l’analyse récente du phénomène religieux que propose L’Âge séculier de Charles Taylor. Pour ce faire, il conviendra dans un premier temps d’examiner la notion de plénitude que l’auteur met de l’avant, à la lumière tant de ses affinités que de ses points de rupture avec celle de mystique. Dans un second temps, nous présenterons le récit du processus de sécularisation que l’ouvrage élabore pour constater qu’en définitive, le phénomène de la croyance gagne à être appréhendé en regard de sa dimension insaisissable, ce que favorise grandement la compréhension du religieux en termes mystiques.

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Vladimir S. Soloviev (1853-1900) était un philosophe russe, poète et dissident de la période prérévolutionnaire. Comme celle de beaucoup de ses contemporains prérévolutionnaires russes, la pensée de Soloviev fut constamment sollicitée par la réfection imminente de l’État russe dans un futur très proche. Dans le contexte de cette époque, un examen des fondements théoriques du système juridique était peut-être inévitable. Néanmoins, dans la pensée russe, c’est seulement avec Soloviev que le droit cessa d’être un sujet spécialisé dans le domaine de l’administration, ne concernant guère les grands enjeux de société, et devint intimement lié au développement même de la philosophie morale et sociale. Au sein du projet philosophique systématique que propose Soloviev, le concept de l’unitotalité est envahissant, en termes épistémologique et social. Une pierre d’assise également fondamentale est le concept philosophico-religieux de la divino-humanité, à travers lequel la source de la dignité humaine est ultimement exprimée. La philosophie juridique de Soloviev, contenue pour l’essentiel dans un traité intitulé La Justification du bien : essai de philosophie morale (1897), a pour principal objet l’interaction entre le droit et la morale. Alors que l’objet et la portée du droit peuvent être directement déduits de principes moraux, le droit ne peut pas coïncider exactement avec la morale, compte tenu de son caractère plus limité, fini et coercitif. Pour Soloviev, le droit doit imposer un niveau minimum du bien en fournissant les conditions de base (par ex. la primauté du droit, le droit à une existence digne, la liberté de conscience) pour le libre développement des facultés humaines sans transposer directement en lui la plénitude complète du bien. La principale motivation de Soloviev réside dans la prémisse théologique sous-jacente que le bien ne peut jamais être complètement subsumé sauf par un acte conscient de liberté personnelle. En tandem, Soloviev souligne le rôle progressiste de l’État pour favoriser le libre perfectionnement humain. En tant que tel, Soloviev nous fournit certaines voies innovatrices dans le façonnement de la relation tant théorique que pratique entre le droit et la religion. À l’encontre d’un compromis entre objets, c’est-à-dire un arrangement de type interculturel situé entre fragmentation culturelle (multiculturalisme idéologique) et assimilation antireligieuse (laïcité militante), l’analyse de Soloviev présente la nécessité d’une conciliation temporelle, dans une perspective historique beaucoup plus large, où la laïcité est considérée non pas comme une finalité ontologique en soi, figée dans le temps, mais comme un moyen au service d’une destinée humaine en cours d’actualisation. Le cadre philosophico-juridique de Soloviev peut être utilement mis en dialogue avec des auteurs contemporains comme Stephen L. Carter, Charles Taylor, John Witte Jr, Ronald Dworkin et Jürgen Habermas. La contribution potentielle de Soloviev sur la place de la religion dans la société russe contemporaine est également mentionnée, avec un accent particulier sur le réexamen critique de l’héritage durable de la notion byzantine de la symphonie entre l’Église et l’État. Enfin, une théorie du fédéralisme inspirée par Soloviev est développée en appliquant, sur une base comparative, des avancées théoriques dans le domaine de l’histoire juridique global à l’évolution constitutionnelle du Canada et d’Israël.

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Depuis plus d’un siècle, les organisations dominent par d’imposantes structures hiérarchiques et bureaucratiques. Cependant, face aux pressions externes et à l’environnement de plus en plus complexe, certaines adoptent peu à peu des pratiques plus flexibles afin de s’adapter à ce contexte. Un modèle organisationnel se démarque particulièrement en modifiant complètement son design et sa culture. Développée par Frédéric Laloux, l’organisation Opale se base sur trois principes : l’autogouvernance, la plénitude ainsi que la raison d’être évolutive. Le modèle Opale intègre un nouveau paradigme organisationnel axé sur une vision du monde véritablement intégrée, systémique et cohésive. Face à ce renouveau, cette étude vise à comprendre l’influence de ce modèle vis-à-vis de l’intégration du développement durable. Ainsi, cet essai a permis de déterminer si les principes de durabilité sont appliqués à l’intérieur de ce modèle. En complément, l’application des principes a aussi été évaluée auprès de deux cas au Québec similaires au modèle Opale. Pour ce faire, un outil d’analyse qualitative a été développé avec l’aide de deux cadres en développement durable reconnus et largement appliqués en organisations, soit le Framework for Strategic Sustainable Development et le référentiel québécois BNQ 21000. La grille d’analyse inclut des critères à l’intérieur de quatre sphères du développement durable : gouvernance, sociale, environnementale et économique. Deux analyses distinctes ont donc été réalisées : la première porte sur le modèle Opale et l’autre traite des deux cas d’organisation comparables au modèle Opale. Suite aux évaluations, les constats sont sensiblement les mêmes. Les résultats démontrent que l’intégration se manifeste davantage dans les sphères de gouvernance et sociale, mais nettement moins à l’intérieur de celles économique et environnementale. En effet, la sphère sociale reçoit un résultat parfait et la sphère de gouvernance se démarque principalement auprès des critères d’influence et de transparence. Étant donné que l’organisation Opale est au service d’une raison d’être évolutive, la dimension économique reçoit une attention différente. En effet, chez les organisations Opales, l’économie n’est jamais une finalité en soi, mais un moyen pour réaliser leur mission. Sur le plan environnemental, on remarque que seules les initiatives qui émergent des individus permettent l’intégration de cette sphère dans les cas où celle-ci ne fait pas formellement partie de l’énoncé de mission. Enfin, suite aux résultats, des pistes de réflexion additionnelles seraient intéressantes à poursuivre. D’abord, il s’avèrerait pertinent d’explorer davantage la gouvernance interne dans l’intégration du développement durable, car son influence semble être éminente. De plus, il apparait pertinent de cibler des méthodes permettant l’intégration de façon soutenue de la sphère environnementale. D’autres discussions traitent de l’impact d’une centralisation autour de la raison d’être, des démarches permettant d’intégrer le développement durable et leur potentiel, l’ampleur d’une transition d’un modèle traditionnel à un modèle autogéré ainsi que la possibilité de combiner ces modèles.

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Le parcours professionnel de la travailleuse et du travailleur du marché du travail postindustriel se caractérise par de l’instabilité et une intensification des emplois occupés. La notion traditionnelle de la carrière comme entité continue et prévisible est révolue. Les valeurs de compétitivité et de rationalisation des coûts empreignent les environnements de travail. L’effet de ces nouvelles réalités sur la travailleuse et le travailleur réside dans le fait que ceux-ci risquent d’éprouver une perte de sens relativement à leur carrière. Perte de sens, d’abord, à l’égard de l’incohérence des différents emplois occupés à travers le temps et ensuite, perte de sens à l’égard de la dégradation des conditions de travail. Par conséquent, le parcours professionnel de la travailleuse et du travailleur d’aujourd’hui risque d’être sujet à une quête de sens double : 1) la recherche d’un fil conducteur, ou d’une cohérence, reliant ses expériences d’emploi passées, présente et anticipées; 2) la recherche d’un but, ou d’une finalité, susceptible de favoriser l’émergence d’un sentiment de plénitude existentielle et pouvant stimuler l’engagement de la personne. La conseillère ou le conseiller d’orientation qui accompagne la personne dans sa quête de sens professionnelle, peut s’appuyer sur la notion de l’identité narrative. L’identité narrative est le récit de vie que se raconte la personne afin d’intégrer un passé reconstruit, la perception du présent et l’avenir anticipé et qui lui permet de donner cohérence, but et sens à sa vie. L’entrevue de l’histoire de vie permet la construction de l’identité narrative. Elle consiste à demander à la personne de considérer sa vie comme un livre avec un titre, des chapitres et des résumés de l’intrigue. Toutefois, cette méthode a été utilisée en contexte de recherche en psychologie, mais non pas en tant que processus de counseling, et encore moins en counseling de carrière. Cet essai explore la possibilité d’adapter l’entrevue de l’histoire de vie à la pratique du counseling de carrière. Pour ce faire, la méthode de recherche spéculative (une analyse inférentielle de type extension externe) est appliquée. L’entrevue de l’histoire de vie est comparée à une démarche de counseling de carrière, celle de Bilan de compétences. Les rapports de similitude et de divergence sont dégagés entre les 2 domaines. Les éléments spécifiques à Bilan de compétences sont identifiés, puis intégrés dans l’entrevue de l’histoire de vie. Un tel transfert d’éléments implique nécessairement des modifications notables au modèle originel; il en résulte la proposition d’une démarche de counseling de carrière axée sur l’identité narrative, qui est décrite dans ses grandes lignes. En permettant à la personne de conceptualiser son parcours professionnel et personnel comme un récit avec une intrigue, il est argumenté que la démarche de counseling de carrière axée sur l’identité narrative pourrait aider la personne à trouver un fil conducteur à son parcours professionnel et à en déterminer une suite qui favorise son engagement. La pratique du counseling de carrière qui en résulte serait davantage exercée en termes de sens qu’en termes d’appariement personne-environnement. Enfin, comme la présente recherche a été réalisée à partir d’une méthode spéculative, il serait intéressant, lors d’une prochaine recherche, d’appliquer concrètement la démarche de counseling de carrière axée sur l’identité narrative à des processus d’orientation. D’une perspective théorique, il serait intéressant de poursuivre la réflexion amorcée ici en comparant le construit d’identité narrative à celui d’archétype, d’étudier leurs similitudes et leurs différences et enfin de spéculer sur les effets du construit d’archétype dans les décisions professionnelles et le comportement au travail de la personne.

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Vladimir S. Soloviev (1853-1900) était un philosophe russe, poète et dissident de la période prérévolutionnaire. Comme celle de beaucoup de ses contemporains prérévolutionnaires russes, la pensée de Soloviev fut constamment sollicitée par la réfection imminente de l’État russe dans un futur très proche. Dans le contexte de cette époque, un examen des fondements théoriques du système juridique était peut-être inévitable. Néanmoins, dans la pensée russe, c’est seulement avec Soloviev que le droit cessa d’être un sujet spécialisé dans le domaine de l’administration, ne concernant guère les grands enjeux de société, et devint intimement lié au développement même de la philosophie morale et sociale. Au sein du projet philosophique systématique que propose Soloviev, le concept de l’unitotalité est envahissant, en termes épistémologique et social. Une pierre d’assise également fondamentale est le concept philosophico-religieux de la divino-humanité, à travers lequel la source de la dignité humaine est ultimement exprimée. La philosophie juridique de Soloviev, contenue pour l’essentiel dans un traité intitulé La Justification du bien : essai de philosophie morale (1897), a pour principal objet l’interaction entre le droit et la morale. Alors que l’objet et la portée du droit peuvent être directement déduits de principes moraux, le droit ne peut pas coïncider exactement avec la morale, compte tenu de son caractère plus limité, fini et coercitif. Pour Soloviev, le droit doit imposer un niveau minimum du bien en fournissant les conditions de base (par ex. la primauté du droit, le droit à une existence digne, la liberté de conscience) pour le libre développement des facultés humaines sans transposer directement en lui la plénitude complète du bien. La principale motivation de Soloviev réside dans la prémisse théologique sous-jacente que le bien ne peut jamais être complètement subsumé sauf par un acte conscient de liberté personnelle. En tandem, Soloviev souligne le rôle progressiste de l’État pour favoriser le libre perfectionnement humain. En tant que tel, Soloviev nous fournit certaines voies innovatrices dans le façonnement de la relation tant théorique que pratique entre le droit et la religion. À l’encontre d’un compromis entre objets, c’est-à-dire un arrangement de type interculturel situé entre fragmentation culturelle (multiculturalisme idéologique) et assimilation antireligieuse (laïcité militante), l’analyse de Soloviev présente la nécessité d’une conciliation temporelle, dans une perspective historique beaucoup plus large, où la laïcité est considérée non pas comme une finalité ontologique en soi, figée dans le temps, mais comme un moyen au service d’une destinée humaine en cours d’actualisation. Le cadre philosophico-juridique de Soloviev peut être utilement mis en dialogue avec des auteurs contemporains comme Stephen L. Carter, Charles Taylor, John Witte Jr, Ronald Dworkin et Jürgen Habermas. La contribution potentielle de Soloviev sur la place de la religion dans la société russe contemporaine est également mentionnée, avec un accent particulier sur le réexamen critique de l’héritage durable de la notion byzantine de la symphonie entre l’Église et l’État. Enfin, une théorie du fédéralisme inspirée par Soloviev est développée en appliquant, sur une base comparative, des avancées théoriques dans le domaine de l’histoire juridique global à l’évolution constitutionnelle du Canada et d’Israël.