270 resultados para rhétorique présidentielle
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« Reconnaissons-le comme un fait, soulignait François Hollande lors du lancement des commémorations du centenaire en novembre 2013, lorsque la mobilisation générale fut proclamée, il n'y eut plus qu'un seul pays, une seule Nation, une seule armée ». A l'heure où les commémorations officielles du premier conflit mondial battent leur plein, il est plus que jamais impossible de s'abstraire du rapport dialectique qui s'instaure entre « usages publics et politiques de l'histoire » et construction de l'histoire savante. Aujourd'hui, le monde ouvrier, les vaincus, semblent ainsi être invoqués pour souligner substantiellement leur « adhésion » substantielle à « leur » nation en guerre. Les mondes et les mouvements ouvriers, dans toute leur complexité sociale et politique s'estompent de la recherche historique comme ont disparu ou presque les questions liées aux rapports de force sociopolitiques. Cette contribution se propose de revenir sur l'un des noeuds historiographiques concernant les socialismes en guerre, soit celui de leur « entrée » dans le conflit. Il s'agit de comprendre comment « la guerre fait irruption » dans les débats du socialisme international, en envisageant les divers positionnements par rapport au "choix" de l'intervention, notamment la question du "revirement" d'une social-démocratie hostile à la guerre qui entre néanmoins en guerre en usant parfois d'une rhétorique patriotique voire nationaliste. Pour ce faire, deux cas d'études ont été choisis partant de deux réalités sociopolitiques différentes qui, chacune à leur manière, offrent une palette des manières qu'a eues la socialdémocratie de se positionner face à la guerre. D'un côté, l'« exception » italienne, de l'autre le « revirement » patriotique français. En point de mire : comprendre si et dans quelle mesure la guerre constitue un tournant, une rupture dans l'histoire des sociétés considérées, et quelles en sont les limites.
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Qui est Luc ? Qui est cet auteur que, par convention, nous appelons Luc ? Il ne dit presque rien de lui. Conformément à la tradition biblique, il s'efface derrière la parole qu'il déploie et ne livre pas son nom. À deux reprises, pourtant, il laisse affleurer son je, dans le prologue à son oeuvre où il expose le motif qui le pousse à écrire (Luc 1, 1-4). Ces quelques versets, d'une langue châtiée, au style élégant, signalent un auteur de grande culture; son éducation, à mon avis, a dû comprendre aussi bien la rhétorique grecque que l'exégèse juive.
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Cette thèse de doctorat propose une analyse comparative détaillée du phénomène de l'enchâssement narratif dans deux textes antiques du IIe s. apr. J.-C. : Leucippé et Clitophon d'Achille Tatius, écrit en grec ancien, et les Métamorphoses d'Apulée, en latin. Ces deux oeuvres sont rattachées par la critique moderne à un genre désigné comme le roman antique.Si le corpus est abordé de façon minutieuse, ce travail n'a pas la forme du commentaire philologique traditionnel, mais d'une nouvelle forme de commentaire, inspirée du Narratological Commentary de VOdyssée par Irene de Jong. L'analyse est sous-tendue par divers mouvements de synthèse et de comparaison ; cela est fait en recourant à diverses méthodes provenant de différents domaines de recherche : philologie grecque et latine, rhétorique antique, narratologie moderne et comparaison différentielle, telle que proposée par Ute Heidmann, qui défend une approche des textes non-hiérarchisante, focalisée autant sur les ressemblances que les dissemblances et les différences entre les textes étudiés.A la croisée de ces différents domaines de recherche, la thèse tente d'offrir de nouveaux apports. Sur le plan philologique, cette étude comparative de l'enchâssement dans deux textes antiques porte l'attention sur des voix et des récits qui étaient encore restés « in-ouïs » par la critique ; en ce sens qu'ils n'avaient pas encore été tous étudiés. Appliquant une comparaison non-hiérarchisante et différentielle, cette thèse va à l'encontre de deux opinions communes en philologie classique. Elle nuance l'idée générale d'une séparation étanche entre roman grec et roman latin, ainsi que l'idée reçue selon laquelle le dialogue entre la culture grecque et latine serait unilatéral, allant seulement du grec au latin et non pas aussi vice-versa. En ce qui concerne la critique sur l'enchâssement en philologie classique et plus concrètement dans les travaux sur le roman antique, l'apport de cette thèse peut être résumé par les termes « contextualisant » et « englobant ». Le contexte culturel de la Seconde Sophistique, mouvement fortement marqyé par la performance, l'oralité et la rhétorique, est pris en compte en prenant appui, en particulier, sur les traités d'art oratoire et les exercices de rhétorique. Si l'importance de ces derniers a été récemment reconnue et leur intérêt renouvelé par la critique, un rapprochement explicite avec le phénomène de l'enchâssement n'avait pas encore été effectué. Par ailleurs, l'étude du récit enchâssé dans deux romans antiques est ici, pour la première fois, effectuée dans son intégralité, en vue de mieux comprendre le procédé de l'enchâssement au sein des oeuvres étudiées, mais aussi en tant que phénomène à part entière.Sur le plan narratologique, la prise en considération de tous les récits enchâssés a permis de proposer l'ébauche d'une « grammaire de l'enchâssement narratif », applicable aussi à d'autres textes. Pour ce faire, le dispositif conceptuel proposé, entre autres, par Genette a été étendu et affiné. Les notions de récit et d'histoire ont également été élargies. Considérant l'histoire comme tout contenu comportant des séquences logico-temporelles, la narrativité a été étendue à tout discours portant sur cette histoire, ce qui a permis d'intégrer dans l'étude des rêves, oracles, plans, lamentations aussi bien que des actes comme les menaces, promesses, reproches, et même les énumérations et descriptions.Soulignant le dialogue entre la culture grecque et latine, la comparaison menée dans ce travail peut être qualifiée d'interculturelle et d'interdisciplinaire, en raison de l'intégration dialogique des philologies grecque et latine, de la narratologie et de la rhétorique.
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(Résumé de l'ouvrage) L'antisémistisme, on le sait, tire notamment son origine de l'opprobre jetée sur les juifs par l'Eglise chrétienne au cours de ses 2000 ans d'histoire. Une chose est de reconnaître cette culpabilité, une autre est de chercher ses racines dans les textes du Nouveau Testament. C'est cette entreprise que cet ouvrage collectif effectue. Plusieurs thèses sont développées ici : - le conflit entre juifs et chrétiens est similaire aux dissensions internes au judaisme du premier siècle (F. Siegert); - l'opposition entre Jésus et les pharisiens est un conflit fratricide entre deux mouvements trop proches pour se tolérer (Ch. Tuckett); - la polémique antijuive de I Thessaloniciens 2 - « Ils (les juifs) déplaisent à Dieu et sont ennemis de tous les hommes »- est un procédé plus rhétorique que réellement polémique (E. Stegmann); - l'antijudaisme néotestamentaire le plus virulent apparaît surtout chez les auteurs judéo-chrétiens à l'enseigne d'un conflit de type familial (U. Luz).
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(Résumé de l'ouvrage) L'antisémistisme, on le sait, tire notamment son origine de l'opprobre jetée sur les juifs par l'Eglise chrétienne au cours de ses 2000 ans d'histoire. Une chose est de reconnaître cette culpabilité, une autre est de chercher ses racines dans les textes du Nouveau Testament. C'est cette entreprise que cet ouvrage collectif effectue. Plusieurs thèses sont développées ici : - le conflit entre juifs et chrétiens est similaire aux dissensions internes au judaisme du premier siècle (F. Siegert); - l'opposition entre Jésus et les pharisiens est un conflit fratricide entre deux mouvements trop proches pour se tolérer (Ch. Tuckett); - la polémique antijuive de I Thessaloniciens 2 - « Ils (les juifs) déplaisent à Dieu et sont ennemis de tous les hommes »- est un procédé plus rhétorique que réellement polémique (E. Stegmann); - l'antijudaisme néotestamentaire le plus virulent apparaît surtout chez les auteurs judéo-chrétiens à l'enseigne d'un conflit de type familial (U. Luz).
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L'antisémistisme, on le sait, tire notamment son origine de l'opprobre jetée sur les juifs par l'Eglise chrétienne au cours de ses 2000 ans d'histoire. Une chose est de reconnaître cette culpabilité, une autre est de chercher ses racines dans les textes du Nouveau Testament. C'est cette entreprise que cet ouvrage collectif effectue. Plusieurs thèses sont développées ici : - le conflit entre juifs et chrétiens est similaire aux dissensions internes au judaisme du premier siècle (F. Siegert); - l'opposition entre Jésus et les pharisiens est un conflit fratricide entre deux mouvements trop proches pour se tolérer (Ch. Tuckett); - la polémique antijuive de I Thessaloniciens 2 - « Ils (les juifs) déplaisent à Dieu et sont ennemis de tous les hommes »- est un procédé plus rhétorique que réellement polémique (E. Stegmann); - l'antijudaisme néotestamentaire le plus virulent apparaît surtout chez les auteurs judéo-chrétiens à l'enseigne d'un conflit de type familial (U. Luz).
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(Résumé de l'ouvrage) Deuxième volet de l'oeuvre de Luc, le livre des Actes des Apôtres fait aujourd'hui l'objet de multiples travaux où se croisent enquêtes historiennes, analyses littéraires, questions théologiques. Pour son XXe congrès (Angers, août 2003), l'ACFEB a souhaité participer au débat. Ce volume en rassemble les contributions principales. Odile Flichy commence par dresser un panorama des recherches en cours : renouvellement de l'approche historique, lectures narratives, liens avec le judaïsme. Puis Roselyne Dupont-Roc reprend le problème de la double tradition textuelle du livre. Marie-Françoise Baslez situe le « monde des Actes » dans la littérature et la culture de l'époque. Jean-Pierre Lémonon, relisant Actes 18, 18 - 19, 7, examine les différents courants chrétiens qui marquent Éphèse au Ier siècle. Daniel Marguerat montre comment le récit de Luc dessine Paul comme une « figure identitaire » du christianisme. Michel Quesnel se risque à une analyse rhétorique des discours d'apologie de Paul (Ac 22 et 26). Rémi Gounelle débat des relations entre les foisonnants Actes apocryphes des Apôtres et les Actes des Apôtres canoniques. Enfin deux exemples de réception contemporaine du livre des Actes des Apôtres sont proposés : Laurent Villemin traite de son influence sur l'ecclésiologie du concile Vatican II et Carlos Mesters raconte la lecture qu'en font les « communautés ecclésiales de base » au Brésil. Au terme de ce parcours multiforme, les éditeurs n'ont qu'un souhait : que les lecteurs puissent, comme Théophile, « vérifier la solidité des enseignements [qu'ils ont] reçus » !
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Les 11 et 16 mai 1968, le Premier ministre français Georges Pompidou prononce deux allocutions de crise qui ont échappé à la critique. La présente étude propose de rendre compte de leur dynamique argumentative et rhétorique à partir d'une analyse textuelle des discours politiques. Il s'agit de considérer la manière dont l'orateur construit et articule différents énoncés, les ressources qu'il exploite pour s'inscrire dans son discours et donner une place à ses allocutaires ou encore les différents procédés qui lui permettent de construire et de blâmer le tiers perturbateur pour défendre la cohésion nationale. Plus généralement, l'analyse, qui respecte le caractère séquentiel des deux discours et les considère successivement, rend compte des différentes ressources langagières que Pompidou exploite pour schématiser le monde et inviter ses allocutaires au calme. Cette étude s'adresse à toute personne intéressée par l'argumentation, la rhétorique et l'analyse linguistique du discours politique.
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Les outils de visualisation occupent une place centrale en médecine. Loin d'être de simples accessoires du regard, ils constituent littéralement des objets du savoir médical. Ce constat empirique et cette posture épistémologique ouvrent un vaste terrain d'investigation : les technologies visuelles de la connaissance médicale. On s'attache ici à celles qui ont été développées afin de saisir les mouvements et les transformations des objets en médecine et qui ont permis d'affirmer la place occupée par la temporalité dans son épistémologie. Après une problématisation générale des relations entre cinéma, image animée et médecine, on aborde la contribution de Martin Weiser, médecin qui participa à l'instauration de la cinématographie comme méthode en dressant notamment en 1919 le vaste inventaire de ses usages médicaux. Dans le même esprit, on esquisse ensuite une typologie qui vise à organiser la variété de ces technologies visuelles du mouvement sous l'angle du développement de rhétoriques visuelles médicales spécifiques visant simultanément à décrire et à convaincre grâce à des dispositifs permettant d'animer des traces, de séquencer des transformations ou d'orienter des comportements.
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Cet article se propose d'analyser la nature et les modes de la résistance que rencontrent les productions intellectuelles anglo-américaines, en premier lieu dans le village des irréductibles Gauloises. Il examine comment la distribution d'oppo-sitions dichotomiques (entre essentialisme et constructivisme, antiféminisme et féminisme, sexe et genre) selon l'axe transatlantique permet aux féministes françaises non seulement de déconstruire ce que les Américaines ont appelé French Feminism, mais aussi, surtout, de se définir elles-mêmes contre le premier. La rhétorique binationale permet aussi aux féministes françaises d'anglo-américaniser les questions féministes autour du concept de genre. Reformuler « le problème genre » comme un problème de représentation, devrait permettre de mieux voir comment l'Anglo-American Feminism made in France contient une crise de la représentation parmi les féministes ici et maintenant. [- p. 163-189]
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Plan du travail Nous traiterons de cet aspect historique et contextuel dans la première partie. Les trois premiers chapitres décrivent les fondements antiques et médiévaux de la philosophie naturelle seiziémiste et évoquent l'influence du De animalibus d'Albert le Grand sur les médecins naturalistes. Nous en arriverons alors aux liens qui unissent ces derniers (chapitre IV) et aux conditions matérielles et intellectuelles qui entourent et parfois entravent la parution des ouvrages (chapitre V). Nous nous pencherons ensuite sur l'identité des lecteurs susceptibles d'être intéressés par les traités d'histoire naturelle. Ces lecteurs ont des attentes qui méritent aussi un examen quant à leur origine, car elles conditionnent pour une part variable, mais importante, le contenu des oeuvres (chapitre VI). Confrontés à des critiques, à des obstacles institutionnels parfois séculaires, les médecins naturalistes se défendent pour une part en reprenant les arguments de leurs prédécesseurs médiévaux. Mais nous les verrons mettre en place de nouvelles stratégies, en relation étroite avec le renouveau bien connu de la dialectique et de la rhétorique, qui trouve ses racines en Italie du nord à la fin du XVe siècle. Ce point sera développé dans la seconde partie, qui servira de transition essentielle dans notre exposé. C'est là que nous découvrirons que la rhétorique ne s'impose pas uniquement comme un rituel renouvelé de la dispute médiévale : elle n'entre pas seulement en jeu lorsqu'il s'agit de défendre ses intérêts contre des rivaux ou des adversaires académiques (chapitre VII). Les médecins naturalistes mettent au contraire au point des instruments au service d'un processus heuristique qui s'inspire des nouveaux canons de la rhétorique, dont Rudolph Agricola est un des théoriciens principaux (chapitre VIII). Ces observations nous amèneront à repréciser ce qu'il faut entendre par philosophie naturelle au XVIe siècle, notamment au travers de l'autorité de personnages comme Théodore Gaza (chapitre IX) et à définir les fondements généraux de l'histoire naturelle seiziémiste, en adoptant des points de vue divers : examen des tables des matières d'ouvrages, des réflexions des médecins naturalistes, avec à leur tête Conrad Gesner, ou encore étude de la pénétration de l'histoire naturelle dans quelques récits des voyageurs aux Amériques (chapitre X et XI). Arrivé à ce point de l'exposé, le lecteur aura constaté que la solidité de l'histoire naturelle seiziémiste tient à une stratégie discursive soigneusement élaborée. Le développement détaillé et l'application de ce nouveau processus, qui s'ancre au plus profond du discours descriptif de la nature, seront décrits dans la troisième partie. Nous commencerons par y rappeler quels sont les instruments antiques de la description des particulares, l'accident et la différence, que les médecins naturalistes adaptent à leurs exigences heuristiques (chapitre XII). Nous verrons le rôle de "nota", outil discursif méconnu, qui désigne les éléments décisifs ou arguments par lesquels les médecins naturalistes identifient les espèces décrites par les anciens en les confrontant aux espèces réelles (chapitre XIII). Une fois présenté l'instrument descriptif, se pose la question de son utilisation par les médecins naturalistes et de son évaluation par rapport au fonctionnement de la taxonomie moderne (chapitre XIV). La différence entre les deux regards sur la nature apparaîtra comme fondamentale : les médecins naturalistes assignent à leurs investigations des limites, inhérentes à l'origine sacrée de leur quête, qui relève de la philosophie, elle-même subordonnée à la théologie. Cela se percevra par exemple dans la description des animaux du Nouveau Monde. Les conséquences de cette constatation sont considérables : elles remettent en cause le statut du "savant" du XVIe siècle, qui ne saurait être assimilé à l'observateur extérieur tel que l'érige la science des Lumières. Belon et ses collègues se disent plutôt des "contemplateurs" et des interprètes, ce qui les rapprochent de la figure du poète, avec qui ils entretiennent des rapports ambivalents. C'est la relation même du médecin naturaliste au langage de la nature qui s'en trouve affectée : le savant n'a pas la maîtrise du discours, dans la mesure où les signes qu'il interprète et, dans une certaine mesure, ordonne, du latin : les noms d'espèces, entre autres dans les titres de notices descriptives, pour mieux cerner la relation entre la langue antique et la vernaculaire, ainsi que la notion de langue originelle chez les médecins naturalistes (chapitre XVIII). Les points communs qui émergeront de cette confrontation feront disparaître le clivage anachronique entre langue latine et langue vernaculaire, de même que l'hypothèse de l'insuffisance lexicale de la seconde, dont les médecins naturalistes auraient en vain voulu faire l'instrument de la science moderne (chapitre XIX). Le chapitre XX aura pour but d'établir le lien et l'adéquation entre les caractéristiques du discours descriptif ainsi mises en évidence et les fondements véritables de l'histoire naturelle seiziémiste.
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Peut-on débattre sur cet arrière-plan topique universel que sont les Droits de l'Homme ? Si tout le monde est d'accord avec ces principes, est-il encore possible d'assister à d'irrémédiables coupures argumentatives entre deux camps pratiquant le dialogue de sourds (Angenot 2008) ? L'analyse d'un corpus tout à fait particulier qui représente toute une production textuelle servant aux citoyens suisses pour se forger une opinion avant un référendum tend à montrer que oui. Ce corpus journalistique et politique se fonde sur un cas assez aigu de débat autour de la liberté d'expression. Ces textes commentent un projet émanant de citoyens suisses qui visait à interdire à l'exécutif fédéral de se prononcer sur un sujet de vote pendant la campagne précédant la votation, le but étant de ne pas influencer par leur autorité le choix des citoyens. Restreindre ainsi la liberté d'expression au profit supposé d'une liberté de choix et de discernement conduit à une bataille entre deux camps. La rhétorique éristique qui en résulte confirme l'hypothèse du dialogue de sourds en se fondant sur une stigmatisation du camp adverse, un combat autour de définitions clés et un désaccord sur le relevé des problèmes. Moins que des arguments, les adversaires se renvoient des questions de frontières, de lexique et de légitimité.
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La Conférence inaugurale de Barcelone a marqué, en novembre 1995, le début d'un long processus de rapprochement et de solidarité entre 27 partenaires (35 pays depuis le 1er mai 2004 et 37 à moyen terme). Cette initiative est censée revêtir un caractère permanent et évolutif sous l'angle institutionnel. De par sa dimension stratégique, le Processus de Barcelone, ci-après Processus, constitue l'instrument le plus important et le plus concret pour le dialogue et la coopération entre l'Union européenne (UE), ses Etats membres et les partenaires méditerranéens2. Pour être efficace, et pas uniquement rhétorique ou virtuel, le Partenariat euro-méditerranéen, ci-après Partenariat, doit se bâtir sur des valeurs universelles, capables de garantir un minimum de cohérence et de crédibilité à un projet extrêmement complexe, fragile et, par sa propre nature, constamment menacé de paralysie. En effet, il n'est pas toujours aisé de faire prévaloir des actions à caractère centripète aux tentations et tendances centrifuges qui caractérisent la région. Les changements et les événements exceptionnels survenus récemment, tant dans le domaine international qu'au sein de l'Union, ont rendu nécessaires l'approfondissement et le renforcement institutionnel des relations euro-méditerranéennes. Le Processus est appelé à se consolider d'urgence, pour être compris et accepté par une opinion publique de plus en plus sceptique et déconcertée par l'actualité internationale. La récente création de l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne (APEM) - qui sera dotée de trois commissions permanentes3 - et la constitution prochaine à Alexandrie de la Fondation Euromed pour le dialogue entre les cultures et les civilisations, représentent des réponses logiques et encourageantes à cet état d'esprit plus ou moins généralisé
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Ce travail se situe au carrefour de la rhétorique, des théories de l'argumentation et de la linguistique du discours : il s'intéresse aux modalités diverses selon lesquelles une émotion peut être sémiotisée par un locuteur, et cela dans le cadre spécifique d'un discours de type argumentatif. Le questionnement vise à reprendre à nouveaux frais le concept rhétorique de pathos et porte, de façon générale, sur les rapports complexes qui unissent l'argumentation, d'une part, et l'émotion, d'autre part. L'hypothèse développée a trait à ce que l'on peut appeler l'argumentabilité des émotions. Les locuteurs ne font pas seulement « appel » à l'émotion dans le but d'accroître l'efficacité d'une argumentation visant à établir le bien-fondé d'une opinion ou l'opportunité d'une action : ils peuvent aussi, dans certains cas, chercher à argumenter pour ou contre l'émotion elle-même. Ils s'efforcent alors de formuler les raisons pour lesquelles il convient ou, au contraire, il ne convient pas d'éprouver cette émotion. La construction de l'émotion est dite « argumentative », dans le sens où l'émotion en vient à constituer l'objet même de l'argumentation : l'effort argumentatif des locuteurs porte moins sur des dispositions à croire et à agir que sur des dispositions à ressentir. Parler de l'« argumentabilité » des émotions, c'est insister sur le fait - essentiel, mais rarement relevé - que les émotions donnent elles aussi prise aux opérations argumentatives que l'on recense traditionnellement (mise en doute quant à la légitimité, justification ou, au contraire, tentative de réfutation). Ce travail ne vise pas seulement à apporter une contribution théorique aux études sur l'argumentation : il entend aussi mettre en pratique l'analyse argumentative sur un corpus de textes. Il s'agit des comptes-rendus écrits des principaux débats parlementaires français relatifs à l'abolition de la peine de mort (1791, 1848, 1908 et 1981). Bien qu'il s'échelonne sur une période de près de deux siècles, ce corpus présente une forte cohésion, dans la mesure où les textes qui le composent traitent d'un même thème et appartiennent à un même genre de discours. Cette cohésion est essentielle, dans la mesure où elle autorise une pratique raisonnée de la comparaison en diachronie : l'enjeu est de décrire l'évolution des stratégies argumentatives à travers le temps. Observé sur une longue durée, le pathos que développent les parlementaires favorables ou au contraire hostiles à l'abolition présente des visages multiples. On cherche à décrire aussi rigoureusement que possible la logique qui, lors de chaque débat, préside à la construction d'émotions comme la peur, la pitié, l'indignation ou encore la honte.