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Peut-on être blâmé pour ses croyances ? Bien qu’il s’agisse d’une pratique courante et en apparence légitime, le blâme doxastique entre en conflit avec deux thèses intuitivement plausibles. D’un côté, il semble que nous puissions seulement être blâmés pour ce qui est sous notre contrôle volontaire. Mais de l’autre, il est largement admis que la croyance est un état fondamentalement passif et involontaire (l’involontarisme doxastique). Il s’ensuit que nous ne pouvons jamais être blâmés pour nos croyances. Le présent article examine la réponse que propose Christoph Jäger à cet argument. Sa stratégie consiste à invoquer le rejet, par Harry Frankfurt, du principe des possibilités alternatives contre la thèse voulant que nous puissions seulement être blâmés pour nos croyances si elles sont sous notre contrôle volontaire. J’aimerais montrer que l’argument de Jäger n’est pas concluant et, plus généralement, que la stratégie qu’il adopte aboutit inévitablement à un dilemme.
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Dans le Traité Théologico-politique, Spinoza formule plusieurs critiques à l’endroit de la prophétie hébraïque : celle-ci se serait avouée incapable de formuler clairement les règles morales, pourtant fort simples, nécessaires à l’obéissance et au salut. Ces reproches se doublent par ailleurs d’une relative apologie du christianisme ou plus exactement de son fondateur, Jésus-Christ. Le Christ aurait en effet réussi là où toute la tradition prophétique avait avant lui échoué, c’est-à- dire qu’il a conçu Dieu de manière intellectuelle et, de ce fait, est parvenu à énoncer la loi divine dans un langage simple, intelligible au vulgaire. Dans cet article, nous proposons une comparaison entre le Christ et les prophètes. Il s’agira d’abord de voir en quoi la connaissance christique supplante la connaissance prophétique, pour ensuite tâcher de préciser quelles sont, quant à la personne du Christ, les conséquences exactes de cet ascendant épistémologique.
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Cet article propose une modeste contribution au débat portant sur le rapport entre la tripartition de l’âme et de la cité dans la République de Platon. Dans un premier temps, nous soutenons, sur la base d’une analyse textuelle du livre IV, que la tripartition de l’âme et celle de la cité ne peuvent être pensées indépendamment l’une de l’autre, dans la mesure où elles participent toutes deux d’une dialectique qui s’élève jusqu’à la forme intelligible 1 ( ε ἶ δος ) de la justice. Dans un second temps, nous tâchons, en mobilisant des réflexions de l’interprète Giovanni R. F. Ferrari, de penser effectivement la justice comme synthèse intelligible dans son rapport avec le motif psycho-politique de la République.
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Notre étude a pour objectif de mettre en relief une différence considérable, et trop peu soulignée, qui survient entre l’EN et l’EE au sujet de la critique de l’idée platonicienne du bien. Laissant de côté le problème de la chronologie de l’œuvre d’Aristote, qui peut avoir tendance à rapporter trop rapidement les divergences entre les deux éthiques sur le seul plan d’une hypothétique évolution doctrinale, nous portons notre attention essentiellement sur la situation théorique dans laquelle advient la réfutation de la position platonicienne dans chacune des éthiques. Nous croyons ainsi montrer que l’EE surpasse de loin l’EN en regard de la pertinence philosophique de la critique de Platon, ce qui s’explique, non pas par une variation au sein du contenu de la critique, mais par une différence significative au niveau de l’organisation interne des deux traités.
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Cet article se propose d’examiner la réponse de Wizenmann à l’article de Kant qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ? et de montrer qu’il ne s’agit pas dans le débat Kant-Wizenmann de conflit entre foi et raison, mais de l’origine de la foi. Il s’agit, si l’on devait résumer en une question, de savoir à partir d’où et comment l’homme s’éveille à la foi. Kant défend l’argument selon lequel le principe d’orientation dans la pensée est subjectif et, donc, que c’est par un « besoin de la raison » que nous sommes conduits à la foi. Wizenmann remet en cause cet idéal rationnel en réaffirmant la dépendance du principe subjectif sur un principe objectif. Autrement dit, même si on a besoin de la raison pour s’orienter en ce qui concerne Dieu, c’est moins la raison que la révélation qui nous conduit à la foi.
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The intelligibility of historical justice is linked to matters of agency and causation. This article presents an account of historical justice limited to transgenerational collective agents which is immune to the agency and causation problems affecting traditional theories of diachronic justice. The novel theory is applied to the case of African Americans, to whom no reparations for past wrongs have been made up to now. When conceived as a transgenerational collective agent – i.e. as a nation–, the African Americans are shown to be owed reparations by the American polity. These reparations are deemed necessary to the goal of reconciliation and to the establishment of relations of mutual respect, which are construed as preconditions to effective distributive justice, here and now.
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La pensée de Marx a souvent été présentée comme étant une sortie de la philosophie (Althusser, Labica, Garo). À l’encontre de cette thèse, cet article vise à réhabiliter l’ancrage profondément philosophique de Marx dans la tradition de l’ontologie de l’agir de l’idéalisme allemand. En s’appuyant sur les écrits dits de jeunesse, ce texte vise à tirer au clair le sens de la métaphysique de Marx, c’est-à- dire ce qu’il conçoit comme étant la réalité première. Au travers des débats et critiques de Marx, il nous sera permis d’envisager une autre conception de la pratique philosophique découlant de sa prise de position métaphysique comprise comme une synthèse d’une ontologie de l’agir et d’une ontologie de la relation.
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Dans cet exposé, l’auteur tente de montrer que le sens que le phénoménologue tchèque Jan Patočka (1907-1977) donne primordialement à « l’action » n’est pas un sens politique, mais plutôt un sens phénoménologique et existentiel. Pris sur ce plan d’analyse, le problème de l ’ agir libre doit être posé au départ de la question la plus fondamentale : Comment vivre en vue du sens ? – question qui concerne en premier lieu l’être individuel et non l’agir-ensemble. En analysant le sens que Patočka donne au monde naturel de la vie, au problème du vital, aux termes « possibilité » et « liberté », l’auteur montre que l’action au sens le plus fondamental, que Patočka nomme « action tragique », est ce qui fait de l’existence humaine un mouvement vivant ouvert sur la totalité du monde.
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Le tome 68 de l’Édition intégrale des œuvres de Martin Heidegger, qui met en scène un important épisode de son explication avec Hegel, a relativement peu été commenté jusqu’à ce jour. Cet article se veut une analyse approfondie de la première moitié du texte, intitulée « La négativité ». Heidegger y traque l’origine de la négativité hégélienne et en vient à proposer lui-même un concept de « néant » qu’il juge plus originaire que celui de son prédécesseur.
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En comparant les vues de Xénophon et de Platon sur la question délicate de l’oikos, nous espérons dégager certains éléments fondamentaux quant à leurs conceptions respectives de la nature des femmes et de leur rôle à jouer dans la société. Alors qu’homme et femme se révèlent tous deux indispensables à une bonne gestion de l’oikos chez Xénophon en vertu de leur complémentarité, l’oikos sera aboli dans la cité idéale élaborée par Platon afin de permettre aux meilleurs hommes comme aux meilleures femmes de se consacrer entièrement au gouvernement. Notre analyse aspire ainsi à mettre en lumière la question, encore trop souvent oubliée, du statut des femmes dans la pensée de ces deux auteurs.
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Dans un contexte de crise écologique mondiale, la justice sociale ne peut plus être pensée sans la justice environnementale. L'environnementalisme libertarien pose problème dès l'articulation de ses prémisses, car le droit à l'intégrité de sa personne et de sa propriété semble être incompatible avec un droit minimal de polluer : une seule personne pourrait paralyser l'ensemble de l'activité économique en invoquant son droit à l'intégrité physique. La pollution est pourtant conçue comme un mal nécessaire – ce qui constitue un écart conséquentialiste dans le raisonnement libertarien. Le problème de l'arbitrage entre droits concurrents est contourné par le recours au marché, qui doit permettre de définir un niveau minimal de pollution. Si cela semble fonctionner relativement bien pour la catégorie des biens environnementaux directement utiles, un dilemme se pose dans le cas de la biodiversité, un bien environnemental indirectement utile : soit on assure la protection de l'environnement, soit on respecte l'autonomie des personnes. Il est impossible de parvenir à satisfaire ces deux objectifs fondamentaux en même temps.
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Cet article s’intéresse à la problématique de la tolérance internationale dans la perspective du libéralisme politique. Il sera question d’ancrer notre réflexion dans l’horizon ouvert par John Rawls avec la parution en 1999 de The Law of Peoples. Bien que la contribution de Rawls offre plusieurs outils conceptuels, dont la société des peuples et le droit des peuples, pour penser la tolérance des peuples non libéraux, il faudra critiquer la cohérence et le contenu de sa théorie de la tolérance internationale. Cette double critique nous permettra au final de proposer trois idées de révision de la société des peuples et du droit des peuples, inspirées des travaux de Michel Seymour, qui ne tombent pas dans les mêmes pièges que The Law of Peoples.
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En 1938, Simone Weil a une expérience qu’elle qualifie – dans deux lettres datées de 1942 – de mystique, un contact direct avec Dieu. Notre article vise à montrer que sa philosophie théologique est fortement influencée par cette expérience ; d’abord en ce que c’est elle qui permet à Weil de définir Dieu comme amour et ensuite parce qu’une telle caractérisation de Dieu appelle une attitude bien particulière chez les hommes : la décréation. Notre article propose ensuite d’interroger la relation entre Weil et l’Église. Il s’agit donc ici de mettre en relief sa conception hétérodoxe du Christianisme et l’ascendance de celle-ci sur l’hésitation de Weil à demander le baptême.
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Le paysage philosophique en théorie de l’action contemporaine est largement façonné par l’argument de l’exclusion causale de Kim. Cet argument menace apparemment le physicalisme non réductionniste, posture ontologique qui affirme l’irréductibilité des propriétés mentales aux propriétés physiques. C’est qu’il mène à la conclusion que les propriétés mentales sont soit des propriétés physiques, soit des épiphénomènes, au sens où elles semblent dépourvues de toute efficacité causale. Dans cet article, je vais examiner une tentative récente et prétendument non réductionniste d’éviter les conclusions de l’argument de l’exclusion causale, soit la théorie de la réalisation par sous-ensembles de Shoemaker. Je vais montrer que cette théorie échappe aux critiques de Kim seulement au prix de l’abandon du non-réductionnisme. Je tenterai aussi de prouver que même en s’inspirant des idées de Pereboom sur la réalisation, Shoemaker ne peut échapper au réductionnisme.