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Le Grand-Guignol nâa reçu que peu dâattention critique sérieuse jusquâà la fin des années 1980. Ce petit théâtre a pendant 65 ans, de 1897 à 1962, offert des pièces dâun genre nouveau mêlant terreur, violence et souvent érotisme. Le succès était au rendez-vous et le Théâtre du Grand-Guignol est longtemps resté une attraction incontournable de Paris. Les pièces choisies pour ce mémoire sont issues de ce répertoire et ont cela de particulier quâelles ont été écrites en collaboration entre un écrivain, André de Lorde, et un psychologue, Alfred Binet. Malgré leurs différences, ces pièces ont une constante, un point commun : elles suscitent toutes la peur chez le spectateur. Câest précisément la façon dont Binet et de Lorde établissent cette peur à travers leurs pièces qui sera lâobjet dâétude de ce mémoire. Ce mémoire se limite à lâanalyse de deux Åuvres en particulier : LâObsession, et Une leçon à la Salpêtrière. Appréhender la notion de peur dans une Åuvre théâtrale impose de réfléchir non seulement aux thèmes développés mais également à la construction dramatique du récit et à sa mise en scène. Dans le cas spécifique dâune pièce Grand-Guignol, il y aura une dimension supplémentaire à inclure : ce que lâon peut appeler « lâexpérience Grand-Guignol ». De quelles façons le fait même dâaller voir une pièce dans ce théâtre participait-il à lâanticipation et au sentiment de peur nécessaire à lâefficacité des pièces ?  Après un bref rappel de lâhistoire du Grand-Guignol, les causes externes comme le quartier de Montmartre, mais aussi les habiles coups publicitaires des premiers directeurs artistiques ainsi que la configuration du théâtre lui-même sont étudiées pour montrer comment elles ont largement contribué à créer un véritable mythe autour du Grand-Guignol. Dans la deuxième partie, une analyse spécifique des deux pièces mentionnées précédemment est faite. Les questions suivantes ont été posées : sur quels thèmes pouvaient bien jouer les auteurs pour toucher leur public ? En quoi ces thèmes reflétaient-ils les peurs de lâépoque, câest-à-dire de la « Belle Epoque » ? Dans la dernière partie, une analyse textuelle et scénique a été faite au cours de laquelle il a été tenté de comprendre comment les auteurs provoquent et entretiennent la peur et lâangoisse à travers à la fois la construction dramatique des pièces et leurs jeux de scène.