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em Université de Montréal, Canada


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En sâinscrivant dans la perspective du féminisme intersectionnelle et en mobilisant des méthodes mixtes, cette recherche tente de mieux comprendre la violence domestique envers les femmes au Mexique, à la fois à travers une analyse du discours des féministes mexicaines et dâune analyse statistique multidimensionnelle de données dâenquête identifiant les facteurs institutionnels, économiques et socioculturels associés au risque de vivre de la violence domestique. Cette thèse se démarque des réflexions féministes traditionnelles faites au Mexique puisquâelle approche les rapports de genre en lien avec dâautres systèmes dâoppression et de subordination, fondés notamment sur les rapports de classe et lâethnicité. Ainsi, elle appréhende la violence faite aux femmes en lien avec le patriarcat, sans réduire ce dernier à quelques indicateurs sociodémographiques et comportementaux mesurés au niveau individuel, mais en tenant compte du contexte dâinégalité de genre au niveau régional. Ce faisant, la recherche tente de réconcilier les deux grandes perspectives théoriques qui expliquent la violence conjugale, soit les approches de la violence familiale (qui sâattardent à des facteurs au niveau microsocial) et les approches féministes (qui mettent lâaccent sur la structure patriarcale, câest-à-dire le contexte plus large des inégalités de genre). Les résultats des entretiens réalisés avec des féministes représentant les trois branches du féminisme mexicain (féminisme hégémonique, populaire et autochtone) ont révélé les fractures existantes à lâintérieur du mouvement féministe au Mexique (antagonisme entre lâinstitutionnalisation et lâautonomie du mouvement féministe). De façon générale, lâanalyse des entretiens a montré que lâengagement des féministes envers la cause des femmes est en accord avec les «idéaux types» des trois branches du féminisme mexicain. Les féministes hégémoniques mettent surtout lâaccent sur la structure patriarcale de la société mexicaine et sur les inégalités de genre lorsquâil sâagit de trouver des causes à la violence faite aux femmes. Pour les féministes du secteur populaire, la violence faite aux femmes sâexplique autant par les inégalités de genre, que par les effets du système économique capitaliste. Le discours des femmes autochtones semble, quant à lui, tenir davantage compte de lâarticulation des rapports de genre, des rapports ethniques, ainsi que des rapports socio-économiques. Néanmoins, nous constatons que les féministes de la branche hégémonique et populaire semblent de plus en plus sensibles à lâentrecroisement de systèmes de domination et dâoppression. Par ailleurs, lâanalyse multiniveau effectuée à partir des données de lâEnquête nationale portant sur la dynamique des relations dans les ménages (2006), a révélé plusieurs résultats importants qui méritent dâêtre soulignés. Dâabord on constate que les différences de prévalence des violences entre les municipalités mexicaines sont en grande partie expliquées par leur composition sociale, câest-à-dire par des caractéristiques des femmes et de leur couple (niveau micro), plutôt que par des différences entre le niveau des inégalités de genre dans les municipalités mexicaines mesurées par lâISDH (Indice Sexospécifique du Développement Humain). Les résultats des analyses montrent que les femmes autochtones ont en général des taux de violences moins élevés que les femmes métisses (groupe majoritaire). Enfin, en ce qui a trait à la relation entre le contexte dâinégalité de genre et la violence conjugale, les résultats suggèrent que plus lâISDH dâune municipalité est élevée, plus il y a de femmes qui subissent les formes de violences. Cela va à lâencontre des postulats habituels des théories féministes et suggèrent que les progrès récents de la situation de la femme en matière de santé, dâéducation et de revenu nâont pas bouleversé les rapports de genre encore très patriarcales qui continuent à privilégier la suprématie des hommes (Casique, 2004).