6 resultados para scénographie
em Université de Lausanne, Switzerland
Resumo:
Loin d'être « purement allemands », nombre de contes des Grimm réécrivent les contes français largement diffusés en Allemagne au 18e siècle en les « reconfigurant » selon leurs propres paradigmes esthétiques et idéologiques. L'étude introductive de la comparatiste Ute Heidmann montre que ce dialogisme européen est resté peu exploré en raison d'une « scénographie en trompe-l'oeil » qui les présente comme issus du « terroir » hessois. Toutefois, les notes des Grimm (constituées en volume autonome dès 1822), dont une partie importante est traduite et commentée ici pour la première fois en français par Loreto Núñez, indiquent ces intertextes tout en les faisant passer pour des « correspondances » dues à une origine commune. L'étude de Jean Mainil retrace le dialogue intertextuel de Rapunzel (Raiponce) avec Persinette de La Force et Petrosinella de Basile. Les cinq études suivantes de Cyrille François, Nathalie Prince, Pascale Auraix-Jonchière, Jean-Michel Adam et Marcio Venício Barbosa retracent les dialogues intertextuels que les contes des Grimm, eux-mêmes fondamentalement intertextuels, ont sollicité à leur tour dans des textes du 19e et du 20e siècle. Elles montrent comment Hans-Christian Andersen, Jean Lorrain (dont l'étonnant conte Neigefleur est reproduit à la suite de l'étude de Nathalie Prince), Robert Walser, Henry Pourrat et les écrivains brésiliens Millôr Ferandes, Mario Prata, Chico Buarque et Guimarães Rosa inventent de nouvelles formes et des procédés intertextuels originaux en réponse aux contes des Grimm en créant de nouveaux contes originaux comme l'avaient fait les Grimm eux-mêmes en réponse aux narrateurs français. Dans les Mélanges, Veronica Bonanni prolonge ce dossier par une étude consacrée à la traduction par Collodi de L'Oiseau bleue de Marie-Catherine d'Aulnoy, qui procède également d'un véritable dialogue intertextuel.
Resumo:
Il y a deux cents ans, en 1812, parut le premier volume des Contes pour les enfants et la maison collectés par les Frères Grimm. Un second lui succéda en 1815. Depuis lors, l'ouvrage a constamment été réédité et traduit. Les auteurs eux-mêmes l'ont profondément remanié, l'augmentant d'une édition à l'autre, et finalement, d'un troisième volume contenant des annotations, des « Témoignages » (Zeugnisse) et une section « Littérature » (Literatur). L'intérêt de cet apparat paratextuel pour la recherche sur le conte est inestimable. Le but de cette contribution est de rendre plus accessible une partie de ces paratextes : les « Témoignages » et la section « Littérature ». La première partie de cette étude, consacrée aux « Témoignages », s'intéresse à leur emplacement au sein de l'oeuvre et à leur présentation chronologique. Une attention particulière est prêtée à la sélection des sphères linguistiques et culturelles que les Grimm ont effectuée ainsi qu'au vocabulaire étranger choisi pour définir par équivalence leur concept de Märchen. On analyse aussi les mises en scène narratives que les Grimm ont élaborées, leur maniement des citations et des sources des « Témoignages ». On montre comment ils ont utilisé et fonctionnalisé ces derniers pour légitimer la « scénographie » et le projet des Kinder- und Hausmärchen gesammelt durch die Brüder Grimm. La deuxième partie propose une traduction française inédite du début de la section « Littérature ». Les Grimm y ont traité des recueils de contes italiens (Straparola, Basile), des Gesta Romanorum, et de l'Espagne, ainsi que des auteurs de contes français, dont Perrault et Madame d'Aulnoy. Cette section offre donc un intérêt particulier pour la recherche sur les littératures et cultures européennes.
Resumo:
Ute Heidmann Le dialogisme intertextuel des contes des Grimm Préalables pour une enquête à mener « Le caractère le plus important de l'énoncé, ou en tous les cas le plus ignoré, est son dialogisme, c'est-à-dire sa dimension intertextuelle », constate Todorov en référence à la conception dialogique du langage proposée par Bakthine. Cet article introductif postule que ce constat s'applique aussi aux contes des Grimm. En partant des recherches déjà menées sur Apulée, Straporola, Basile, Perrault, La Fontaine et Lhéritier*, il présente des concepts (réponse intertextuelle, reconfiguration générique et scénographie en trompe-l'oeil) dont il illustre l'efficacité pour l'analyse des Kinder- und Hausmärchen. L'analyse de la préface de 1812 montre que les Grimm créent une scénographie pour légitimer le genre des Kinder- und Hausmärchen en les présentant comme des contes "d'origine" qui auraient "poussé" comme des plantes dans leur région et qu'ils n'auraient fait que "collecter". Cette scénographie en trompe-l'oeil permet de dissimuler le fort impact des contes européens et notamment français sur les Kinder- und Hausmärchen. Leurs commentaires paratextuels permettent en revanche de retracer ces dialogues intertextuels qui ne se limitent pas à imiter les "voix déjà présentes dans le choeur complexe" des narrateurs des contes déjà racontés, mais qui créent des effets de sens nouveaux et significativement différents en guise de réponse aux "histoires ou contes du passé", comme l'avaient déjà fait Charles Perrault avant eux. *(dans Féeries 8 et Textualité et intertextualité des contes, Editions Classiques Garnier 2010) "The most important feature of the utterance, or at least the most neglected, is its dialogism, that is, its intertextual dimension" states Todorov in reference to Bakthin's dialogical conception of human speech. Ute Heidmann's introductory essay argues that this applies also to the Grimm's tales. Extending her former theoretical and intertextual investigation on Apuleius, Straporala, Basile, Perrault, La Fontaine and Lhéritier*, she proposes a series of conceptual options (as intertextual response, scenography, trompe l'oeil, generic reconfiguration, discursive strategy) that can efficiently be used for the work on the Kinder- und Hausmärchen, gesammelt durch die Brüder Grimm. The article shows how the Grimms skilfully construct a highly suggestive scenography and topography for the new generic form thus creating the idea of a genuine tale, having grown naturally in the earth of their own region and how it is efficiently used to dissimulate the strong impact of the European and namely the French fairy tales on the Grimm's tales. The extensive paratextual commentaries are shown to serve the same purpose. Once these strategies are "deconstructed" as such, the way is free to trace the very complex intertextual dialogues with already existing Italian, French, German tales, that underlie the Kinder- und Hausmärchen. Comparative textual analysis can then make us discover, that these dialogues are from just "imitating" "the many other voices already present in the complex chorus" of fairy tale writers and narrators: they actually create new and different meaning by responding to them. * (in Féeries 8, Textualité et intertextualité des contes, Classiques Garnier 2010)
Resumo:
Cet article vise à explorer la polyphonie des énoncés littéraires et ses effets sur la lecture. Je tenterai de montrer que cette question ne recouvre pas seulement un problème d'attribution, potentiellement insoluble, mais qu'il engage la question fondamentale de la valeur des énoncés fictionnels, que ces valeurs soient esthétiques ou éthiques, ou qu'il s'agisse de la prétention de la fiction à représenter une « vérité », ou du moins un aspect objectif de la réalité. Pour illustrer mon propos, je me servirai d'un court extrait tiré du roman de Michel Houellebecq, La Carte et le territoire. On verra que cette approche implique non seulement le retour de la figure de l'auteur (notamment à travers la prise en compte de sa posture), mais aussi la confrontation entre des lectures programmées par les textes et des lectures concrètes qui, parfois, et même très souvent, divergent des lectures programmées en amont.