213 resultados para cinéma français
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Cette thèse s'inscrit dans la lignée des récents travaux de réévaluation de l'histoire des études cinématographiques. Son objectif est de réviser la conception actuelle de l'historiographie du cinéma en France de 1896 jusqu'au début des années 1950 en remettant en question la vision homogène du courant historique de l'histoire traditionnelle du cinéma telle que l'ont présentée les tenants de la nouvelle histoire du cinéma. Cette thèse se divise en trois parties. J'expose dans la première mon cadre et mon principal outil d'analyse. Je présente l'opération historiographique telle que définie par Michel de Certeau, soit comme le croisement d'un lieu social marqué par des cadres intellectuels dominants, d'un ensemble de procédures dont l'historien se sert pour sélectionner ses sources et construire les faits, et enfin, d'une écriture qui implique l'élaboration d'un système de relations entre les différents faits construits. Je décris ensuite les courants historiques en France des années 1870 jusqu'au début des années 1950. Ce panorama me permet de mieux identifier les échanges, les emprunts et les enrichissements qui se sont opérés entre l'histoire et l'histoire du cinéma durant cette période. Dans la deuxième partie, je « construis » depuis l'intérieur d'un vaste ensemble de discours d'historiens du cinéma, d'historiens de la culture et de théoriciens du cinéma ce qui deviendra la conception dominante de l'historiographie du cinéma. Je montre qu'elle est élaborée par ceux que plusieurs commentateurs nomment les nouveaux historiens du cinéma et qu'elle se réduit à la succession de deux grands courants historiques : l'histoire traditionnelle et la nouvelle histoire du cinéma. J'expose ensuite comment cet acte de périodisation est instrumentalisé par ceux qui l'effectuent. L'objectif des nouveaux historiens n'est pas d'exhumer la pluralité des écritures de l'histoire du cinéma, mais plutôt de mettre en évidence la rupture qu'ils opèrent au sein de l'historiographie du cinéma. L'examen de la place accordée au dispositif cinématographique Hale's Tours dans les histoires générales parues avant et après le Congrès de Brighton me permet finalement d'atténuer la rupture entre ces deux courants historiques. Dans la troisième partie, j'engage l'examen de plusieurs manières d'approcher l'histoire du cinéma. J'identifie différentes ruptures dans l'historiographie française du cinéma concernant l'objet historique que les historiens se donnent, les outils conceptuels qu'ils convoquent et leurs relations aux sources qu'ils utilisent. Ces études de cas me permettent au final de témoigner de la richesse de l'historiographie française du cinéma avant le début des années 1950.
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Histoire discursive du « cinéma-vérité ». Techniques, controverses, historiographie (1960-1970) retrace l'histoire du succès et de la disgrâce du label « cinéma vérité » en France qui, entre 1960 - date à laquelle Edgar Morin publie son essai programmatique « Pour un nouveau "cinéma vérité" » dans France Observateur - et 1964-65 - moment où la notion commence à perdre en popularité - sert de bannière à un mouvement cinématographique supposé renouveler les rapports entre cinéma et réalité. Une vingtaine de films - comme Chronique d'un été de Jean Rouch et Edgar Morin, Primary de Richard Leacock et Robert Drew, Les Inconnus de la terre ou Regard sur la folie de Mario Ruspoli, Hitler, connais pas de Bertrand Blier, Le Chemin de la mauvaise route de Jean Herman, Le Joli Mai de Chris Marker, La Punition de Jean Rouch ou Pour la Suite du monde de Michel Brault et Pierre Perrault - revendiquent cette étiquette ou y sont associés par la presse hexagonale qui y consacre des centaines d'articles. En effet, la sortie en salles de ces « films-vérité » provoque en France de virulentes controverses qui interrogent aussi bien l'éthique de ces projets où les personnes filmées sont supposées révéler une vérité intime face à la caméra, le statut artistique de ces réalisations, ou l'absence d'un engagement politique marqué des « cinéastes-vérité » devant les questions abordées par les protagonistes (par exemple la Guerre d'Algérie, la jeunesse française, la politique internationale). L'hypothèse à la base de cette recherche est que la production cinématographique qui se réclame du « cinéma-vérité » se caractérise par une étroite corrélation entre film et discours sur le film. D'une part car la première moitié de la décennie est marquée par de nombreuses rencontres entre les « cinéastes vérité », les critiques ou les constructeurs de caméras légères et de magnétophones synchrones ; rencontres qui contribuent à accentuer et à médiatiser les dissensions au sein du mouvement. D'autre part car la particularité de nombreux projets est d'inclure dans le film des séquences méta-discursives où les participants, les réalisateurs ou des experts débattent de la réussite du tournage. Ce travail montre que le succès du mouvement entre 1960 et 1964-65 ne se fait pas malgré une forte polémique, mais qu'au contraire, nombre de longs métrages intègrent la controverse en leur sein, interrogeant, sur un plan symbolique, l'abolition du filtre entre le film et son spectateur. Si les films qui s'inscrivent dans la mouvance du « cinéma vérité » octroient une large place à la confrontation, c'est parce que la « vérité » est pensée comme un processus dialectique, qui émerge dans une dynamique d'échanges (entre les réalisateurs de cette mouvance, entre les protagonistes, entre le film et son public). Les querelles internes ou publiques qui rythment ces quelques années font partie du dispositif « cinéma-vérité » et justifient de faire l'histoire de ce mouvement cinématographique par le biais des discours qu'il a suscité au sein de la cinéphilie française.
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Résumé de la thèseCette étude repose sur un double constat initial : en premier lieu, les récits français d'explorationau Tibet de la période s'étendant de 1850 à 1912 relèvent d'une tradition particulière du voyagescientifique en partie irréductible aux traditions des autres nations impérialistes de la mêmeépoque, notamment la tradition britannique à laquelle on les a souvent assimilés. En second lieu,ces récits révèlent à la fois la place centrale dégagée à la description du paysage tibétain et uneévolution unique et originale des savoirs et des représentations qui lui sont liés.Ce travail montre la rapide évolution des images du Tibet que s'est façonnées l'Europe,l'interrelation de cette histoire des représentations avec une révision des connaissances sur laterre et l'homme dans les sciences du XIXe siècle, ainsi qu'une dimension différentielle entre lesobjectifs de connaissance émanant des explorateurs français et anglais, différence due à uncontexte géopolitique hétérogène. Sur le fond de cette démarche contextualisante, le recours àl'analyse textuelle met en évidence le rôle qu'ont joué les explorateurs français dans l'histoire dessavoirs sur le Tibet.Pour des raisons inhérentes à la qualité d'écriture de ses récits et à l'acuité remarquable de sonapproche du monde tibétain, une place centrale de ce travail a été ménagée à Jacques Bacot(voyages de 1906 à 1907 - Dans les Marches tibétaines - et de 1909 à 1910 - Le Tibet révolté). Il a dèslors été fructueux de replacer ses récits dans l'histoire des savoirs et des représentations du Tibetet de les comparer aux récits majeurs d'autres explorateurs français au Tibet comme GabrielBonvalot, Fernand Grenard et Henri d'Ollone.Le paysage est une notion-clé pour comprendre le regard que portent les explorateurs sur leTibet. Or le paysage revêt des acceptions variables selon les auteurs et affiche des facettesdifférentes. Il a ainsi été possible de distinguer plusieurs dimensions : une dimension cognitive, unedimension épistémique, une dimension intersubjective et, enfin, une dimension imaginaire et sacrée. Cettedimension sacrée du paysage peut également être actualisée en tant que dimension écosymbolique.C'est là l'aboutissement des voyages de Bacot. L'explorateur, attentif à la culture tibétaine, envient à réaliser la valeur sacrée qui traverse la relation des Tibétains eux-mêmes à leurenvironnement. Le paysage ainsi compris se place au fondement d'une expérience partagée avecdes acteurs issus d'une autre culture et apparaît ainsi comme un opérateur privilégié pour« comprendre les compréhensions » (Clifford Geertz) des explorateurs, mais aussi, de proche enproche, des Tibétains.D'un point de vue épistémologique, la mise au jour de ces dimensions du paysage permetd'éviter certains écueils de la critique historienne et littéraire sur les récits de voyage au Tibet, quin'y a vu tantôt que de simples documents inertes, tantôt que le reflet d'un imaginaire purementet indéfectiblement occidental. La présente étude montre au contraire la part irréductiblequ'occupe la rencontre in situ avec l'autre et l'ailleurs dans l'élaboration conjointe desreprésentations et des savoirs.
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Peu reconnus par la critique postcoloniale, souvent assimilés sans nuances aux enjeux géopolitiques du Grand Jeu en Asie centrale à la même période, les récits des explorateurs français du Tibet manifestent pourtant des traits culturels spécifiques dont on se propose ici de mener l'archéologie. Missionnaires, aventuriers, nobles bannis, scientifiques républicains, diplomates, officiers coloniaux, intellectuels et orientalistes éclairés indiquent tous que la culture de l'exploration dont, de 1846 à 1912, ils sont les représentants se conçoit intrinsèquement comme une culture paysagère. Aussi révèlent-ils une évolution originale des savoirs sur le Tibet et des représentations du paysage tibétain qui se découvre progressivement à eux. La description du paysage participe ainsi globalement d'une histoire des sensibilités et d'une histoire des sciences, ce que l'on peut appeler une géosensibilité. Mais la description scientifique du paysage, liée à la pratique du voyage et à une confrontation à l'ailleurs, ne doit pas masquer le primat expérientiel qui lui donne sens. C'est ainsi que le paysage, en tant qu'expérience vécue, en vient à jouer le rôle d'une médiation interculturelle invitant à un renouvellement des questionnaires des explorateurs. Par ailleurs, la description scientifique participe tout autant de différents orientalismes, de différentes perceptions d'un Tibet associé par les voyageurs à un « paysage sacré ». La diversité dont ceux-ci témoignent, mais aussi les croisements de représentations issues d'autres cultures de l'exploration du Tibet - la tradition anglo-saxonne en premier lieu -, nous plongent aux origines de l'« image du Tibet » qui, au loin de la rencontre vivante des explorateurs - la Première Guerre, la Convention de Simla et l'avènement du Guomindang marquent le terme de la culture française de l'exploration du Tibet -, se cristallisera et s'unifiera dans l'imaginaire occidental du XXe siècle.
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Ce travail se situe au carrefour de la rhétorique, des théories de l'argumentation et de la linguistique du discours : il s'intéresse aux modalités diverses selon lesquelles une émotion peut être sémiotisée par un locuteur, et cela dans le cadre spécifique d'un discours de type argumentatif. Le questionnement vise à reprendre à nouveaux frais le concept rhétorique de pathos et porte, de façon générale, sur les rapports complexes qui unissent l'argumentation, d'une part, et l'émotion, d'autre part. L'hypothèse développée a trait à ce que l'on peut appeler l'argumentabilité des émotions. Les locuteurs ne font pas seulement « appel » à l'émotion dans le but d'accroître l'efficacité d'une argumentation visant à établir le bien-fondé d'une opinion ou l'opportunité d'une action : ils peuvent aussi, dans certains cas, chercher à argumenter pour ou contre l'émotion elle-même. Ils s'efforcent alors de formuler les raisons pour lesquelles il convient ou, au contraire, il ne convient pas d'éprouver cette émotion. La construction de l'émotion est dite « argumentative », dans le sens où l'émotion en vient à constituer l'objet même de l'argumentation : l'effort argumentatif des locuteurs porte moins sur des dispositions à croire et à agir que sur des dispositions à ressentir. Parler de l'« argumentabilité » des émotions, c'est insister sur le fait - essentiel, mais rarement relevé - que les émotions donnent elles aussi prise aux opérations argumentatives que l'on recense traditionnellement (mise en doute quant à la légitimité, justification ou, au contraire, tentative de réfutation). Ce travail ne vise pas seulement à apporter une contribution théorique aux études sur l'argumentation : il entend aussi mettre en pratique l'analyse argumentative sur un corpus de textes. Il s'agit des comptes-rendus écrits des principaux débats parlementaires français relatifs à l'abolition de la peine de mort (1791, 1848, 1908 et 1981). Bien qu'il s'échelonne sur une période de près de deux siècles, ce corpus présente une forte cohésion, dans la mesure où les textes qui le composent traitent d'un même thème et appartiennent à un même genre de discours. Cette cohésion est essentielle, dans la mesure où elle autorise une pratique raisonnée de la comparaison en diachronie : l'enjeu est de décrire l'évolution des stratégies argumentatives à travers le temps. Observé sur une longue durée, le pathos que développent les parlementaires favorables ou au contraire hostiles à l'abolition présente des visages multiples. On cherche à décrire aussi rigoureusement que possible la logique qui, lors de chaque débat, préside à la construction d'émotions comme la peur, la pitié, l'indignation ou encore la honte.
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« Reconnaissons-le comme un fait, soulignait François Hollande lors du lancement des commémorations du centenaire en novembre 2013, lorsque la mobilisation générale fut proclamée, il n'y eut plus qu'un seul pays, une seule Nation, une seule armée ». A l'heure où les commémorations officielles du premier conflit mondial battent leur plein, il est plus que jamais impossible de s'abstraire du rapport dialectique qui s'instaure entre « usages publics et politiques de l'histoire » et construction de l'histoire savante. Aujourd'hui, le monde ouvrier, les vaincus, semblent ainsi être invoqués pour souligner substantiellement leur « adhésion » substantielle à « leur » nation en guerre. Les mondes et les mouvements ouvriers, dans toute leur complexité sociale et politique s'estompent de la recherche historique comme ont disparu ou presque les questions liées aux rapports de force sociopolitiques. Cette contribution se propose de revenir sur l'un des noeuds historiographiques concernant les socialismes en guerre, soit celui de leur « entrée » dans le conflit. Il s'agit de comprendre comment « la guerre fait irruption » dans les débats du socialisme international, en envisageant les divers positionnements par rapport au "choix" de l'intervention, notamment la question du "revirement" d'une social-démocratie hostile à la guerre qui entre néanmoins en guerre en usant parfois d'une rhétorique patriotique voire nationaliste. Pour ce faire, deux cas d'études ont été choisis partant de deux réalités sociopolitiques différentes qui, chacune à leur manière, offrent une palette des manières qu'a eues la socialdémocratie de se positionner face à la guerre. D'un côté, l'« exception » italienne, de l'autre le « revirement » patriotique français. En point de mire : comprendre si et dans quelle mesure la guerre constitue un tournant, une rupture dans l'histoire des sociétés considérées, et quelles en sont les limites.