62 resultados para recueils collectifs
Resumo:
Les contes de Charles Perrault, des frères Jacob et Wilhelm Grimm, et de Hans Christian Andersen sont parmi les plus connus du genre, mais leur rapprochement masque parfois le fait qu'ils n'ont pas été écrits à la même époque, ni dans la même culture, et qu'ils comportent de nombreuses différences, notamment du point de vue thématique. Il y a cependant aussi des textes extrêmement proches dans leurs recueils : « La belle au bois dormant » raconte comme « Dornröschen » (« Rose d'épine ») l'histoire d'une princesse condamnée à dormir cent ans, puis réveillée par un prince ; « Die sechs Schwäne » (« Les six cygnes ») et « De vilde Svaner » (« Les cygnes sauvages ») relatent tous les deux l'histoire d'une princesse à la recherche de ses frères transformés en cygnes par leur belle-mère. Ces cas-là aident à appréhender les différences essentielles entre les textes, mais aussi à mieux comprendre pourquoi, en dépit des différences, ils sont reconnus comme des parangons du genre. Avec une double approche linguistique et comparatiste, cette thèse s'attache à montrer que les auteurs construisent des manières de raconter particulières. Cela concerne par exemple la place du narrateur dans le récit, la logique selon laquelle s'enchaînent les événements, ou encore l'utilisation du discours représenté. Loin de constituer de simples préférences stylistiques, ces stratégies narratives doivent être mises en relation avec un « projet discursif » : en décidant de publier un recueil de contes, comment les auteurs envisagent-ils le genre, et comment se situent-ils dans le contexte littéraire et culturel de l'époque ? Bien que Perrault, les Grimm et Andersen développent chacun un projet différent, ils exploitent tous trois un mode d'énonciation particulier, à la façon d'un discours rapporté : le conte apparaît comme un enchevêtrement de voix où un conteur relate une histoire déjà racontée auparavant, comme s'il rapportait la voix d'un autre conteur, s'inscrivant ainsi dans une tradition où l'on parle toujours à la suite de quelqu'un. L'analyse des différences entre Perrault, les Grimm et Andersen permet ainsi de construire une poétique du genre : écrire un conte, c'est convoquer une tradition populaire et, d'un point de vue énonciatif, c'est inscrire sa voix dans le concert des voix généré par le conte.
Resumo:
Persécuté persécuteur reste un des recueils les moins commentés d'Aragon. Ce mémoire prend cet ouvrage comme base pour étudier un moment où l'auteur est à un tournant de sa vie : entre ce que l'histoire littéraire retient comme sa période surréaliste puis son appartenance au réalisme soviétique. S'aidant des éléments contextuels, ce travail montre comment Aragon tente un coup de force pour obtenir une légitimité en tant qu'écrivain communiste, démarche du poète qui s'apparente à un élan vers le réel. Celle-ci se fera notamment au moyen de pratiques littéraires comme le collage ou l'usage fréquent de noms propres afin de situer le texte dans le contexte historique. De façon plus prosaïque, Aragon met aussi certains de ses poèmes, notamment « Front Rouge », au service de la révolution en reprenant les mots d'ordre du parti communiste, en critiquant la bourgeoisie et la social-démocratie. Finalement ce mémoire questionne la conséquence d'une telle mise au service pour le statut de la littérature. Que devient le poème lorsqu'il finit par ressembler à un tract politique ? C'est ici la question de l'autonomie de la littérature qui est soulevée, tant dans la démarche d'Aragon que dans ces conséquences, « Front rouge » ayant été l'objet d'une Affaire Aragon, suite au scandale littéraire provoqué par l'inculpation du poète pour les propos séditieux présents dans ce poème.