289 resultados para culture et valeurs
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La thèse propose une analyse du rôle des objets dans quatre tragédies (Ajax, Trachiniennes, Electre, Philoctèté) et un drame satyrique (Limiers) de Sophocle. Le propos est d'étayer le constat selon lequel les objets ont un rôle prépondérant dans l'économie générale de chacune de ces intrigues et de dégager ce rôle chez cet auteur. L'introduction met en évidence l'émergence du material turn en sciences humaines jusque dans les sciences de l'Antiquité en passant par la littérature et l'anthropologie, souligne le caractère souple et opératoire de la catégorie de l'objet, le lien avec la question du signe et du langage non verbal et relève l'absence d'équivalent en grec ancien pour cette catégorie, avec le problème épistémologique que cela implique pour la présente recherche. L'objet n'est pas abordé ici comme accessoire, mais comme entité participant d'une fiction théâtrale. On distingue les moments où les objets sont susceptibles d'apparaître sur scène des moments où ils apparaissent dans des récits ou des évocations. Dans le monde fictionnel constitué par chaque intrigue, sont envisagés les modes d'apparition textuels et poétiques d'objets intra-fictionnels, dans le cadre du genre théâtral, qui combine discours et actions, avec les décalages et les phénomène de dissimulation et d'ostentation que cela implique. Les métaphores et les images jouent ici un rôle prépondérant. Des analyses circonstanciées en 5 chapitres thématisant les objets et leurs fonctions. Dans I'Ajax, les valeurs liées aux armes, en particulier l'épée d'Hector et le bouclier d'Eurysacès, telles qu'elles apparaissent dans l'épopée, sont transposées dans une logique tragique où le prestige lié à ces armes devient polémique et problématique. Le vêtement sacrificiel des Trachiniennes, auquel répond la figure d'Iole, un personnage largement réifiés, thématise le déséquilibre qui caractérise les relations entre Héraclès et Déjanire, dans le cadre des institutions du mariage et du sacrifice, où s'immisce une dimension sauvage et sournoise. Dans l'Electre, au contexte funéraire et d'appel à la vengeance, auquel renvoie une multitude d'objets (sceptre, hache, lit et autres pièces de mobilier, offrandes, etc.) se superpose une dimension méta-fictionnelle et méta-théâtrale investie par l'urne vide. L'arc du Philoctèté constitue l'enjeu dramatique principal de la tragédie et cristallise un débat polémique de valeurs humaines instables auquel s'oppose une logique divine et collective attachée au passé de l'objet, qui se trouve réorienté vers un avenir glorieux. Un passage par le seul drame satyrique conservé de Sophocle permet de constater que l'objet, une tortue-lyre, possède des caractéristiques similaires transposées dans le contexte satyrique, où l'hybridité, les marqueurs de la civilisation, les attributions des Satyres, mais aussi des traits comiques, jouent un rôle prépondérant. La conclusion tente une synthèse et identifie plusieurs observations transversales : jeux sur la présence et l'absence, décalages entre discours et actions, entre langage verbal et non verbal, modalités d'allusion à des personnages, temporalités et espaces absents, détournement des fonctions d'usage, modalités du don, de l'échange et de la privation, procédures de personnification et de réification, rôle prépondérant dans les modalités de l'accomplissement du destin. A la faveur de l'identification de ces caractéristiques transversales, on tente d'ouvrir le propos sur la question du cadavre, dont le statut semble intermédiaire entre personnage et objet, notamment aussi dans \'Antigone, et la figure d'Oedipe, qui apparaît comme un héros- objet dans les deux tragédies que lui consacre Sophocle, l'Oedipe-roi, et \'Oedipe à Colone.
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Des représentations contradictoires coexistent aujourd'hui au sein de l'école concernant la place à octroyer aux émotions et aux expériences personnelles des élèves. Cette tension est ravivée par l'importance accordée à ce qu'on appelle l'éducation en vue du développement durable (EDD) qui cherche à fournir aux élèves des outils pour comprendre et se situer activement dans les grands défis que connaissent les sociétés actuelles. Les questions évoquées dans le cadre de ces enseignements relèvent de différents domaines de connaissances (sciences sociales et sciences naturelles, éthique, philosophie) et amènent à l'élaboration de compétences - comme celles de participer à des prises de décision collectives - ou le développement de valeurs telles que la responsabilité et le partage. Ces compétences à développer impliquent souvent des activités pédagogiques dans lesquelles les élèves sont amenés à évoquer leurs expériences personnelles et leurs propres opinions et émotions. Dans le cadre d'une approche sociohistorique du développement et de l'apprentissage, nous prendrons comme point de départ l'idée selon laquelle les émotions consistent en un ensemble de processus historiquement et culturellement situés et médiatisés, qui tout comme la pensée, passent d'un plan interpsychique à un plan intrapsychique (Vygotsky, 1987/1930). Dans la continuité des travaux de Vygotski nous examinerons le processus de « socialisation » des émotions au sein d'interactions didactiques, et analyserons dans quelle mesure ce processus est inséré dans la dynamique de construction de connaissances.
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(Résumé de l'ouvrage) Nos sociétés contemporaines, à l'heure de la mondialisation, ont-elles perdu le sens de l'hospitalité ? Qu'en est-il de ses fonctions et de ses figures à la fois morales, politiques, religieuses et imaginaires ? Lorsque Ulysse abordait un nouveau rivage, la même question revenait : Vais-je trouver des brutes, des sauvages sans justice ou des hommes hospitaliers craignant les dieux ? L'hospitalité a toujours été signe de civilisation et d'humanité, et les pérégrinations d'Ulysse ont su dresser une géographie imaginaire du monde humain, dessinant les contours et traçant les limites de la culture et de la nature. Considérant qu'il est urgent de retrouver cette mémoire hospitalière du monde humain, plus de quatre-vingt-dix auteurs du monde entier ont rassemblé leurs savoirs des us et coutumes, des lieux, des cultures, des représentations, des mythes et des oeuvres d'art qui font de l'hospitalité la plus indispensable des valeurs humaines. Philosophes, historiens, ethnologues, littéraires, linguistes... invitent le lecteur, leur hôte, à découvrir le vaste parcours ouvert des significations et des pratiques de l'accueil dans l'histoire culturelle. Have modern day societies in this era of globalization forgotten the sense of hospitality? Hospitality is a principle which used to play a major social function, with its symbolic, ethical, political and religious figures. This book is designed to preserve the memory of the tradition of hospitality. To that end 90 authors from throughout the world have collaborated to present this exhaustive encyclopedia of the places, the customs, the cultures, the myths and the artistic representations of hospitality, all of which bear witness to its importance as a human value. Philosophers, historians, ethnologists, writers, linguists welcome the reader to discover the place that hospitality has had in cultural history, in terms of both how and why it was practised. - This book offers a fivefold treatment of the perennial tradition of hospitality: - Definitions - Civilizations (throughout history and across religions and cultures) - Institutions and places of hospitality, both real and imaginary (castles, hospitals, gardens, churches, etc.) - Myths, figures and artistic representation - Philosophy, politics and society.
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Fin observateur des mutations du religieux au cours des trente dernières années, Pierre Gisel fait l'objet, dans ce livre, d'analyses sur les enjeux qui marquent ses recherches fondamentales : la mise à l'épreuve des religions par leurs confrontations avec la science, la culture et le politique. La pensée de Pierre Gisel est l'une des rares à prendre en compte les défis que pose la sécularisation aux postulats des traditions religieuses en général, et au christianisme en particulier. Le statut des textes sacrés, la légitimité des institutions religieuses, les généalogies des monothéismes : autant d'objets auxquels Pierre Gisel adresse des questions exigeantes et « théologiquement incorrectes », pour le meilleur des débats actuels sur les transformations et les valeurs de nos sociétés. Dans ce livre, sociologues, philosophes, théologiens, historiens, journalistes ainsi qu'une représentante politique rendent compte de la réception qu'ils accordent aux travaux de Pierre Gisel, pour les prolonger, les déplacer et les critiquer, tout en soulignant leur incontestable pertinence.
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Au début des années 80, deux secousses touchent la Suisse avec d'un côté l'explosion du mouvement punk et de l'autre de fortes mobilisations au sein de la jeunesse du pays, les Achtziger Jugendunruhen. Cet article analyse l'articulation de ces deux phénomènes. Au sein d'un espace contestataire fortement composite, le punk finit par jouer un rôle central, le mouvement dans son ensemble mettant en avant certains enjeux culturels, reprenant des éléments de la panoplie punk comme l'édition de fanzine, et choisissant des musiciens punks parmi ses porte-paroles. Cette jonction marque la forte spécificité de la Suisse, autant par l'implication de la scène punk au sein d'un mouvement contestataire plus large que par la recrudescence des mobilisations de la jeunesse au moment où elles se font de plus en plus rares en Europe. Elle peut se comprendre par une communauté d'intérêts (obtenir des lieux pour exprimer sa propre culture) et de valeurs (l'opposition au conservatisme). Néanmoins, cette force présence des aspects culturels au sein des Achtziger Jugendunruhen ne doit pas conduire à les réduire à ces seuls enjeux. Au contraire, les différents discours du mouvement mettent en avant l'autonomie comme volonté de changement radical, ainsi que des revendications plus larges comme la solidarité internationale ou la question du logement. Ainsi cet article vise à la fois à mieux comprendre la nature des Achtziger Jugendunruhen et à développer une analyse historique des années 80 d'une part et du conservatisme helvétique d'autre part.
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RESUME En faisant référence à la notion de préjugé idéologique, ce travail s'intéresse à la manifestation d'une croyance qui oppose la culture à la nature lors de la classification et l'évaluation des individus. Nous proposons que cette croyance se manifeste par l'attribution de traits spécifiques aux groupes (traits culturels et naturels) et que sa fonction est de justifier la suprématie de l'homme bourgeois blanc occidental sur autrui. Ainsi, nous abordons la perception de plusieurs groupes ethniques de la part d'individus suisses. Notre travail est organisé en trois parties. La première partie présente une étude exploratoire dont l'objectif est de cerner les phénomènes étudiés. Les résultats mettent en évidence que l'attribution de traits culturels .positifs aux groupes ethniques est relativement indépendante de l'attribution de traits naturels positifs àceux-ci: les groupes perçus comme les plus culturels sont également perçus comme les plus naturels. De plus, l'attribution de traits naturels positifs semble sous-tendre une attitude favorable envers les groupes. La deuxième partie reprend les critères qu'identifient les notions de culture et de nature. Les études 2, 3 et 4 ont mis en évidence qu'il y au continuum dans la signification des traits par rapport à .l'être humain et à l'animal. Cela nous a amené sélectionner des traits attribués uniquement à l' être humain (culture) et des traits attribués davantage à l' animal qu'à l'être humain (nature). Les études 5 et 6 de la troisième partie montrent que, lorsqu'il est question de groupes ethniques, l'endogroupe dominant et ses alliés sont associés à la culture positive, alors que des exogroupes spécifiques sont associés à la nature positive (des exogroupes sujets au paternalisme). L'étude 7 confirme les résultats concernant l'endogroupe dominant et ses alliés avec des groupes fictifs et il met en évidence que les membres du groupe dominant utilisent la notion de culture positive pour hiérarchiser les groupes. L'attribution de nature positive n'est pas prise en compte pour hiérarchiser des groupes fictifs. Pour conclure, les études montrent qu'il n'y a pas d'opposition entre la culture et la nature (positives): les membres du groupe ethnique dominant utilisent la notion de culture pour classifier et évaluer les individus sur une hiérarchie de valeurs. La notion de nature n'est pas utilisée pour hiérarchiser les groupes, mais elle identifie des exogroupes spécifiques.
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L'idée selon laquelle les organisations productives se trouvent en concurrence pour attirer à elles les meilleurs salariés est aujourd'hui très largement répandue, que ce soit parmi les dirigeants, dans la presse, ou même dans les manuels de management. Dès lors, la guerre des talents paraît inéluctable. C'est oublier toutefois que les salariés, qu'ils travaillent dans le secteur public ou privé par ailleurs, ne sont pas uniquement mus par des considérations utilitaristes, rationnelles et matérielles. Ils ne visent pas avant tout à vendre leurs talents, pour autant qu'ils soient conscients qu'ils en possèdent, mais plutôt à travailler dans un environnement organisationnel en accord avec les valeurs auxquelles ils croient et auxquelles ils sont attachés. Les aspects matériels du travail ont de l'importance, à n'en pas douter, mais les dimensions idéelles et valorielles ont souvent été sous-estimées dans la littérature scientifique contemporaine. Cet article a pour ambition de montrer que les valeurs doivent être réintroduites dans l'analyse des processus motivationnels des salariés. Grâce à la notion de « motivation à l'égard du service public » (MSP) nous montrons que les agents publics sont attachés à des missions, objectifs et valeurs qui définissent en partie leurs activités professionnelles. L'étude empirique se base sur un important échantillon d'agents publics municipaux et cantonaux suisses et analyse les antécédents et les résultats de la MSP. Les enseignements qui en découlent suggèrent que, si guerre des talents il doit y avoir, alors les valeurs compteront elles aussi.
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Cette thèse s'inscrit dans la lignée des récents travaux de réévaluation de l'histoire des études cinématographiques. Son objectif est de réviser la conception actuelle de l'historiographie du cinéma en France de 1896 jusqu'au début des années 1950 en remettant en question la vision homogène du courant historique de l'histoire traditionnelle du cinéma telle que l'ont présentée les tenants de la nouvelle histoire du cinéma. Cette thèse se divise en trois parties. J'expose dans la première mon cadre et mon principal outil d'analyse. Je présente l'opération historiographique telle que définie par Michel de Certeau, soit comme le croisement d'un lieu social marqué par des cadres intellectuels dominants, d'un ensemble de procédures dont l'historien se sert pour sélectionner ses sources et construire les faits, et enfin, d'une écriture qui implique l'élaboration d'un système de relations entre les différents faits construits. Je décris ensuite les courants historiques en France des années 1870 jusqu'au début des années 1950. Ce panorama me permet de mieux identifier les échanges, les emprunts et les enrichissements qui se sont opérés entre l'histoire et l'histoire du cinéma durant cette période. Dans la deuxième partie, je « construis » depuis l'intérieur d'un vaste ensemble de discours d'historiens du cinéma, d'historiens de la culture et de théoriciens du cinéma ce qui deviendra la conception dominante de l'historiographie du cinéma. Je montre qu'elle est élaborée par ceux que plusieurs commentateurs nomment les nouveaux historiens du cinéma et qu'elle se réduit à la succession de deux grands courants historiques : l'histoire traditionnelle et la nouvelle histoire du cinéma. J'expose ensuite comment cet acte de périodisation est instrumentalisé par ceux qui l'effectuent. L'objectif des nouveaux historiens n'est pas d'exhumer la pluralité des écritures de l'histoire du cinéma, mais plutôt de mettre en évidence la rupture qu'ils opèrent au sein de l'historiographie du cinéma. L'examen de la place accordée au dispositif cinématographique Hale's Tours dans les histoires générales parues avant et après le Congrès de Brighton me permet finalement d'atténuer la rupture entre ces deux courants historiques. Dans la troisième partie, j'engage l'examen de plusieurs manières d'approcher l'histoire du cinéma. J'identifie différentes ruptures dans l'historiographie française du cinéma concernant l'objet historique que les historiens se donnent, les outils conceptuels qu'ils convoquent et leurs relations aux sources qu'ils utilisent. Ces études de cas me permettent au final de témoigner de la richesse de l'historiographie française du cinéma avant le début des années 1950.
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Résumé de la thèseCette étude repose sur un double constat initial : en premier lieu, les récits français d'explorationau Tibet de la période s'étendant de 1850 à 1912 relèvent d'une tradition particulière du voyagescientifique en partie irréductible aux traditions des autres nations impérialistes de la mêmeépoque, notamment la tradition britannique à laquelle on les a souvent assimilés. En second lieu,ces récits révèlent à la fois la place centrale dégagée à la description du paysage tibétain et uneévolution unique et originale des savoirs et des représentations qui lui sont liés.Ce travail montre la rapide évolution des images du Tibet que s'est façonnées l'Europe,l'interrelation de cette histoire des représentations avec une révision des connaissances sur laterre et l'homme dans les sciences du XIXe siècle, ainsi qu'une dimension différentielle entre lesobjectifs de connaissance émanant des explorateurs français et anglais, différence due à uncontexte géopolitique hétérogène. Sur le fond de cette démarche contextualisante, le recours àl'analyse textuelle met en évidence le rôle qu'ont joué les explorateurs français dans l'histoire dessavoirs sur le Tibet.Pour des raisons inhérentes à la qualité d'écriture de ses récits et à l'acuité remarquable de sonapproche du monde tibétain, une place centrale de ce travail a été ménagée à Jacques Bacot(voyages de 1906 à 1907 - Dans les Marches tibétaines - et de 1909 à 1910 - Le Tibet révolté). Il a dèslors été fructueux de replacer ses récits dans l'histoire des savoirs et des représentations du Tibetet de les comparer aux récits majeurs d'autres explorateurs français au Tibet comme GabrielBonvalot, Fernand Grenard et Henri d'Ollone.Le paysage est une notion-clé pour comprendre le regard que portent les explorateurs sur leTibet. Or le paysage revêt des acceptions variables selon les auteurs et affiche des facettesdifférentes. Il a ainsi été possible de distinguer plusieurs dimensions : une dimension cognitive, unedimension épistémique, une dimension intersubjective et, enfin, une dimension imaginaire et sacrée. Cettedimension sacrée du paysage peut également être actualisée en tant que dimension écosymbolique.C'est là l'aboutissement des voyages de Bacot. L'explorateur, attentif à la culture tibétaine, envient à réaliser la valeur sacrée qui traverse la relation des Tibétains eux-mêmes à leurenvironnement. Le paysage ainsi compris se place au fondement d'une expérience partagée avecdes acteurs issus d'une autre culture et apparaît ainsi comme un opérateur privilégié pour« comprendre les compréhensions » (Clifford Geertz) des explorateurs, mais aussi, de proche enproche, des Tibétains.D'un point de vue épistémologique, la mise au jour de ces dimensions du paysage permetd'éviter certains écueils de la critique historienne et littéraire sur les récits de voyage au Tibet, quin'y a vu tantôt que de simples documents inertes, tantôt que le reflet d'un imaginaire purementet indéfectiblement occidental. La présente étude montre au contraire la part irréductiblequ'occupe la rencontre in situ avec l'autre et l'ailleurs dans l'élaboration conjointe desreprésentations et des savoirs.
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Présentation La littérature montre que le problème de l'erreur médicale est loin d'être sous contrôle, malgré les efforts déployés pour améliorer la sécurité des soins. Le problème de l'erreur est éminemment complexe et doit être abordé sous différents angles. Une approche possible du problème est l'expérience des médecins face à l'erreur. A quoi les médecins attribuent-ils une erreur et comment font-ils face à une erreur dont ils se sentent responsables ? Quels mécanismes de coping sont mis en oeuvre ? Ces questions ne sont pas banales car certains médecins vont typiquement montrer des réactions défensives visant à minimiser leurs responsabilités et d'autres vont montrer des réactions constructives visant à amener des changements concrets dans leur pratique ou dans le système de soins. Enjeux Cette recherche vise à mieux comprendre les facteurs qui influencent l'expérience de l'erreur et les mécanismes de coping après une erreur. Plus spécifiquement, cette recheche vise à explorer l'influence du genre. Les études disponibles sont quantitatives et n'abordent pas en profondeur l'expérience individuelle de femmes médecins. C'est dans ce créneau-là qu'a voulu se positionner cette recherche, en proposant une approche qualitative par interview. Contexte de recherche Le contexte général est l'expérience de l'erreur vécue par des femmes médecins. Afin de resserrer le cadre du projet, le recrutement a été ciblé sur (1) des médecins particulièrement à risque d'erreurs, c'est-à-dire des médecins novices, en formation postgraduée, et (2) des femmes travaillant en médecine interne hospitalière, un passage obligé pour nombre de médecins en formation. L'étude a été conduite au sein du Service de médecine interne du CHUV, avec 8 médecins-assistantes. Conclusions L'étude a révélé que la culture de l'erreur et de la sécurité est encore insuffisamment développée dans notre contexte de formation postgraduée et que l'expérience de l'erreur reste très douloureuse pour les médecins-assistantes. Le soutien de ia hiérarchie varie beaucoup et certaines assistantes se sentent clairement stigmatisées en situation d'erreur. Quant aux statégies de coping, nos données semblent indiquer un effet « genre » dans le type de statégies privilégiées. Certaines stratégies sont ciblées sur l'émotion et visent à minimiser l'impact émotionnel de l'erreur sur l'individu ; d'autres ciblées sur le problème et visent à engager des changements destinés à prévenir une récidive. Perspectives La profession médicale et les milieux de formation doivent travailler à une culture plus transparente de l'erreur. Avec une meilleure culture et un meilleur soutien des médecins exposées à l'erreur, il sera plus facile de les amener à des changements constructifs après une erreur. Des conclusions plus précises sur un effet « genre » impliquent de procéder à une comparaison directe entre médecins- assistants et médecins-assistantes. Contribution du doctorant J'ai eu l'idée initiale du projet, tandis que la perspective genre a été proposée par la première auteure, Cindy Ottiger Mankaka. J'ai supervisé l'ensemble du projet et apporté une contribution susbtantielle au manuscript en assurant la totalité du processus de soumission-révisions.