372 resultados para Éthique médicale
Resumo:
Les suivis spécialisés de douleurs chroniques comportent des enjeux communicationnels sensibles liés notamment à la subjectivité des ressentis douloureux et aux fréquentes divergences de vue entre médecins et patients quant à l'origine du problème de santé et à son traitement. Centré sur ces suivis, ce travail de thèse a cherché à appréhender comment les situations sociolinguistiques des patients migrants allophones se répercutent sur la communication médicale et, plus particulièrement, sur la compréhension mutuelle dans les consultations. Il a emprunté une approche discursive s'appuyant sur l'analyse interactionnelle de consultations filmées et sur un riche corpus de données contextuelles recueillies dans des interviews de patients et de cliniciens. Les analyses réalisées ont, entre autres, mis en évidence que les difficultés de compréhension non résolues se concentrent dans les consultations des patients les moins à l'aise en français et que ces difficultés renferment pour la plupart une charge problématique certaine en termes de qualité des soins. Il apparaît également que lorsque des malentendus ou incompréhensions cliniquement pertinents ne peuvent être résolus, le caractère limité des compétences de français de base des patients migrants n'est jamais seul en cause. Des facteurs de complexité médicaux (ex. surestimations des connaissances médicales de base des patients), relationnels (ex. non-signalement de malentendus par les patients pour éviter de faire perdre la face au médecin) et discursifs (ex. nécessité de traiter de discours ou « voix » venant de l'extérieur de la consultation dans le cadre d'une polyphonie particulièrement marquée) jouent également des rôles de premier plan dans les difficultés non résolues les plus problématiques au plan clinique et sont généralement étroitement intriqués avec le langagier au sens strict. En termes pratiques, les résultats soulignent le rôle décisif de l'autoréflexivité chez les médecins, ainsi que de leur capacité à ajuster de manière flexible leurs styles communicationnels afin, par exemple, d'éviter le cumul de facteurs de complexités favorisant des malentendus ou incompréhensions problématiques. Les observations effectuées rappellent également l'importance du recours à des ressources d'interprétariat.
Resumo:
Présentation En accord avec la loi suisse, seul le patient peut décider de la notification, dans son dossier, d'un ordre de «non réanimation » (DNACPR) en cas d'arrêt cardio-respiratoire. L'équipe médicale peut exceptionnellement prendre une telle décision, si elle juge qu'une réanimation n'a aucune chance d'aboutir. Les mécanismes menant à ce processus de décision n'ont pas encore été complètement investigués, en particulier en Suisse. Enjeu Notre étude vise à déterminer la prévalence de l'ordre de «non réanimation» après l'admission, l'auteur de cette décision, ainsi que son association avec certaines caractéristiques propres aux patients : le sexe, l'âge, la situation familiale, la nationalité, la religion, le nombre et le type de comorbidités. Nous cherchons ainsi à mieux définir quels sont les facteurs importants dans ce processus décisionnel complexe où le jugement médical, ainsi que l'information apportée aux patients sont primordiaux. Contexte de recherche Nous avons effectué une étude observationnelle sur une durée de 6 semaines, en analysant les formulaires d'admission de 194 patients hospitalisés dans le service de médecine interne du CHUV, dans les 72 heures après leur admission. Résultats L'étude montre que plus de la moitié des 194 dossiers de patients analysés ont un ordre de « non réanimation » (DNACPR) (53%). 27% de ces décisions ont été prises par les patients eux-mêmes, 12% par leur représentant thérapeutique/famille et 61% par les équipes médicales. Nous trouvons une association statistiquement significative entre l'ordre DNACPR et l'âge, avec un âge moyen de 80.7 +-10.8 ans dans le groupe « non réanimation » versus 67.5 +- 15.1 ans dans le groupe « réanimation », entre l'ordre DNACPR et une pathologie oncologique, quel que soit le stade de cette dernière, ainsi qu'entre l'ordre DNACPR et la religion protestante. Une analyse de sous-groupe montre que l'âge, ainsi que la pathologie oncologique sont statistiquement significatifs lors de l'analyse des décisions prises par les équipes médicales. La religion protestante est, quant à elle, significative lors de l'analyse des décisions prises par le patient ou son représentant. Perspectives Contrairement aux publications passées, cette étude montre une prédominance de l'ordre de «non réanimation » (DNACPR) à l'admission dans un service de médecine interne, principalement sur décision médicale. La plupart des patients ont été jugés incapables de discernement sur la question ou n'ont tout simplement pas été impliqués dans le processus décisionnel. Une réflexion doit avoir lieu afin de prendre des mesures de sensibilisation auprès des équipes médicales et d'approfondir la formation médicale et éthique sur le sujet de la détermination de l'attitude de réanimation. D'autres études qualitatives permettraient de mieux comprendre les motivations ayant mené à ces nombreuses décisions médicales, ainsi que les critères importants pour les patients.