3 resultados para Aînées

em Savoirs UdeS : plateforme de diffusion de la production intellectuelle de l’Université de Sherbrooke - Canada


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Voilà un mois que Madame Bérubé vit seule dans la maison familiale jadis animée par les vies des enfants et de son mari. Aujourd'hui, les enfants sont au loin et son mari l'est encore davantage. La mort l'a entraîné sans crier gare. L'épreuve est douloureuse. A 73 ans, Madame Bérubé jouit heureusement d'une santé physique relativement stable. Son coeur, lui, est esseulé. Isolée, loin des siens et sans amis, elle ne s'est jamais sentie aussi abandonnée. Ce matin, la tête entre les mains, elle se demande, entre deux sanglots "Mais qu'est-ce que je vais faire?" Qui répondra à l'appel de détresse de Madame Bérubé? Qui se préoccupera de sa qualité de vie? A qui revient la responsabilité d'assurer la qualité de vie des aînés dans un contexte de maintien à domicile? A l'État, à la famille, aux centres d'accueil? Et surtout, à quel prix? Mais avant tout, qui évaluera quels sont les besoins à satisfaire afin d'assurer que Madame Bérubé profite d'une bonne qualité de vie en demeurant chez elle? Et comment déterminer ces besoins? Le cas de Madame Bérubé n'est malheureusement pas un cas isolé. Ce cas particulier introduit en fait le thème de cet essai, thème qui suscite de vives controverses, tant parmi la population en général qu'au sein des organismes de la santé et des services sociaux, et ce, au Québec comme ailleurs au pays.

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Au Québec, comme partout dans les pays développés, le vieillissement de la population oblige à repenser les méthodes d’intervention (Couturier et al., 2013). De plus, vieillir chez soi en conservant la meilleure qualité de vie possible est un souhait cher à la majorité des personnes aînées (Mauriat et al., 2009). Pour prendre en considération ce souhait, malgré la complexité de la situation biopsychosociale de plusieurs, le système de santé et de services sociaux offre un service de soutien à domicile dans lequel des coordonnateurs dédiés (ex. : gestionnaires de cas, travailleuses sociales pivots) coordonnent les différents services requis afin de répondre aux besoins des personnes vivant à domicile avec une autonomie fonctionnelle diminuée (Couturier et al., 2013). Plusieurs personnes aînées en situation biopsychosociale complexe refusent les services offerts (Corvol et al., 2012). Ce refus peut aller de la simple décision de ne pas prendre sa médication ou de ne pas accepter l’aide à la toilette à celle de refuser l’aide alimentaire ou des soins et services essentiels, et, ce faisant, d’encourir d’importants risques quant à leur sécurité, voire leur survie (Balard et Somme, 2011). Au Québec, sauf dans les cas d’exception prévus par la loi, la liberté de consentir ou non à des soins est un droit reconnu à chaque personne, consacrant ainsi les principes d’intégrité et d’inviolabilité de la personne (gouvernement du Québec, n.d.). Le cadre professionnel des travailleuses sociales, via leur formation et les lignes directrices de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ), favorise également l’autonomie de la personne à travers des approches visant l’empowerment. Cependant, les mêmes cadres leur donnent également un rôle central à jouer lorsqu’il est question de reconnaître l’inaptitude des personnes à décider pour elles-mêmes, notamment à travers l’acte d’évaluation psychosociale dans un tel contexte. Plus largement, la société donne plus ou moins formellement un mandat de protection des personnes vulnérables aux travailleuses sociales. Ce mandat de protection est au cœur de leur métier, mais il ne fait pas l’objet d’une reconnaissance légale forte, comme c’est le cas pour l’objet aptitude/inaptitude. Pour la réalisation de ce mémoire, 10 entretiens semi-directifs furent menés auprès de travailleuses sociales en soutien à domicile afin de nous permettre de comprendre comment les travailleuses sociales prennent en compte le refus de services des personnes aînées. Pour ce faire, nous répondons à quatre objectifs. Premièrement, nous dégageons le sens qu’accordent les travailleuses sociales au refus de services et la façon dont elles le reçoivent. Deuxièmement, nous décrivons les stratégies d’adaptation au refus des travailleuses sociales. Troisièmement, nous tentons de comprendre les liens entre le sens donné au refus de services et les stratégies d’adaptation des travailleuses sociales. Finalement, nous explorons comment les relations de pouvoir expliquent en partie ces adaptations. Cette recherche nous a permis de montrer que dans de nombreux cas, les stratégies impliquant une prise de pouvoir lors de situations de refus n’étaient pas légitimées par une volonté de faire vivre la personne le plus longtemps possible en la protégeant, mais plutôt par le discours valorisant son autonomie. Nous croyons que ce discours, en constante évolution, pourrait prendre de plus en plus de place dans les prochaines années et qu’en conséquence, si nous souhaitons que les modèles de prise de décision partagée (par exemple l’usager-partenaire) soient appliqués de la bonne façon, il est essentiel d’outiller les travailleuses sociales pour éviter que les personnes résistant au discours de l’autonomie soient perçues comme de mauvais usagers.

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Au Québec, l'intervention spécialisée auprès de jeunes adolescents en difficulté d'adaptation a été, il y a plus de trente ans, toute l'inspiration d'une nouvelle discipline en sciences humaines, la psycho-éducation. Inspirée des travaux de Freud, Redl, Erickson, Piaget pour ne nommer que ceux-là, l'intervention psycho-éducative (Gendreau, 1978) a eu, entre autres, pour lieux d'application les institutions pour jeunes étiquetés mésadaptés socio-affectifs et délinquants. Boscoville à Montréal et l'institut Val-du-Lac ici à Sherbrooke ont été à ce sujet deux piliers représentatifs, véhiculant les concepts de la pensée psychoéducative dans l'intervention. Plus spécifiquement, ce sont les travaux de Guindon (1970) qui ont contribué à opérationnaliser la pensée psycho-éducative dans la volonté thérapeutique de rééduquer des jeunes en institution. Ce modèle d'intervention que l 'on retrouve dans l 'ouvrage "Les étapes de la rééducation des jeunes délinquants... et des autres" (Guindon, 1970) a été source d'inspiration pour la plupart des institutions ayant connu le jour à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix. Au cours de ce mémoire, nous utiliserons l’expression "jeune en difficulté d'adaptation" pour identifier les sujets qu'accompagne l’éducateur. Nous partageons le désir exprimé par Gendreau (1978), d'éviter le plus possible l'étiquetage (délinquants, mésadaptés, inadaptés, exceptionnels...) de façon à rejoindre un éventail plus grand de personnes susceptibles de bénéficier d'un support spécifique dans leur démarche de réalisation. Le Relais St-François, qui est pour cette recherche l’endroit d'observation désigné, est une institution de l’Estrie qui a connu, elle aussi, l'influence du modèle de Guindon. Toutefois, déjà en 1973, la philosophie d'intervention de cette maison pour jeunes en difficulté d'adaptation portait un regard plus critique sur le modèle des étapes de rééducation. À la lumière des expériences vécues par ses aînées dans le domaine, Boscoville et Val-du-Lac et à cause de facteurs tels la diminution du temps des séjours en institution par les jeunes, leur retour en institution suite à un premier séjour (etc.), le Relais a tenté de négocier le modèle de Guindon (1970). D'autres théories, d'autres écoles de pensée comme le behaviorisme, la réalité thérapie (etc.) sont venues enrichir l'approche de Guindon. [...]