Justice envers les enfants et légitimité politique en éducation


Autoria(s): Cormier, Andrée-Anne
Contribuinte(s)

Weinstock, Daniel Marc

Data(s)

28/10/2016

31/12/1969

28/10/2016

28/09/2016

01/12/2015

Resumo

L’idée selon laquelle les enfants sont des sujets à part entière de considérations de justice n’est pas très contestée. Les enfants ont des intérêts qui leur sont propres et ont un statut moral indépendant de leurs parents : ils ne sont ni la propriété de ces derniers ni une simple extension de leur personne. Pourtant, les travaux des plus grands théoriciens de la justice en philosophie politique contemporaine ne contiennent pas de discussion systématique du statut moral et politique des enfants et du contenu de nos obligations à leur égard. Cette thèse contribue à remédier à cette omission à travers l’examen de quatre grandes questions principales. (1) Quelles sont les obligations de justice de l’état libéral envers les enfants ? (2) Quels types de politiques publiques en matière d’éducation des enfants sont moralement légitimes ? (3) Jusqu’à quel point est-il moralement acceptable pour les parents de délibérément forger la vision du monde de leurs enfants ? (4) Quels critères moraux devraient guider l’élaboration de politiques en matière d’éducation morale dans les écoles ? Cette thèse est constituée de quatre articles. Le premier, « Political Liberalism and Children’s Education », aborde les questions du fondement normatif et des implications du principe de ‘neutralité éducative’ ou ‘anti-perfectionnisme éducatif’. Selon ce principe, il n’est pas légitime pour l’État libéral de délibérément promouvoir, à travers ses politiques publiques en éducation, une conception particulière de la vie bonne. L’article défend les idées suivantes. D’abord, ledit principe est exclusivement fondé sur des raisons de justice envers les parents. Ensuite, l’anti-perfectionnisme libéral n’est pas, pour autant, ‘mauvais pour les enfants’, puisqu’une vaste gamme d’interventions politiques dans la vie familiale et l’éducation des enfants sont, de manière surprenante, justifiables dans ce cadre théorique. Le deuxième article, « On the Permissibility of Shaping Children’s Values », examine la question de savoir si les parents ont un droit moral de forger délibérément l’identité, la conception du monde et les valeurs de leurs enfants. L’article développe une critique de la conception anti-perfectionniste des devoirs parentaux et propose un nouvel argument libéral à l’appui d’un droit parental conditionnel de forger l’identité de leurs enfants. L’article introduit également une distinction importante entre les notions d’éducation compréhensive et d’« enrôlement » compréhensif. Le troisième article, « Common Education and the Practice of Liberal Neutrality: The Loyola High School Case », défend trois thèses principales à travers une analyse normative de l’affaire juridique de l’école Loyola. Premièrement, il est légitime pour l’État libéral d’adopter un modèle d’éducation commune fort. Deuxièmement, la thèse selon laquelle la neutralité comme approche éducative serait impossible est injustifiée. Troisièmement, il existe néanmoins de bonnes raisons pour l’État libéral d’accommoder plusieurs écoles religieuses qui rejettent le modèle de la neutralité. Le quatrième article, « Which Moral Issues Should be Taught as Controversial? », critique à la fois le critère ‘épistémique’ dominant pour déterminer quels enjeux moraux devraient être enseignés aux jeunes comme ‘controversés’, et à la fois la manière dont le débat sur l’enseignement des enjeux controversés fut construit au cours des dernières années, d’un point de vue substantiel et méthodologique. L’article propose une manière alternative d’aborder le débat, laquelle prend adéquatement en compte la pluralité des objectifs de l’éducation et un ensemble d’autres considérations morales pertinentes.

Few deny that children have fundamental interests of their own and that they are the direct subjects of considerations of justice. Yet, the work of the most influential theorists of justice contains no systematic discussion of the moral and political status of children. My dissertation contributes to filling this important gap by considering four main questions. (1) What does the liberal state owe children as a matter of basic justice? (2) Which types of educational policies are morally legitimate? (3) To what extent (if at all) is it morally permissible for parents to deliberately shape their children’s values? (4) What criteria should govern the teaching of controversial moral issues? This thesis consists of four articles. The first, “Political Liberalism and Children’s Education”, examines the questions of the grounds and implications of political liberals’ often-undefended claim that the state should refrain from adopting educational policies designed to promote a particular conception of the good life. I defend the thesis that the ground for this commitment is solely parent-centric, and not children-centric. Against the charge that political liberalism is thus ‘bad for children’, I argue that political liberals have the resources to advance a robust agenda of political interventions in children’s education. The second article, “On the Permissibility of Shaping Children’s Values”, considers the question of whether parents have a right to enroll their children into a comprehensive doctrine and, as such, to deliberately shape their children’s worldview. The paper expands and amends the case against the anti-perfectionist account of legitimate childrearing and develops a novel argument in favor of the permissibility of comprehensive enrolment. It also proposes a crucial and as yet overlooked distinction between comprehensive enrolment and comprehensive education. The third article, “Common Education and the Practice of Liberal Neutrality: The Loyola High School Case”, focuses on the legitimacy of specific educational policies. I defend three main claims. First, it is in principle legitimate for the liberal state to favor a strong common schooling system. Second, the widespread view according to which neutrality as an educational approach is both impossible and undesirable is based on an implausible understanding of liberal neutrality. Third, there are nonetheless strong reasons, including reasons of justice for children, to accommodate most religious parents and schools. The fourth article, “Which Moral Issues Should be Taught as Controversial?”, challenges the dominant ‘epistemic criterion’ for determining what issues should be taught ‘as controversial’ in schools and, more generally, the way in which the philosophical debate on this topic has been framed in recent years, both from a substantive and a methodological point of view. I defend an alternative way of approaching the issue, which is sensitive to the plurality of educational aims and to a larger set of moral considerations that, I argue, are essential to good normative policy analysis.

Identificador

http://hdl.handle.net/1866/16030

Idioma(s)

fra

Palavras-Chave #John Rawls #Libéralisme politique #Légitimité politique #Droits parentaux #Enfants #Éducation commune #Political liberalism #Political legitimacy #Parental rights #Children #Common education #Philosophy / Philosophie (UMI : 0422)
Tipo

thesis

thèse

Formato

application/pdf