L’abandon scolaire en milieu rural marocain : une analyse interactionniste du point de vue des familles.


Autoria(s): Gueddari, Khalid
Contribuinte(s)

Morrissette, Joëlle

Data(s)

26/04/2016

31/12/1969

26/04/2016

16/03/2016

01/11/2015

Resumo

Cette recherche appréhende le phénomène de l’abandon scolaire en contexte rural marocain à partir du point de vue privilégié des familles sur cette question. L’abandon scolaire est d’une ampleur importante dans les pays en développement, comme l’ont mentionné plusieurs rapports de l’UNESCO (2005, 2008, 2009, 2011, etc.). Plusieurs facteurs contribueraient à l’abandon scolaire des élèves: la pauvreté, le redoublement, l’échec scolaire, les effets de culture liés au genre, la qualité des écoles et des apprentissages, le travail des enfants, le cout d’opportunité, l’analphabétisme des parents, etc. (Ananga, 2011; Chedati, 2004; Diagne, 2007; Gouzi et El Aoufi, 2006; Naseer et al., 2011; Sabates, Hossain et Lewin, 2010a). La recension des écrits effectuée indique aussi différentes conséquences du phénomène sur le plan social, notamment l’augmentation du taux d’analphabétisme, la non réalisation de la scolarisation primaire universelle, ainsi que sur le plan économique, dont le taux de chômage élevé. La majorité des études qui se sont penchées sur ce phénomène sont surtout de nature économique, abordant peu la question par le point de vue des familles qui sont pourtant les premières concernées par l’abandon scolaire de leur enfant. En outre, elles sont presqu’essentiellement quantitatives, les chiffres obtenus indiquant l’importance des facteurs de risque, laissant dans l’ombre une explication en profondeur du phénomène. L’angle théorique retenu pour éclairer ce phénomène est celui de la théorie des représentations sociales développée par Moscovici (1989) qui jette une lumière sur les rapports qu’entretient un acteur ou groupe social à l’égard d’objets sociaux tels que l’éducation. Cette théorie est appuyée par les concepts de «rapport à l’école» et de «rapport au savoir» de Charlot (1992) qui permettent d’examiner comment les élèves et leurs familles se positionnent face au processus de scolarisation, à partir de la question suivante : Quelles représentations les familles de milieux ruraux ont-elles de l’école marocaine et qui participeraient au processus conduisant éventuellement à l’abandon de l’école par leur(s) enfant(s)? Quels sont leurs rapports à l’école? Pour répondre à cette question, des entretiens biographiques compréhensifs ont été menés auprès de six familles de la région rurale de Tidili; rencontrées séparément, elles se sont exprimées sur l’abandon scolaire de l’un de leurs enfants. Une analyse de contenu telle que proposée par Bardin (dans Negura, 2006) a été mobilisée sur les verbatim des entretiens pour rendre compte de leur point de vue. Celle-ci a conduit à dégager deux registres d’analyse, tels que proposés par Morrissette (2010) pour exploiter d’au plus près le matériau d’analyse. (1) Le premier s’inscrit dans une logique descriptive et restitutive; il rend compte du point de vue des familles selon deux catégories, soit le rapport à l’école et le rapport à la société. Il ressort de ce registre l’importance des rapports entre les familles et les enseignants dans le phénomène de l’abandon scolaire. (2) Le deuxième registre s’inscrit dans une logique plus conceptualisante; il propose un nouvel éclairage du point de vue des familles à partir d’une perspective interactionniste (Becker, 1982) qui permet de poser un regard transversal sur le registre précédent. C’est ainsi qu’ont émergé des négociations sociales conduisant à l’abandon scolaire d’un enfant, lesquels sont marqués par des «modes d’interaction» entre les familles et l’école et des conventions sociales, deux niveaux d’interaction qui renseignent la dynamique évolutive conduisant à l’abandon scolaire d’un enfant.

This research addresses the phenomenon of school dropout in Moroccan rural areas by prioritizing the families’ point of view. School dropout is a major issue in developing countries, as mentioned in several UNESCO reports (2005, 2008, 2009, 2011, etc.). Different factors contribute to student dropout: poverty, repetition, academic failure, gender-related cultural effects, schools and instructional quality, child labour, opportunity cost, parents’ illiteracy, etc. (Ananga, 2011; Chedati, 2004; Diagne, 2007; El Aoufi Gouzi, 2006; Naseer et al, 2011;Sabates, Hossain and Lewin, 2010a). The literature review reveals various social and economic consequences, such as increasing rates of illiteracy, non achievement of universal primary education, and high unemployment rates. Most of the studies that have examined this phenomenon mainly resort to an economic approach, thus neglecting the families’ point of view, even the latter are the first stakeholders in their child’s dropout. In addition, these studies are primarily quantitative; they reveal the importance of risk factors but fail to provide an in-depth understanding of the phenomenon. To contribute to such understanding, I resorted to the theory of social representations developed by Moscovici (1989), which sheds light on ongoing relations between actors or social groups with respect to social objects such as education. This theory is supplemented by Charlot’s concepts of "relation to school" and "relation to knowledge" (1992) that examine how students and their families are positioned vis-à-vis the process of schooling. The present study was thus guided by the following questions: what are the representations of rural families on Moroccan school, that would participate in the process leading to their child(ren) dropping out? How do they relate to school? To answer this question, I conducted comprehensive biographical interviews with six families in the rural area of Tidili. I met them separately and they expressed their views on one of their children’s dropout. The verbatim of the interviews were content analyzed using Bardin’s approach (in Negura, 2006). This led us to the identification of two analytical registers, as proposed by Morrissette (2010). The first register is grounded in a descriptive and restitutive logic; it reports the views of families according to two categories: the relation to school and the relation to society. This first register revealed the importance of the relationship between families and teachers in the phenomenon of school dropout. The second register is more conceptualizing, building on an interactionist perspective (Becker, 1982), which allows one to take a cross-cutting look at the results of the first register. It offers a new perspective on the families’ point of view, shedding light on social negotiations that lead to a child dropping out of school; they take the form of "interaction modes" between families and school and social conventions between families and society. These two levels of interaction shed light on the evolutionary dynamics leading to dropout.

Identificador

http://hdl.handle.net/1866/13792

Idioma(s)

fr

Palavras-Chave #Abandon scolaire #«Rapport à l’école» / «rapport à la société» #Représentations sociales #Perspective interactionniste #Modes d’interaction #Conventions sociales #Dropout school #"Relation to school" / "relation to knowledge" #Social representations #Interactionist perspective #Interaction modes #Social conventions #Education - Sociology of / Éducation - Sociologie de l’éducation (UMI : 0340)
Tipo

Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation