Stress parental et lien mère-enfant: impact sur le développement de l’enfant âgé d’un an.

Au cours de la grossesse et dans les premières années de vie de l’enfant, plusieurs facteurs externes, tels que le stress maternel ou le lien maternel, peuvent interférer avec son développement et avoir des conséquences à court et à long terme. Bien que le stress maternel périnatal ait souvent été étudié, plusieurs facteurs pré et postnataux potentiellement confondants (comme le stress paternel, la dépression, la prise d’antidépresseurs, etc.) n’ont pas systématiquement été pris en compte. Comparativement à l’attachement de l’enfant (à sa mère), moins de recherches se sont intéressées au lien maternel, en particulier chez des femmes ayant un diagnostic de dépression et/ou d’anxiété et exposées à des antidépresseurs. Notre thèse visait donc à étudier ces deux facteurs et leur association avec le développement du jeune enfant âgé d’un an, dans un contexte où la santé mentale maternelle (présence ou non de troubles psychologiques) et de traitements pharmacologiques associés étaient aussi considérés. Afin d’améliorer le dépistage de retards développementaux, nous avons également évalué l’administration au téléphone de deux instruments de pré-dépistage et dépistage actuellement utilisés. Notre thèse était constituée de quatre phases dont les objectifs étaient: la détermination des propriétés psychométriques de l’échelle de stress perçu de quatre items (en français et en anglais) au sein de la population de femmes enceintes (première étude); évaluer l’effet du stress maternel prénatal et parental postnatal sur le développement de l’enfant âgé d’un an (deuxième étude); estimer l’association entre le lien maternel et le développement de l’enfant âgé d’un an, en stratifiant sur la prise maternelle d’antidépresseurs (troisième étude); et évaluer l’administration au téléphone du ″Ages and Stages Questionnaire″ (ASQ, version de 12 mois) et du ″Revised Pre-screening Denver Questionnaire″(R-PDQ, version de 9-24 mois),deux questionnaires utilisés pour le pré-dépistage et le dépistage du développement infantile (quatrième étude). Ce projet faisait partie d’une plus grande étude, nommée le projet OTIS (The″Organization of Teratology Information Specialists″ Antidepressant in Pregnancy cohort study), qui visait à évaluer l’impact de l’arrêt versus la continuation de la prise d’antidépresseurs au cours de la grossesse sur les comportements maternels et sur le développement de l’enfant âgé de un à trois ans. Ainsi, entre 2006 et 2010, la cohorte prospective OTIS de femmes enceintes a été construite et suivie jusqu’à trois ans postpartum. À partir de 2008, l’évaluation du stress et du lien maternel (thématiques de ce projet de thèse) a été incorporée au projet initial. Aussi, à partir de là, toute femme nouvellement recrutée pour la cohorte OTIS pouvait faire partie des études de cette thèse. Notre population source était composée des femmes enceintes ayant eu recours à un service nord-américain d’information sur les tératogènes ou ayant été suivies à la clinique d'obstétrique et de gynécologie du CHU Ste Justine. Pour être admissibles, les femmes devaient 1) être âgées d’au moins 18 ans, 2) être enceinte d’au maximum 14 semaines (le début de la grossesse étant défini comme étant le premier jour des dernières règles); 3) être exposées à un antidépresseur depuis au moins le premier jour de grossesse (pour le groupe exposé à un antidépresseur), 4) savoir lire et comprendre l’anglais ou le français. Pour les études deux, trois et quatre, les femmes devaient habiter dans un rayon de 250 km autour de Montréal pour recevoir notre visite à domicile, nécessaire à l’évaluation psychométrique du développement infantile. Les pères des enfants ont été recrutés à deux mois postpartum pour évaluer leur stress. Les données ont été collectées par entrevue téléphonique, auto-administration de questionnaires, et évaluation psychométrique du développement infantile. Dans le cadre de cette thèse, les femmes étaient suivies depuis le premier trimestre de grossesse jusqu’à un an postpartum. Les résultats de nos travaux démontrent que le recours à l’échelle de stress perçu de quatre items est une mesure fiable et valide pour mesurer le stress au cours de la grossesse (en recherche ou en clinique). Ensuite, le stress postnatal maternel et paternel serait défavorable au développement moteur et socio-émotionnel de l’enfant d’un an, respectivement. Par contre le stress maternel prénatal favoriserait le développement moteur. Un lien maternel optimal est associé à un meilleur développement socio-émotionnel à un an chez l’enfant, en particulier pour les femmes exposées à des antidépresseurs. Enfin, l’administration au téléphone de l’ASQ et des sous-échelles de langage, de motricité fine et motricité globale du R-PDQ serait une alternative possible au mode auto-administré pour dépister et pré-dépister les retards de développement chez les enfants.

Maternal bonding and stress are two factors that may interfere with child development and have short and long term consequences. Although perinatal stress has often been studied, several pre and postnatal potential confounders (such as paternal stress, antidepressant use, perinatal depression, etc.) have not always been adjusted for. Compared to infant attachment, less research has focused on maternal bonding, especially among women with a diagnosis of depression and/or anxiety and taking antidepressants. This research project aimed to study these two factors and their association with one year old child development, taking into account maternal mental health (with or without psychological disorders) and pharmacological treatments. In order to improve developmental screening, this thesis also assessed the telephone administration of pre-screening and screening instruments currently used. Within this thesis, four research projects were conducted, which objectives were: to determine the psychometric properties of the 4-item perceived stress scale (English and French versions) during pregnancy (first study); to assess the impact of prenatal maternal and postnatal parental stress on one year-old child development (second study); to estimate the association between maternal bonding and child development at one year of age, stratifying on maternal antidepressant use (third study); to evaluate the telephone administration of the 12-month Ages and Stages Questionnaire (ASQ) and the 9-24 month Revised Pre-screening Denver Questionnaire, two instruments used to screen and prescreen child development, respectively(fourth study). This thesis was part of a bigger project named ″The Organization of Teratology Information Specialists (OTIS) Antidepressant in Pregnancy cohort study″ and designed to evaluate the effect of antidepressant use during gestation on maternal behaviors during pregnancy, and on child cognitive and behavioral development. From 2006 to 2010, women were recruited during their first trimester of pregnancy (and followed until three years postpartum) through participating North American teratology information services, via the OTIS website, and from the Obstetrics and Gynecology Clinic of CHU Sainte-Justine, Montreal, Canada. Participants were eligible if they were: (a) at least 18 years of age; (b) no more than 14 completed weeks of pregnancy, where the beginning of pregnancy was defined as the first day of their last menstrual period; (c) taking antidepressants (for the user group) for at least the first day of gestation; (d) able to read and understand French or English. For the last three studies of this thesis, they have to live within 250 km radius from Montreal (to receive our psychometric home visit). In 2008, the assessment of maternal stress and maternal bonding were included in the OTIS study objectives. Thus, since 2008, every woman, recruited during the first trimester of pregnancy, completed data on stress and maternal bonding, and thus included in this thesis. Fathers of children were recruited at two months postpartum. Data were collected through telephone interview, self-administered questionnaires and during our home visit (children development assessment). For this thesis, participants were followed from the first trimester of pregnancy until one year postpartum. Our results suggest that the 4-item perceived stress scale is a reliable and valid tool for assessing maternal stress during pregnancy (for research purpose or clinicians). Maternal and paternal postnatal stress may be harmful for the motor and socio-emotional of one year old child development, respectively. However, prenatal maternal stress may improve motor skills. Optimal maternal bonding is likely to be beneficial with regards to child socio-emotional development, especially when the mothers are using antidepressants. Telephone-administration of the ASQ as well as the language, fine and gross motor scales of the R-PDQ could be good alternative to the self-administration mode. This could be of value when screening or pre-screening children development on large population or for research purpose.